Sea Sheperd expose des cadavres de dauphins pour dénoncer leurs captures accidentelles par les pêcheurs.

Dauphin mort exposé par l’ONG Sea Shepherd, sur le port La Rochelle. / © Pierre Lahaye – France Télévisions

En janvier et février 2020, l’ONG Sea Sheperd, dédiée à la protection de la biodiversité et en particulier des écosystèmes marins, a exposé plusieurs dauphins morts à l’entrée des marchés, sur les ports, et même devant la Tour Eiffel à Paris.

Ces actions choc ont été notamment organisées à Nantes, aux Sables d’Olonne, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (en Vendée), à La Rochelle et à Paris. “L’objectif est de montrer au public ce qui se passe dans le Golfe de Gascogne. Le dauphin est une espèce protégée mais cela n’empêche pas le massacre”, explique Lamya Essemlali, présidente de Sea Sheperd France (francebleu.fr). En effet, 11 300 dauphins ont été tués sur la façade atlantique en 2019 et retrouvés échoués sur les plages, souvent dépecés. Le taux de mortalité lié aux activités humaines de ces dauphins dépasse 1,7%, ce qui n’est pas soutenable pour une population de petits cétacés d’après plusieurs organisations internationales telle que la Commission Baleinière Internationale (france3-regions.francetvinfo.fr).

Les dépouilles de ces cétacés présentent des traces de capture comme des coupures faites par les mailles des filets, ce qui prouve la responsabilité des pêcheurs. L’ONG réclame donc l’interdiction de la pêche non sélective à cause de laquelle les dauphins se retrouvent piégés dans les chaluts et les filets de pêche ainsi que l’installation de caméras sur les bateaux pour identifier les responsables (reporterre.net). Malheureusement, cette dernière requête qui impliquerait pourtant une meilleure transparence est toujours rejetée par les pêcheurs.

Cette opération de sensibilisation qui se voulait provocante s’adresse directement aux consommateurs : “Des milliers de dauphins sont massacrés chaque année pour que vous mangiez du poisson”, dénoncent les membres de Sea Sheperd. Comme escompté, l’exposition de cadavres de cétacés à la vue de tous a provoqué de réelles réactions chez les passants. En effet, beaucoup d’entre eux ont déclaré être très touchés et choqués, certains pensant même qu’il s’agissait de faux dauphins selon Lamya Essemlali.

Dauphin mutilé avec l’inscription “Sea Shepherd Fuck”, gravée au couteau / © Sea Shepherd – France 3

Cependant, elle a eu des conséquences juridiques : des militants sont poursuivis pour « détention et transport illégal d’espèce protégée » et risquent une peine maximale de trois ans de prison et 150 000 euros d’amende. De plus, les pêcheurs ont mené des représailles contre l’association. Par exemple, un dauphin mutilé avec l’inscription « Sea Sheperd fuck » gravée au couteau a été retrouvé sur une plage de Vendée le 29 janvier. Cet acte de cruauté illustre le conflit entre les objectifs de protection de la faune marine de l’ONG et les intérêts des pêcheurs.

Malgré tout, l’association ne se laisse pas intimider, les militants affirmant être “prêts à aller en prison s’il le faut pour continuer à alerter le grand public sur l’hécatombe qui a lieu en France” (reporterre.net). Enfin, l’ONG mène depuis décembre 2019 une mission dans le Golfe de Gascogne pour l’opération Dolphin Bycatch qui consiste à identifier les bateaux responsables des captures de dauphins afin de mettre en place des mesures de protection. Mais certains pêcheurs supportent mal cette présence ainsi que le fait d’être observés et filmés dans leur travail : “Les réactions sont de plus en plus violentes, il y a de plus en plus de pression, confirme Thomas Le Coz, capitaine de bateau pour Sea Sheperd, avec des insultes, des jets de projectiles quand on s’approche”. L’ONG a d’ailleurs porté plainte suite à ces menaces.