Ecriture inclusive, interview exclusive de madame la principale (madame Cheffe)

Madame Fontenit, principale de notre collège, nous accorde une interview exclusive au sujet de l’écriture inclusive. 

C’est important, cette écriture inclusive, car la société a évolué, les femmes sont arrivées à des postes autrefois réservés aux hommes, donc, on utilise la fonction au féminin. Ca me semble important.

Il y a une cinquantaine d’années, il y avait des écoles de garçons et des écoles de filles : il y a eu une évolution, on arrive à des situations plus mixtes, y compris dans les fonctions plus hautes de l’état, ou à la tête d’un établissement.

Le pouvoir réel ou les symboles ?

Là, avec l’écriture inclusive, on est sur un symbole : ça fait longtemps qu’il y a des chefs d’établissements femmes. “Cheffe”, on le dit et on l’écrit depuis peu. C’est important que ça rentre dans notre culture. Il ne s’agit pas de rejeter les hommes. La société est  mixte, donc le pouvoir l’est aussi. Il est agréable de travailler dans une société mixte car c’est équilibrant.

La formulation de la règle de grammaire « le masculin l’emporte sur le féminin » nous choque, sa formulation nous choque. Cette phrase est discriminante pour les femmes. Mais je ne trouve pas très joli d’écrire les étudiant.e.s, par exemple.

« Si vos professeur.e.s de français vous informent qu’il refusent désormais d’enseigner cette règle de grammaire, que leur dites-vous ? »

Je m’en référerai aux textes, si le ministre l’interdit, j’obéirai au ministre mais je chercherai à réunir les représentants de la didactique et les pédagogues et je ferai dialoguer tout le monde. Mais en tant que cheffe, je dois faire appliquer la règle ministérielle. Ce débat a le mérite d’exister.

“Constatez-vous, dans votre métier, une parité ?”

Il y a plus d’hommes chefs d’établissements que de femmes, la fonction est encore dominée par les hommes. Et il y a des catégories d’établissements, ici, nous sommes en catégorie 3 sur 5. il y a moins de femmes cheffes dans des catégories élevées ; pourquoi ? En général, les hommes sont chefs d’établissements plus complexes. D’une façon générale, les femmes sont moins sûres d’elles et portent la culture de la domination, ça fait des siècles que ça dure. Globalement, la société est structurée pour que ce soient les hommes qui la dominent. Chez nous, la femme n’est pas dominée, mais dans certaines cultures, la femme est un objet et passe de la domination de son père à celle de son mari. Implicitement, la femme n’a pas accès au pouvoir, elle sait donc moins y faire que les hommes. C’est long, comme processus, à faire évoluer.

A mes débuts de cheffe d’établissements, j’ai pu ressentir la facilité pour les hommes à se placer dans ces postures de pouvoir, alors que nous, femmes, on doit réfléchir à la façon d’entrer dans cette posture de pouvoir. Il y a une histoire de posture : le pouvoir est moins évident pour nous les femmes, que pour les hommes.

L’écriture inclusive serait une façon de lier les symboles et notre réalité.

Ce qu’on veut, c’est l’égalité hommes-femmes, le jour où on ne se posera plus la question du sens hommes-femmes ou femmes-hommes, on aura gagné.

Sunita interrompt le débat, elle croit qu’il faut un “e” à “gagné”. Sunita veut mettre des « e » partout, c’est joli… 😉

La Loi sur le harcèlement de rue, qu’en pensez-vous ?

Dans les quartiers populaires, des espaces sont quasiment interdits aux femmes, elles ne s’autorisent pas à y  aller car ont peur de se faire traiter de p… En fuyant cet espace, on renonce à une partie de notre liberté. On a peur de se faire agresser, on ne se sent pas légitime dans cet espace : par exemple, dans la Plaine d’Ozon, le bar PMU, semble « réservé » aux hommes…

A Toulouse, il m’est arrivé, avec une copine, de traverser un quartier a priori réservé aux hommes, on était contentes d’en sortir, c’était limite : les regards insistants, il valait mieux regarder ailleurs, on n’était pas à l’aise. J’ai bientôt 50 ans, donc ça va, mais quand on a 15 ou 20 ans, on ne passe pas dans ces quartiers.

Ce qui me gêne, c’est que c’est presque normalisé. Des femmes qui vont dans ces espaces passent pour des femmes faciles, ça, ça me gêne, le côté « c’est normal ». Une femme, dans les quartiers, si elle veut être tranquille, elle se voile, elle s’habille comme un garçon ou elle se fait accompagner par quelqu’un qui va pouvoir la défendre : tout ça nuit à notre liberté.

Au collège, une tenue correcte est exigée, cela ne veut pas dire nuire à votre liberté mais ayez conscience que votre tenue est un signe de ce que vous êtes. Pour vous présenter dans un cadre de travail, il faut une tenue convenable.

L’équipe de la rédaction de Pink Paillettes est d’accord sur tout et remercie Madame LA PrincipalE pour nous avoir accordé du temps sur ce sujet important et intéressant !

Agnès Dibot

Enseignante de Lettres et animatrice de l'option media.

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