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Classé dans (Correspondance) par Agnès Dibot le 17-10-2014

Maleyni se demandait hier pour quelle raison (crime de lèse-majesté !) j’avais classé son article dans la rubrique “brèves de comptoir” : eh bien, parce que, comment dire, cet article si bien pensant sur le statut de la femme rêvée comme femme au foyer, épouse et mère modèle me semblait mériter sa place au Panthéon de la petite phrase formulée par inadvertance, au hasard de la conversation, sans réelle réfleion… Mais non point, que nenni : Maleyni pense vraiment que la place de la femme est au centre du foyer, et auprès des enfants. Quand celle de l’homme est à l’extérieur.

Grand moment de solitude hier, en séance media, quand il a fallu s’exprimer dans le cadre du débat sur la place de la femme (y avait-il matière à débattre ? Cette idée semble une régression : mais ce n’est pas fini…) : il s’avère que deux de nos journalistes en herbe, deux garçons (évidemment) soutiennent cette idée, selon laquelle l’homme travaille, représente l’autorité (“vous serez d’accord avec moi, M’Dame, que quand le père élève la voix, cela a plus de poids que quand c’est la mère !”), pendant que la femme l’attend en s’offrant une manucure, une après-midi shopping chez Hermès et Chanel, accompagne une amie au cinéma, pour voir le dernier Lelouch (ou le dernier Almodovar), avant de rentrer à la maison se plonger dans les délices d’un bon bain et d’une bonne lecture.

Ah non : cela ne marche pas comme ça, la femme au foyer ! Tatata : au paradis de la femme au foyer règnent l’aspirateur, les gants Mappa, la sortie d’école, les supermarchés, les séries télé : le shopping se cantonne au rayon fruits et légumes du supermarché le plus proche. Môssieur ramène l’argent à la maison, mais dans la vraie vie de nos zélèves, la mère au foyer a quand même un job à temps complet. On avait oublié les zenfants !

Donc, libération de la femme ? Haussement de sourcil de Maleyni, haussement de sourcil de Kinay : oui, oui, la femme peut trouver un travail, un loisir, pour s’occuper (!!), s’ouvrir l’esprit, rencontrer des gens… Après sa journée de farniente… Ou pendant que les zenfants se préparent un avenir en rose et bleu à l’école : les garçons feront des études et les filles… Ah, les filles aussi ? Mais pour préparer quel avenir ? Un avenir de mère au foyer ?

Crispation dans les rangs : notre horde de blondinettes et brunettes trépigne d’impatience, voire d’agacement : quand l’expression “chef de famille” est lancée, c’est un déchaînement de protestations… Enfin ! “Enfin, vous serez d’accord, M’Dame : l’homme, c’est le chef de famille !”

– Mais si tu dis “chef de famille”, tu sous-entend qu’i n’y a pas égalité dans le couple, qu’il y en a un qui est supérieur à l’autre, ose Amélie.

Ca donne à réfléchir, n’est-ce pas ?

Sur ce, récréation… Et, magie du fort à propos, pendant la récréation, Lucile évoque le petit précis à l’usage des épouses et mères de famille, dédicacé à sa grand-mère en… 1941, cadeau d’anniversaire pour ses 20 ans : un bijou, ce petit livre fleurant bon la morale “travail-famille-patrie”, dans lequel on trouve des sujets de réflexion sur la (bonne) place de la femme au centre du foyer, qu’elle illumine par sa dévotion au bien-être de l’époux et des zenfants.

Qui a dit que l’égalité des sexes était un combat gagné ?