La Turquie, un pays divisé

Cet article vient du journal turque Zaman, relayé par le Courrier international n°1302. Ecrit par Omer Taspinar, il revient sur les attentats qui ont récemment touché la Turquie. Il explique que ces événements résultent d’une situation de trouble social. Pour lui, ces clivages ont vu le jour à cause la politique mené par le président Erdogan et ont été accentués par l’action des médias et des réseaux sociaux.

Le 10 octobre dernier, un attentat a fait au moins 97 morts à Ankara. Il a touché majoritairement des manifestants pacifistes répondant à l’appel de partis de gauche militant contre les tensions entre turques et kurdes. Perpétré lors de ce rassemblement en faveur de la paix, cet attentat révèle l’instabilité sociale du pays ainsi que ses divisions ethniques, politiques et idéologiques. La capacité du pouvoir étatique à faire régner la sécurité est également remise en cause.

Selon l’auteur de l’article cette instabilité est due aux décisions de l’exécutif turque et en particulier de Recep Tayyip Erdogan, le président. En effet, ce dernier concentre grosso modo tous les pouvoirs. Il est donc le principal responsable des choix politiques qui ont mené aux attentats d’octobre d’après M. Taspinar. D’abord, c’est lui qui a favorisé un retour du nationalisme, favorisant alors une montée des tensions avec les minorités kurdes. Ensuite, c’est aussi lui qui a décidé de geler les relations avec la Syrie, acteur pourtant majeur de la lutte contre l’Etat islamique – la piste privilégiée selon les forces de police turque en ce qui concerne l’auteur de l’attentat. Tous ces choix ont été entérinés par l’entreprise d’Erdogan qui vise à réformer la constitution turque afin de créer un régime présidentiel qui renforcerait son pouvoir.

Enfin, la polarisation de la société turque a été aggravée par le rôle des médias et des réseaux sociaux. Ces derniers, absolument  subjectifs et partiaux contribuent au règne de la désinformation. L’opinion publique est alors divisée ce qui ne fait qu’accroître les tensions au sein du pays – mais aussi au Moyen-Orient voisin où Daech est alimenté par de nombreux djihadistes turques.

L’auteur conclut l’article en espérant voir l’arrivée de nouveaux dirigeants aux prochaines législatives. Il espère qu’alors la fin de la politique étatique sera l’intérêt général et non celui d’un seul homme.

4 thoughts on “La Turquie, un pays divisé

  1. Que penses-tu du fait que Erdogan ait été réélu en Turquie ? As-tu entendu parler du projet “Superprésidence” qu’il veut mettre en œuvre dans son pays ?

  2. Je trouve l’article très juste, pourquoi le président turc décide d’attaquer les kurdes au lieu de combattre les terroristes?

  3. Comme de nombreux hommes politiques, M. Erdogan est fasciné par le pouvoir. Il en désire sans cesse davantage. En ayant été réélu aux dernières législatives je crois qu’il va pouvoir mettre en place le renforcement constitutionnelle du pouvoir exécutif, donc de son rôle. Il s’agit bien ici de “superprésidence” et par extension d’un véritable problème démocratique pour la Turquie.
    Sa réélection a été permise par la mise en échec du parti kurde. Mise en échec qu’il a privilégié à la lutte contre le terrorisme. Il avait besoin de monter le peuple contre les kurdes ou du moins de stigmatiser ces derniers pour assurer sa victoire. Voilà pourquoi la lutte contre l’EI est passé au second plan.
    La Turquie ne fait pas partie de l’UE. Si un processus d’adhésion est en cours, il est quasiment au point mort. Même si la Turquie est un pays voisin de l’Europe avec qui elle partage des intérêts communs (la Turquie est membre de l’Otan, certains réfugiés transitent par la Turquie, elle est très touchée par l’EI), la Turquie est la totale détentrice de sa souveraineté et aucune institution extérieure n’a la légitimité pour s’immiscer dans le processus démocratique turque.

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