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Classé dans (Je suis Charlie) par Agnès Dibot le 21-02-2017

Évangile de Luc, 6, 41 : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ! “

(La parabole de la paille et de la poutre par Domenico Fetti)

Diantre, fichtre, ciel ! Mais qu’arrive-t-il à notre Torchon laïque ? Voilà qu’on y cite les Evangiles, à présent ? T’endez, t’endez… Patience… Cette parabole, il faudrait aujourd’hui la prendre à l’envers : je m’en explique. Voici peu, j’avais rédigé dans ces colonnes mes doléances au sujet de mes zados, mes zélèves, à qui je reprochais de ne pas savoir suivre un film (La Vague, pour celles et ceux de nos zinternautes qui suivent) sans bavarder…

Je voyais la paille dans mon œil (d’où la parabole à considérer à l’envers). Je n’avais pas vu la poutre dans l’œil de mes voisins.  Je m’explique : mes zélèves sont bavards quand ils regardent un film, certes : et encore, il semblerait que je mette le curseur tolérance aux bavardages proche du zéro… Donc, mes zélèves seraient bavards, et je serais, en vieillissant, devenue intolérante au bruitage de bouche (“On parle pas, M’Dame !”).

Aujourd’hui, j’ai choisi d’emmener mes zados perso (par opposition aux zados boulot, toujours pour celles et ceux de nos zinternautes qui suivent) au cinéma, voir le film Un sac de billes, adapté du roman de Joseph Joffo.

Résultat d’images pour affiche film un sac de billes

A Châtellerault, au Loft : salle vide à notre arrivée, mais notre tranquillité fut de courte durée. La porte s’est ouverte peu après que mes zados eurent ouvert leurs sachets de bonbons et leur boisson favorite, sur une fratrie gouaillante : “P… on a une salle de M… !” qui, sans se préoccuper de saluer qui que ce soit, s’est installée devant nous. Jusque là, rien de trop choquant. Non ? Les pieds sur les fauteuils de devant ? Non plus ? Soit. Mes pauvres zados persos n’ont pas intérêt, eux, à tenter un seul orteil sur les fauteuils de devant, mais chacun sa méthode éducative… Là où le bât m’a blessée, c’est quand la jeune ado, aînée de la fratrie (la plus haute de taille), a renchéri par un tonitruant : “Salle de M… Déjà qu’y a rien à faire à Châtellerault, ville de M…”. A sa mère qui tentait (mollement ?) de la faire taire, la gracieuse jeune demoiselle a répondu : “Déjà, si on virait tous les immeubles des Noirs, ça irait mieux”…

Nous sommes d’accord ? On peut être choqués d’un tel propos ? Son voisin (frère ? Copain ?) a tenté une réponse nuancée : “Laisse les Noirs, tu veux”. Réponse couperet : “Je n’ai aucun problème avec ce que je dis !”. Ah non, elle avait bel et bien dit ce qu’elle pensait.

Je me suis demandé dans quel collège de la ville cette jeune fille était inscrite. Pas le nôtre. Dans notre collège, ce genre de propos n’existe pas. Je n’ai donc plus mal à mes zados, finalement : ce que j’avais dans l’œil, l’autre jour, n’était qu’une paille, en comparaison de la poutre dans celui de mes collègues qui ont à instruire cette demoiselle-ci (ou de sa mère, peut-être ?)

Qu’a bien pu comprendre cette ado du magnifique film que nous avons vu cet après-midi ? Assurément rien. Mes zados boulot auront le bonheur de le voir dès la semaine de la rentrée : en silence 😉 par respect pour les autres spectateurs.