Juin
24
Classé dans (Atelier Philo, Pink Paillettes) par Agnès Dibot le 24-06-2012

Le n°14 de Pink Paillettes est prêt : grâce à Océane Miss Glamour et Alyssia, qui ont saisi les textes, nos quatre pages sont bouclées ! Vous aurez le loisir de découvrir ce numéro spécial “être ou paraître” le jour du brevet des collèges : ce sera notre cadeau…

Si j’avais réussi à insérer ici le fichier PDF des quatre pages, ou à insérer sous format jpeg les quatre pages (et non pas uniquement la Une !), vous pourriez déjà le lire… Monsieur Big Administrator saurait-il m’aider ????  Mes compétences en informatique sont vraiment limitées…

En attendant, chères zélèves, révisez sagement vos règles d’orthographe : d’où je vous écris (au bord de la mer, dans un camping), ma petite voisine de mobilhome révise activement pour son brevet : hier, après la plage, c’était dictée ! A l’apéritif, révision des règles d’accord du participe passé avec ou sans auxiliaire… Cela m’a amusée, je vous imagine mal (pourquoi ?) passer un week-end aussi studieux, mais je peux me tromper… 😉

Bon courage à toutes !

PS :  Et voici la version pdf tant désirée  : https://blogpeda.ac-poitiers.fr/coll-sand-media/files/2012/06/pink-paillettes-14-philo.pdf

Avr
05

Séance frissons à l’atelier philo ce jour : on aborde un thème cher à la philosophie, et donc à nos petits (et grands) philosophes : la mort.

Lenny, Thomas, Alexandre, Nicolas et Julien sont parés pour la grande interrogation, le Graal de l’humanité : “pourquoi la mort nous fait-elle vivre ?”

Non, la philosophie du jeudi, ce n’est pas tiré par les cheveux, vous allez voir… Lisez. Notre philosophe débute la séance en nous rappelant l’anecdote de Bergson : ce soldat qui, parce qu’il croit qui’l sera fusillé dans les secondes qui suivent, voit sa vie défiler à la recherche d’un indice lui apportant une solution à son problème. En vain : il va mourir. Son problème est insoluble.

Philosophe : Qu’évoque, pour vous, le mot “mort” ?

Nicolas : La fin.

A. Dibot : La peur. Et l’injustice de mourir quand les autres continuent à vivre.

Philosophe : On peut se rassurer en posant une définition scientifique : la mort est l’arrêt de l’organisme, du coeur… mais, en tant qu’êtres humains, qu’évoque pour vous l’idée de la mort ?

SILENCE… De mort…

L. Mastorgio : L’hypothèse spirituelle d’une vie après la mort est rassurante. La mort ne serait qu’un début.

Philosophe : Oui, parce que la mort sans cette hypothèse est une émotion triste.

Nicolas : On ne sait pas ce qui va se passer après.

Philosophe : On a peur face à l’inconnu. On a peur de ce qu’on ne connaît pas. Quelles solutions avons-nous pour contrer cette peur ?

Lenny : Le paradis ? L’enfer ?

Philosophe : C’est une notion religieuse. Les philosophes détruisent cette notion de paradis : démonstration. Tel que nous le concevons, le paradis est crée à partir d’éléments que nous connaissons, un jardin, des fruits, les autres hommes. Le bonheur. Les dieux. Ou le Dieu. Mais cette notion ne tient pas la route, si nous retrouvons tout ce qu’on connaît, notamment les hommes !  L’après-mort est une transposition de ce qu’on connaît du monde vivant. On a construit un inconnu à partir de ce qu’on connaît. Cela n’est pas définir l’inconnu.Dans la représentation populaire, le Dieu est un homme parfait, il a des qualités humaines.

Lenny : Plus la puissance.

Nicolas : Plus l’immortalité.

L. Mastorgio : Pire : l’éternité. Reprenez votre programme de sixième : les dieux grecs y figurent comme ayant autant de défauts que les hommes, ils sont menteurs, trompeurs, jaloux…

Philosophe : L’inconnu demeure pour ceux qui n’ont pas la foi. Est-ce négatif ? Positif ?

Lenny : C’est péjoratif.

Nicolas : Ou positif, on ne sait pas.

Philosophe : Soyez sages, laissez de côté l’après-mort. Considérez en quoi elle peut être positive.

Lenny : Quand on meurt, on est libre.

A. Dibot : On est libre, parce que mortel. On vit le jour comme s’il était le dernier car on a la conviction qu’on va mourir.

Lenny : Ca nous permet de savourer le moment présent.

A. Dibot : Et de faire des choix.

Philosophe : Oui, on construit sa vie. Imaginez qu’on soit immortel.

Nicolas : On ne s’occuperait pas de faire les choses, on les remettrait au lendemain.

Philosophe : Oui, c’est le syndrome du parisien et de la Tour Eiffel : il reporte sa visite car il a le temps d’aller la voir. Il ne la visite jamais.

Julien : ca nous lasserait.

L. Masotrgio : Desproges disait : “l’éternité, c’est long, surtout vers la fin”.

Thomas et Alexandre (les grands esprits se rencontrent !) : Ce serait le Chaos.

Philosophe : On se sentirait tout puissant.

Nicolas : On ne pourrait pas imposer une loi.

L. Mastorgio : Chaque moment d’existence sert à préparer le suivant.

Philosophe : L’existence est un rêve limité : par la naissance, et par la mort. Le sage accepte la mort.

Ceci dit, assez bavardé : lisons Heidegger, le plus jeune des philosophes rencontré depuis l’inauguration de cet atelier, puisqu’il a vécu au 20ème siècle. Selon Heidegger, nous sommes des “étant”. Nous sommes “en train d’être”, “être-pour-la-mort”. Complexe, Heidegger ?? Un chouillas… Il envisage la mort comme une dette : pour vivre, il faut accepetr de mourir. Nous sommes donc un “être-pour-la-fin”.

L. Mastorgio : Nous contenons en nous notre propre mort.

Philosophe : L’homme est déterminé par le fait qu’il va mourir. A la différence de l’animal, qui se cache pour mourir.

A. Dibot et L. Mastorgio (décidément, les grands esprits se seront rencontrés) : Comme dans le film coréen (japonais ?) La ballade de Narayama : ce sont les vieillards qui, sentant la mort approcher, quittent les hommes et vont mourir, seuls, sur la montagne.

Philosophe : A votre âge, à 13 ans on n’est pas préoccupé par notre propre mort. Vous verrez, en mûrissant, cette question va prendre plus de poids  en se posant à vous. Leibnitz (un autre philosophe) disait s’étonner chaque matin de trouver quelque chose, et non du vide, dans l’existence.

A. Dibot : On pense toujours que la mort concerne les autres.

Philosophe : Oui, on dit “cela n’arrive qu’aux autres”. Heidegger dit : “on meurt”. Mais qui est “on” ? Etymologie du mot, dictionnaire : le pronom impersonnel “on” vient du latin “homo” : l’homme. Démonstration faite : ON est JE. On fuit la réalité désagréable de notre mort, on la rejette.

A. Dibot : On utilise souvent des euphémismes pour éviter de prononcer ce mot : “un tel est parti, nous a quitté, a disparu”, pour ne pas dire “un tel est mort”.

Philosophe : On atténue le sens de cette réalité. On fuit la mort au maximum. Sortez de ce “on” : assumez : dites “je vais mourir”.

Lenny : Tout le monde meurt ! Même moi…

Philosophe : La mort, c’est la fin, c’est la fin de “ma vie”. L’homme fuit cette réalité en se réfugiant dans le quotidien, les rituels quotidiens. On vient du néant, on s’oriente vers le néant : cela nous angoisse. Pourtant, la mort nous concerne et fait qu’on est ce qu’on est.

Thomas : peut-être sommes-nous, maintenant, morts et en train de rêver, ce serait notre mémoire qui défilerait devant nous ?

Philosophe : Cela ferait une très bonne idée de film !

Nous nous quittons sur cette idée : Thomas pourra la breveter.

Mar
29

Thomas,Lenny, Nicolas et Alexandre sont fidèles pour cette nouvelle séance d’atelier philo : Freud, Platon et Spinoza n’ont qu’à bien se tenir !

Lenny nous rappelle la notion de déterminisme (lire l’article de la semaine dernière) et le battle Rousseau-Spinoza. mais si, le déterminisme par lequel l’homme serait gouverné (souvenez-vous : il subit l’influence de son milieu et de son éducation : nous-mêmes, nés à une autre époque, ou dans un autre milieu, nous aurions fait d’autres choix). L’être humain pense être libre de ses choix… Mais est influencé.

Notre philosophe nous donne à lire un court texte : le mythe de  L’anneau de Gygès, raconté par Platon (philosophe grec – 400 avant JC). Gygès se trouve en possession d’une bague (volée sur un cadavre !) mystérieuse qui lui donne le pouvoir d’être invisible quand il le souhaite. Gygès use de ce pouvoir pour séduire la reine, tuer le roi et s’emparer du trône.

Philosophe : Que nous dit cette hitoire ?

Thomas : Gygès profite de son pouvoir d’invisibilité pour faire n’importe quoi. Il fait le mal : il envie le roi, séduit sa femme et le tue. Il fait du mal.

Philosophe : Si vous étiez en possession de cet anneau (non, il n’existe pas : c’est l’intérêt du mythe… et de la philosophie !), que feriez-vous ?

Lenny : Honnêtement ? Je me nourrirais dans un magasin ! Je ferais ce que je voudrais.

Philosophe : Oui, nous serions dans la liberté totale.

Alexandre : Infinie.

Lenny : On choisirait de faire le mal…

Philosophe :  Gygès va plus loin que nous dans l’expression du mal : iriez-vous jusque là ?

Notre philosophe nous fait réfléchir sur la notion de mal absolu : avec un M majuscule. Qu’est-ce qui nous arrêterait avant le crime, avant le vol ? Pas de contrainte, pas de risque d’être pris, pas de risque de punition.

Lenny : L’éducation peut-être ? Ce n’est pas bien, de tuer.

Philosophe : Qu’est-ce qui vous empêcherait de tuer ?

Thomas : La conscience ?

Et voilà : gagné : la conscience, la morale : la conscience du mal et du bien. Les animaux n’ont pas de morale : l’humain dispose d’une morale, d’une conscience plus élevée que l’instinct animal. Et quelle que soit notre origine, notre culture, notre pays, notre milieu, elle est la même !

Et l’on apprend que cette morale universelle est née des premières religions qui, pour “acheter” une paix sociale (disons clairement, pour éviter le meurtre et l’inceste) ont bâti ces lois morales : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas envier ce que possède autrui, ne pas convoiter la femme de son voisin… Ces règles viennent donc des temps anciens ! A une époque où les religions étaient très développées. Même athées nous respectons ces règles.

C’est donc un sentiment de culpabilité qui nous empêcherait, si nous possédions cet anneau (personnellement, je n’aurais pas été détrousser un cadavre pour lui voler son anneau : Gygès était, à mon sens, déjà enclin à pencher du mauvais côté..) de faire le mal. Nous céderions aux valeurs morales enseignées par nos parents.

Chez Freud (un psychanalyste du XXème siècle), cette petite voix qui nous rappelle à l’ordre quand la tentation du mal nous prend s’appelle le sur-moi.

Ayant pitié de nos lecteurs, nous reproduisons ici, en substance, le schéma de M. Santa Cruz (qui n’est pas pro en dessin mais il ne peut pas non plus avoir toutes les qualités..) : voyez le CA et le SURMOI : ces deux-là bataillent entre eux, nous assaillent de leur petite voix : “fais cela” “non, ne le fais pas, ce n’est pas bien”.

A. Dibot : Attention, il ne faudrait pas confondre le CA et le mal et le Surmoi et le bien : on peut céder au plaisir, à la gourmandise, à l’envie de faire la fête, il n’y a pas là danger de mort. Le mal absolu n’est pas là.

M. Mastorgio :  Faites-vous des rêves ? Freud appelle le rêve “la théorie de la salle de bal”  : le “surmoi” s’endort et permet à notre “ça” de s’exprimer.

Philosophe : Nos rêves sont, pour Freud, des illustrations de ce que notre “ça” ne peut pas faire car notre “surmoi”, au quotidien, nous en empêche. Le réel s’est endormi, le “ça” est toujours en éveil. Rêver, c’est fantasmer.

Lenny : Et quand on refait le même rêve, plusieurs fois ?

Philosophe : Le “ça” veut nous dire quelque chose, que, parfois, on ne comprend pas. 

M. Mastorgio : Les films sont truffés de références au rêve : par exemple, dans Matrix, on lit de multiples références au rêve. A la fin du I, d’ailleurs, un personnage est Freud : il  a sa barbe, son visage, c’est une référence explicite.

Philosophe : Idem pour le film Inception.

Lenny : Et quand on rêve de notre mort ? (Lenny, sans le savoir, aborde là le thème du prochain Atelier Philo !)

Philosophe : C’est la pire des situations, que le “surmoi” ne peut tolérer : on se réveille avant de vivre notre propre mort. Un philosophe, Bergson, explique que chaque mourant voit sa vie défiler, car il recherche dans ses souvenirs un indice pour se tirer de cette mauvaise situation, sans le trouver, évidemment… Les témoignages de personnes ayant frôlé la mort concordent : on verrait notre vie défiler… Face à la mort, l’esprit parcourt notre mémoire à la recherche de ce qui pourrait résoudre la situation : mais rien ne peut nous aider !

L. Mastorgio : La conscience refuse l’idée de mort.

Et voilà, transition vers la prochaine séance !

 

Mar
22
Classé dans (Atelier Philo) par la Vieille Garde le 22-03-2012

La liberté ne serait-elle qu’une illusion, un rêve? Fichtre, voilà une question digne de celle que le chat posait à cette pauvre Alice, de l’autre côté du miroir. Tout découle de cette cruciale question: “choisissons-nous véritablement ce que nous faisons? Tout à trac le jeune Lenny nous répond que oui, ainsi, le naïf, reconnait devant ses professeurs qu’après être rentré chez lui, après avoir fait ses devoirs, ouf, il regardera la télévision. Cependant, ce goût pour la télévision, pour telle ou telle couleur, tel ou tel vêtement, ne serait-il pas plutôt le résultat d’une initiation, d’une influence qui nous viendrait, à notre insue, de ce qui nous fut transmis par nos parents? Nous penserions ainsi aimer telle ou telle chose, vouloir agir ainsi ou comme cela, nous croyant seuls maîtres de nos destins, capitaines de nos âmes, et nous ne serions in fine que les fruits d’un déterminisme, représentants de l’influence durable de nos milieux respectifs. Il faut en effet reconnaître que, par exemple, lors de l’adolescence, on souhaite s’affranchir des règles et de l’autorité des parents, on en vient à souhaiter, à vivre, une rupture avec eux. Mais, si je choisis, demain, de devenir “gothique”, sachant que cela horripilera ma mère, qui ne jure que par le rose à paillettes,  je vais devoir me soumettre aux règles vestimentaires du mouvement gothique, ma quête de liberté n’en devient donc que plus illusoire, puisque pour tenter de me libérer je dois suivre des règles. Déception.

C’est alors que nous entreprîmes la lecture d’un texte de Spinoza (1632-1677), philosophe extrêmement marquant, capable par sa pensée de pousser à une révision de toute  la philosophie, rien de moins. Pour lui, nous sommes donc déterminés, nous avons subi un mouvement initial, comme si nous étions une pierre jetée au loin par une main inconnue, qui nous insuffle, voire nous impose,  une manière de faire, de vivre. Il s’oppose donc à Rousseau qui pense, lui, que l’Homme, à la différence de l’animal, n’est pas soumis à son instinct, mais réfléchit et opère des choix conscients.

Fuse alors cette nouvelle et essentielle question, pour tous les individus qui philosophent ensemble salle 305, posée par le pertinent Vincent: “êtes-vous rousseauiste ou spinoziste?”

Lenny est foncièrement rousseauiste, Alexandre pencherait plus pour Spinoza, Vincent lui est totalement spinoziste. Cependant, est soulevé le problème, à l’instar de ce que fit Sartre, de savoir si, étant déterminés, nous nous trouvons encore responsables de nos actes?! Si je suis déterminé, par mon milieu, mon éducation, ma religion etc, on peut dire que je ne suis pas responsable de ce que je fais, déterminé que je suis, il est impossible que j’agisse autrement que de la manière dont j’agis. Imaginons alors un criminel usant de cet argument pour sa défense… d’où le fait que dans certains cas des psychiatres soient précisément amenés à déterminer si tel ou tel suspect se trouvait maître de ses facultés et capable de décider, s’il peut être considéré responsable de ses actes.

Pour conclure, il est très nettement apparu qu’être totalement spinoziste ou rousseauiste conduisait à une forme de radicalisme qui n’est pas une bonne chose, il nous faudrait donc parvenir, en nos vies, à faire cohabiter, harmonieusement, les préceptes de ces deux grands penseurs, vaste programme, oeuvre d’une vie. 

Mar
18
Classé dans (Atelier Philo) par la Vieille Garde le 18-03-2012

Séance exclusivement masculine ce jeudi, salle 305, en raison de l’absence de notre muse à tous.

M. Santa Cruz après avoir sollicité un rappel des notions vues jusqu’alors, ce dont s’acquitta fort bien le jeune Chassagne, alias Vincent, le premier nous conduisit, logiquement, vers une interrogation faisant suite au travail de la précédente séance, qui mettait en avant l’intelligence et l’instinct. Il nous fallait en effet parler de la liberté.

Pour cela, nous procédâmes à la lecture silencieuse d’abord, puis analytique ensuite, d’un court texte qui était la version romancée de la fable du loup et du chien, de la Fontaine. Ce fut l’occasion d’un questionnement fécond duquel émergèrent principalement des questions, à croire qu’en philo il n’ya jamais de réponse! Quelles sont les limites de la liberté, jusqu’où sommes nous prêts à aller afin de préserver notre liberté, ou ce que nous considérons être notre liberté? Après avoir vu que la liberté ne peut finalement exister que lorsque les règles elles aussi existent, il nous fallut bien reconnaître que la liberté totale semble être du domaine de l’illusion, fichtre, nous ne serions pas libres et n’aurions que l’illusion d’une liberté! En même temps, cela serait heureux, sans quoi nous sombrerions dans l’anarchie la plus totale.

Même ce pauvre Robinson, seul sur son île n’est pas libre, en dépit des apparences, obligé qu’il est de tout faire par lui même afin d’assurer sa survie, car la notion de liberté ne peut se construire que par la relation à autrui, ainsi, sans société, pas de liberté possible. Or, il semblerait que la vie en société soit d’abord, dans le cas qui nous intéresse, caractérisée par l’existence du travail. Dès que nous nous levons, nous explique monsieur Santa Cruz, nous sommes en contact avec les autres, car, ni mon lit, ni mon oreiller, ni mon bol, ni mon litre de lait etc etc, ne sont fabriqués par moi, tout me provient d’un échange avec autrui. Quand on y pense…

C’est pourquoi l’obligation scolaire vue comme une privation de liberté est en fait la condition sine qua non pour parvenir à la liberté, car l’école permet l’acquisition d’un savoir qui rendra, par la suite, libre, celui qui le détient.

Au final, en partant, nous retenions qu’il ne peut y  avoir de liberté sans règles et qu’il ne peut y avoir de liberté sans connaissances et ce que l’on croit être la liberté totale serait en fait la privation de liberté. Se posait donc la nouvelle question de ce à quoi nous voulions bien renoncer, afin de préserver notre liberté, objet ne notre prochaine réflexion hebdomadaire. 

Fév
25
Classé dans (Atelier Philo) par la Vieille Garde le 25-02-2012

En ce jeudi philosophique, passation de plume, secrétariat assuré par la Vieille Garde. Notre réflexion de ce jour débute par la distribution d’un curieux questionnaire où il nous faut lister les avantages et les inconvénients que peuvent avoir les statuts respectifs d’Homme et d’animal. Après quelques minutes d’une silencieuse réflexion, il faut bien se lancer et avancer les arguments qui plaident en faveur ou défaveur des uns et des autres.

La chose est complexe, car on découvre vite que si l’animal a des capacités physiques supérieures c’est qu’il lui faut en user pour se protéger ou fuir. Ainsi, l’avantage pourrait bien dissimuler un inconvénient, fichtre, ce n’est donc pas si simple. Abordant le domaine des motivations, nous nous rendons compte que lorsque l’animal tue, c’est par nécessité alimentaire, en revanche, l’Homme, dans le cas des meurtres ou des conflits ne le fait que pour des raisons fort peu valables, ces dernières pouvant même refléter un désordre psychologique certain.

De cette remarque découle l’idée que l’Homme est libre de ses actes, de choisir de faire le bien ou le mal, alors que l’animal se contente d’agir en fonction de son instinct. Certes, mais ne pas penser peut-il véritablement s’avérer être un avantage? Oh, que philosopher s’avère complexe, une question apporte une solution, du moins le croit-on, mais cette apparente solution ne fait que poser une question plus complexe, nous devons aller à chaque fois en profondeur et découvrir des arguments afin d’exposer nos idées. Nous parvenons à nous accorder sur le fait que, l’animal naissant en sachant ce qu’il doit faire n’est donc pas libre de choisir, n’est donc pas libre, ne pense donc pas au sens où il ne raisonne pas, à la différence de l’Homme qui, pour faire face à des conditions difficiles, doit réfléchir et trouver des solutions, afin de savoir nager, afin de se protéger contre le froid, etc, alors que l’animal, adapté à son biotope et doté de son instinct, n’a pas à se poser toutes ces questions.

Il semble aussi que l’animal, à la différence de l’Homme, ne puisse en aucun cas s’ennuyer, cette notion lui est étrangère, tout comme à nous en philo! De la même manière, l’animal ne conçoit pas l’idée de mort, alors que, pour l’Homme, elle est soumise à bien des questions, la preuve dans notre groupe de ce jour où deux idées se font face: il serait bien de savoir le moment de sa future mort/ il ne faut surtout pas savoir cela. Cette réflexion pourrait d’ailleurs devenir un de nos futurs thèmes…

Pour finir nous lisons un texte de Rousseau,  il y compare l’Homme et l’animal. Pour lui, les deux ont un instinct, mais l’Homme a seul la capacité de refuser d’obéire à ce dernier si, à la suite d’un raisonnement, il en décide ainsi. Le maître mot de la réflexion serait donc que l’Homme, à la différence de l’animal, est libre. Attention, une liberté fondamentale, qui reste soumise à des règles, à des lois et qui ne signifie pas faire n’importe quoi. Ainsi, au cours de notre débat avions-nous réussi à faire apparaître des arguments et des notions qui furent, au temps des Lumières, mises en avant par un grand philosophe Français d’adoption et Suisse de naissance. Comme l’aurait dit le Cid “aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années”.

Fév
04
Classé dans (Atelier Philo) par Agnès Dibot le 04-02-2012

Amis philoZophes, bonjour,

Jeudi 2 février, seconde séance de l’Atelier Philo : pas de crêpes au menu en ce jour de Chandeleur, mais Pascal, Diogène, Descartes et Lacan !

Pour cette seconde séance, on prend les mêmes (ou presque) et on recommence : alors, le bonheur, que peut-on (que veut-on) encore en dire ?

C’est Laura qui se lance : Pour moi, ce n’est pas une sensation car, si on décompose le mot, on obtient “bonne heure“, donc le bonheur ne serait qu’un bon moment que l’on passe.

M. Santa Cruz, notre philoZophe, précise que décomposer un mot est très “lacanien” (Lacan est un philoZophe) : on le croira sur parole !

M. Mastorgio, animé d’une volonté de mettre son grain de sel lacanien, renchérit : Le “senti”  “ment” : la perception que l’on a des choses est mensongère.

PhiloZophe : C’est Descartes qui dit que la perception que l’on a  des choses est mensongère. Prenez l’exemple du bâton que vous plongez dans l’eau : notre vue le perçoit cassé, sa ligne est brisée par l’eau. Pour autant, votre bâton est-il brisé ? Non : vous le voyez brisé, mais il est resté droit. Donc, nos sens peuvent nous tromper.

Notre philoZophe profite de son petit effet sur l’assemblée (et du temps que je mets, pour ma part, à me représenter mentalement la ligne du bâton brisée : ce n’est pas Descartes qui va m’empêcher de continuer à me fier à mes sens, non mais…) pour nous offrir la lecture d’un récit de l’Antiquité : c’est l’histoire de Diogène dans son tonneau.

Vous savez, Diogène, ce philoZophe de l’Antiquité, (surnommé Diogène le Cynique) connu pour avoir choisi de renoncer aux biens matériels et de vivre en ermite ?  Le bref récit proposé par notre PhiloZophe en titre est le suivant :  un riche marchand passe aux côtés de Diogène et lui fait l’aumône. Diogène lui demande s’il a encore d’autres bourses remplies d’or, comme celle qu’il lui offre. Le marchand, étonnée, répond par l’affirmative. Diogène lui demande s’il souhaiterait en avoir encore et encore, toujours plus d’or. Le marchand répond, cette fois encore, par l’affirmative. Diogène refuse alors la bourse remplie d’or en disant au marchand : “Garde-la, tu en as plus besoin que moi.”

Sage Diogène qui renonce aux biens matériels et à la volonté d’avoir toujours plus !

Mégane conclut : Le bonheur n’est pas dans l’acquisition de biens matériels. (Mégane n’ayant pas assisté à la première séance, elle ignore que l’on a déjà abordé ce point).

Vincent tente une analyse : On a dit l’autre jour que le bonheur est un état complet (Vicent a retenu la leçon de philoZophie n°1 !). Or, le marchand veut toujours plus. Donc, le marchand n’est pas heureux.

PhiloZophe : Le marchand est soumis au besoin. Il veut le superflu, le superficiel.

Laura : On en revient à la notion de “bonne heure” : le marchand, en espérant davantage, n’est pas heureux au moment présent.

PhiloZophe : Et voilà ! Le marchand se projette dans le futur, en espérant plus. Peut-on être heureux si on recherche la satisfaction dans l’avenir ? L’humain a toujours la tête orientée vers l’avenir. On se réfère à ce qui va se passer plus tard (futur) ou à ce qu’on aurait pu faire mais que l’on n’a pas fait (passé).  L’homme est de nature inquiète.

M. Mastorgio : Cela fait penser au mythe de l’Age d’Or : c’était mieux avant.

M. Mastorgio, pendant les débats, a tracé au tableau un axe du temps, sur lequel on place les notions de temps : le passé, le futur, le présent (l’Age d’Or trône à l’extrême gauche).

Laura : Cela me fait penser à une sorte de dicton qui dit : “le passé est une histoire, le futur est un mystère, aujourd’hui est un cadeau, c’est pour cela qu’on l’appelle le présent”.

… (Chacun médite, Laura est entrée dans le cercle des Philozophes de haut vol)

M. Mastorgio : D’où les locutions latines “hic et nunc” (ici et maintenant), “NFFNSNC” (non fui, fui, non sum, non curo : je ne fus rien, je fus, je ne suis plus, je ne m’en soucie pas” : cette inscription figurait sur certaines sépultures de romains pour souligner le néant de l’existence humaine).

Vincent relève : En fait, quand le temps passe vite, c’est bon signe !

Lenny ajoute : Quand on ne voit pas le temps passer, c’est qu’on ne s’ennuie pas. C’est donc positif.

PhiloZophe : Prendre conscience du présent, c’est s’ennuyer. Etre perdu dans une activité, c’est ne pas penser au présent. Mesurer le présent, c’est s’ennuyer. On peut échapper au présent en imaginant quelque chose, en rêvant. Objectivement, la mesure du temps, c’est la montre. C’est la mesure scientifique. Elle ne dépend pas de nous. Ce qui n’est plus objectif, c’est notre perception du temps.

Mégane : Mme Dibot nous a dit qu’après 40 ans le temps passe plus vite.

M. Mastorgio (le sourcil droit levé en signe d’acquiescement) : Eh oui, Carpe Diem (encore du latin..) : “cueille le jour” (littéralement. Profite du jour présent). (oh, le sublime poème de Ronsard : Mignonne allons voir si la rose…” :

 A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Le professeur de Lettres qui sommeille (encore) en moi n’a pas pu résister…

PhiloZophe : La perception du temps est donc subjective : le “senti” “ment”, comme l’a dit Laura.

Lenny évoque un film racontant la vie à rebours d’un personnage : on pense à Benjamin Button, mais également à Mister Nobody, deux films traitant du temps que l’on peut remonter : que se serait-il passé pour nous si, à tel instant nous avions fait tel autre choix ?

PhiloZophe : Le philoZophe Pascal (Blaise de son prénom) disait : “Nous ne pensons presque point au présent”.

Et notre philoZophe de nous donner à lire un court texte de Pascal, justement (il est pédagogue : il a préparé sa leçon, et tous ses enchaînements !) : dans ce texte, Pascal énonce un principe : “Si nous pensons au présent, ce n’est que pour anticiper l’avenir. Le présent n’est jamais notre but : il n’est que le moyen de parvenir à l’avenir, qui est notre but. Ainsi, nous ne vivons jamais : nous espérons de vivre. Nous disposant à toujours être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais.” Le présent est donc un moyen, un outil dont on se sert pour bâtir notre avenir.

… (Le coup est rude, mais Pascal a touché juste : on aime la philoZophie…)

Lenny tente une approche philoZophique (oui, les jeunes 5èmes ont des préoccupations existentielles liées au temps, eux aussi et lenny a médité son Pascal) : Dans 200 ans, finalement, nous serons étudiés par les élèves en cours d’Histoire ?

PhiloZophe : Oui, Lenny, tu es la page d’Histoire des élèves de dans 200 ans.

Nous nous quittons sur cette pensée énigmatique et sans doute hautement philoZophique : la sonnerie nous rappelle que le temps a passé (vite !) et qu’il est temps d’aller en cours…. A la semaine prochaine ?

 

Jan
27
Classé dans (Atelier Philo) par Agnès Dibot le 27-01-2012

Hier, à George Sand, s’est ouvert l’Atelier Philo : quelques douze élèves de sixième et de cinquième ont, bravement, tenté l’approche philosophique d’un thème non moins philosophique à savoir, le bonheur.

Encadrés par vos serviteurs Dibot et Mastorgio, mais, surtout, par le sieur Santa-Cruz professeur de Lettres de son état, et, qui plus est, diplômé en philosophie. Nous avons un authentique philosophe en nos murs, faisons donc de la philosophie !

Chaque semaine, vous trouverez dans cette rubrique la synthèse de la séance du jeudi : parce que, désormais, le jeudi, c’est philosophie ! Ci-dessous, donc, ce qui s’est dit, ce que les zélèves ont dit, ce que le philosophe a dit !

La philosophie : qu’est-ce  ?

C’est une discipline qui a traversé les siècles depuis l’Antiquité : elle consiste en l’art de se poser des questions. Quelles questions ?  Sur la création du monde, ses origines sur le sens de la vie, sur l’énigme que représente la mort. Pour les philosophes, la mort apporte son sens à la vie : sans la certitude de la mort, on n’aurait aucune raison de profiter de la vie. C’est également l’art de se poser des questions sur le temps qui passe, sur le bonheur…

Ah, que cela tombe bien, c’était justement notre sujet du jour : le bonheur !

Le bonheur : “Sommes-nous heureux ?”

Eden : “Chacun a sa façon de voir le bonheur”

Philo : “On ne répond pas à la question “suis-je heureux ou non ?”, on questionne la notion de bonheur : “qu’est-ce que le bonheur ?”

Alexandre : “La joie ?”

Killian : “La bonne humeur ?”

Salim : “Quand on est content ?”

Vincent : “Un événement, petit ou grand ? Ou alors, avoir ce qu’on veut !”

On discute sur la notion de bonheur dû à la possession de biens matériels : on possède des objets, précieux : par exemple, un I-Phone dernier cri. Mais s’il se casse, se perd, est volé, on devient malheureux. Ou bien, on en veut un autre, plus performant : on se crée donc une source de malheur.

Vincent : “Plus on possède, plus on veut. A la fin, on ne sait plus ce qu’on veut.”

Eden : “Mais si on a travailllé dur pour s’acheter ce qu’on veut, on est heureux de posséder ce objet.”

Killian : “Etre heureux, c’est être aimé.”

Philo : “Etre aimé ? Ou aimer ? L’homme a en effet besoin des autres, pour être heureux : il ne peut se passer du bonheur, et le recherche perpétuellement. Le bonheur ne peut se construire qu’avec la participation d’autrui. Le Misanthrope de Molière n’est pas heureux : il n’aime pas les autres, mais voudrait être aimé de celle qu’il courtise : il n’est donc pas heureux. Les ermites, qui vivent loin des hommes, sont-ils heureux ?”

Vincent : “Oui car ils évitent la gêne de l’entourage pour atteindre un but précis.”

 Philo : “Le bonheur, pour certains philosophes, c’est le fait de ne ressentir aucun malheur : on ne serait heureux que quand on n’est pas malheureux. Le bonheur, ce serait la sérénité, l’absence de troubles. Le bonheur, ce peut être un état où on n’a besoin de rien d’autre pour être bien : un état complet. “

Epicure : le bonheur est à portée de la main

Un grand philosophe de l’Antiquité, Epicure, propose une définition : le bonheur est dans la tempérance, dans la mesure : on peut être heureux si l’on sait ce contenter du peu que l’on a. Le bonheur n’est pas dans le luxe, mais dans la tempérance.

Repère : Epicure (_ 340 _ 270 avant JC) Il est le fondateur de l’épicurisme : c’est l’une des plus grandes écoles philosophiques de l’Antiquité. “La vie de plaisir ne se trouve point dans le luxe, elle est dans la tempérance”.  Lettre à Ménécée.

Alors, heureux ?

Vincent  aura le mot de la fin : “Etre heureux, est-ce être heureux d’être en vie, ou bien être heureux de la vie ?”

Remerciements à M. Santa-Cruz pour cette première :  et espérons que tous nos petits philosophes reviendront philosopher !