Café Philo au lycée : rencontre avec Corine Pelluchon

« Nos rapports aux animaux sont un miroir dans lequel nous voyons ce que nous sommes devenus au fil des siècles. Ce ne sont pas les horreurs dont notre espèce se rend coupable en exploitant d’autres êtres sensibles qui apparaissent dans ce miroir, mais le visage blafard d’une humanité en train de perdre son âme. » 

Manifeste animaliste

 

Corine Pelluchon est philosophe et enseigne à l’université Paris-Est. Ses ouvrages abordent la question de l’éthique en lien avec l’écologie, le souci des autres et celui des animaux : ce qu’elle appelle l’éthique de la considération. Dans le Manifeste animaliste, elle se fait l’avocate de la cause animale. Elle a rencontré, mardi 3 avril 2019, les élèves de 1ère L et de Tale L, pour parler principalement de ses deux derniers ouvrages : le Manifeste animaliste (2017) et l’Éthique de la considération (2018). Des questions avaient été préparées par les élèves de Tale L pendant le cours de philosophie, avec leur professeur, M. Commagnac.

La cause animale est la cause de l’humanité 

Pendant presque 1 heure et demie, Corine Pelluchon a répondu aux questions des élèves. Elle est revenue sur son parcours de formation, a évoqué son cheminement vers l’animalisme, conjugué militantisme et concepts philosophiques et prononcé un hommage passionné à Emmanuel Levinas.

Un Café Philo plein de vie à  (ré)-écouter.

Un mouvement est né 

Et tendez l’oreille ! A la fin de la rencontre, Rose et Laura (1ère L) lisent ensemble la fin du Manifeste.

Cette rencontre s’inscrit dans le dispositif ‘Écrivains en partage’, en partenariat avec la librairie le Texte Libre et la Bibliothèque municipale.

François-Henri Désérable, Prix JMJE 2018

(F.-H. Désérable à LEC, le 16/11/2018. Photo : Club Photo LJM)

Jeudi 15 novembre 2018, dans le cadre du Festival Littératures européennes (LEC), le jury a remis le 13e Prix Jean Monnet des Jeunes Européens à l’écrivain François-Henri Désérable pour son roman Un certain M. Piekielny.

Voici l’éloge qui a été prononcé par le jury du Prix Jean monnet des jeunes Européens :

François – Henri  Désérable,

Dans le cadre du prix Jean Monnet des jeunes européens, nous avons lu trois œuvres, dont la vôtre, que nous avons particulièrement appréciée.

Un jour, des circonstances improbables vous amènent sur les traces de Romain Gary, à Vilnius en Lituanie, devant l’appartement dans lequel il a passé son enfance. D’après La Promesse de l’aube, son roman autobiographique, M. Piekielny alors assimilé à une souris triste était le voisin du jeune Roman Kacew, futur Romain Gary. Interpellé par les prédictions d’un futur grandiose et les éloges sans limites de la mère de l’enfant, M. Piekielny désirait que le garçon se souvienne de lui une fois devenu célèbre, simplement en prononçant son nom devant les grands hommes qu’il rencontrerait afin de ne pas tomber dans l’oubli.

Vous avez donc traqué la vie d’un Lituanien juif anodin du siècle dernier sur simple évocation de sa personne, en n’ayant quasiment aucune information à son sujet et dont l’existence est toujours incertaine.

Nous vous remercions de nous avoir plongé et transporté entre fiction et réalité dans cette enquête. Le fait que vous vous retrouviez par hasard à Vilnius devant le lieu où a habité Romain Gary, l’auteur de La promesse de l’aube, cette ouvre qui vous a autant passionné plus jeune, qui nous a également fasciné. Car en tant que lecteur nous avons pu nous retrouver en vous, nous reconnaître.

Tout cela a créé le déclic qui vous a fait entreprendre ce roman sous la forme d’un « jeu de piste littéraire ». Nous avons également aimé le fait que ce roman comporte une dimension historique en rappelant les évènements tragiques du passé lituanien comme les exécutions massives et toutes le reste des horreurs de la Shoah et nous rappelle notre devoir de mémoire envers eux. De plus vous mêlez ces faits réels à d’autres éléments fictifs tout comme l’a fait Romain Gary. Continuer la lecture de « François-Henri Désérable, Prix JMJE 2018 »

Brève entrevue avec Rosa Linksom

Ruby : “Comment êtes-vous devenue écrivaine ?

R. L. : Toute ma vie je me suis sentie marginalisée, alors je me suis dit que j’allais devenir artiste et je suis une artiste et une écrivaine. Je tourne des films, je dessine, je peins,  j’écris des BD,  j’écris tout court.

R : Vous êtes artiste ou écrivain, avant tout ?

RL : Ecrivain, ça c’est mon job ! L’art visuel, c’est une passion. Ma formation initiale ce sont les domaines de la sociologie et de la psychologie… mon cursus d’études. J’ai été entraînée à avoir un regard sur les gens, juste en observant leur tenue, leur façon d’être et de se comporter avec les autres et ça m’aide pour écrire des livres.

R : C’est la première fois que vous visitez la France ?

R. L. : Non, j’ai vécu dans de nombreux pays, 5 ans au Danemark, 1 an aux Etats-Unis où je roulais à travers le pays en Harley-Davidson avec deux amis. J’ai également beaucoup voyagé avec mon mari et ma fille en Inde, en Chine, en Amérique du sud, en Asie, à Cuba. Quand je suis allée la première fois à Paris, j’avais 16 ans. Puis je suis venue en France très souvent ; je comprends un peu la langue mais je ne la parle pas.”

propos recueillis par Ruby, Terminale L, LJM, 2018.

Maria Ernestam : “il faut que l’auteur prenne soin du langage”

Ruby : Pourquoi avez-vous commencé à écrire ? 

M. E. : J’ai toujours beaucoup apprécié lire. J’ai une formation de journaliste à la base, j’ai donc été journaliste pendant de nombreuses années, mais un jour j’ai eu une idée. Je travaillais sur un article qui traitait de la technologie génétique, je regardais en même temps un film de Woody Allen et ces deux éléments ont fusionné dans ma tête et tout à coup j’avais une histoire. A partir de là, j’ai commencé à écrire.

Ruby : Quand vous dites que vous n’avez jamais pensé à être écrivaine, vous ne pensiez pas en être capable ?

M. E. : C’est juste que je ne me suis jamais dit « Ah je veux être écrivaine ! », j’étais très bien dans le journalisme, mais lorsque cette histoire m’est venue, je me suis dit qu’elle était pas mal. Et c’est vrai qu’être journaliste, ça m’a aidée. Je savais que ça allait prendre du temps, que ça allait être plus ou moins dur. Il faut se poser et travailler. Un peu d’inspiration par ci, un peu de fantaisie par là, mais c’est le travail qui est le plus important.

R. : Pour la publication de votre premier ouvrage, ce fut difficile de trouver une maison d’édition ? Ou vous aviez déjà des contacts ? Continuer la lecture de « Maria Ernestam : “il faut que l’auteur prenne soin du langage” »

Hubert Artus : entre foot, culture pop et littérature

Lola et Hubert Artus

Quand je me suis questionnée sur l’une des personnes qui m’avait le plus marquée à travers les éditions du festival auxquelles j’ai participé depuis l’âge de 11 ans, je n’avais absolument aucune idée de qui je pourrais bien parler. À propos de qui je pourrais bien écrire. Puis, lors de l’édition de cette année, la réponse a ouvert les portes de la Salamandre alors que j’étais à l’accueil, et j’ai su : Hubert Artus.

Je me suis rappelé avoir été fascinée par sa délicieuse diction et ses animations teintées d’originalité et d’humour lors de l’édition 2017. Hubert Artus m’a accordé une interview des plus agréables entre deux séances de dédicaces au stand de la librairie du Texte Libre.

Autodidacte, passionné par le théâtre de rue et la culture en général, son envie de devenir journaliste découle des reportages qu’il a pu réaliser pour des émissions de radios libres avant d’avoir l’opportunité de faire un stage à Radio France, à Paris. Journaliste freelance depuis les années 90, il m’a fait part de l’irrégularité du volume de travail en fonction des saisons, et la quête incessante de nouveaux articles à écrire, ce qui n’empêche pas sa vie professionnelle d’être bien remplie. À l’initiative du partenariat entre le festival LEC et Lire Magazine, il est présent en tant qu’animateur de table ronde depuis 10 ans à Cognac ; Continuer la lecture de « Hubert Artus : entre foot, culture pop et littérature »

Femmes : regards croisés

《Redresse ! Un peu plus à droite…》Trois jours. Trois jours pour monter sur cimaises les trente-trois photos qui composent l’exposition Displaced, femmes en exil de Marie Dorigny, la plus grande que le festival ait accueillie jusqu’à maintenant. Des plages de Lesbos aux foyers d’Allemagne, nous suivons la traversée de femmes demandeuses d’asile parties en décembre 2015 de leur pays natal. Accompagnée par le récit de Judith Perignon, l’exposition témoigne de ce que cette dernière qualifie d’une “éclaircie” puisqu’un accord fut, par la suite, signé entre la Turquie et l’Union européenne afin de réduire les migrations vers l’Europe. Répartis par séries, les clichés en noir et blanc nous offrent une histoire que l’équipe de montage dont je faisais partie a pu apprendre sur le bout des doigts en trois jours, mais qui nous offre toujours davantage à chacun de nos allers-retours au rez de chaussée de la Salamandre. Marie Dorigny a su capter et nous offrir dans ces portraits, une violente réalité teintée d’espoir dans ces photos qui “racontent le maximum que l’humanité sut offrir”, phrase avec laquelle Judith Perignon conclut le premier texte de cette exposition, et nous plonge presque immédiatement au cœur de cette traversée, qui illustre leur épreuve en trois temps : les larmes de joie douloureuses lorsqu’elles arrivent enfin en Europe, les visages nocturnes exténués lors de la transition dans le centre d’accueil de Monique, pour finir par la fin de leur long périple aux couleurs plus claires. Du jour à la nuit pour en revenir au jour, Marie Dorigny, qui m’a fait l’effet d’une grande femme que l’on oublie difficilement, nous rappelle à tous lors de l’inauguration le 14 novembre  “Gardez toujours ça en tête : ça pourrait être nous.” Une phrase si juste qui a su marquer les esprits des personnes présentes, et qui résonne encore dans la salle, comme suspendue au dessus de son admirable travail.

En savoir plus : présentation de l’expo par le festival Visa pour l’image

Lola Legras–Wilmart, ancienne élève du LJM, bénévole sur le festival LEC 2018

Prix Jean Monnet des jeunes Européens 2018

Les auteurs de l’édition 2018 sont François-Henri Désérable (France), Jaroslav Melnik (Lituanie) et Jonas Karlsson (Suède). Le jury des lycéens est constitué par les représentants de 11 lycées de la région. Il se réunira au lycée Jean Monnet le jeudi 8 novembre et la remise officielle du Prix aura lieu vendredi 16 novembre, au festival Littératures européennes, en présence des auteurs.

Plus d’informations : voir la Brochure 2018.

L’histoire de Num.e.Litt

Un blog dédié à l’ensemble des expressions lycéennes liées à l’art numérique, à la littérature et au spectacle vivant.

Num.e.Litt est un blog culturel créé en 2015 lors d’un projet de création numérique mené en partenariat avec l’Avant-Scène Cognac et l’artiste Philippe Boisnard : au cours d’un workshop, les élèves d’une classe de 1ère L du lycée Jean Monnet participent à la création numérique Ghost in the scene. Le blog a alors pour finalité de rendre compte de ce travail et plus largement des actions culturelles auxquelles participent les élèves de 1ère et Terminale L. Pour explorer la genèse du projet, voir l’article Un projet numérique et participatif. Le blog a évolué et est désormais dédié à l’expression des lycéens dans le cadre de leur parcours d’éducation artistique et culturelle.

Quand le polar vient du froid : rencontre avec Olivier Truc

Retour sur la rencontre littéraire* avec Olivier Truc, le grand auteur nordique de polars, venu partager avec les élèves de 2°3, le 7 décembre 2017, sa passion pour son métier de journaliste et d’écrivain. Les échanges ont permis de mieux explorer l’univers de son dernier roman paru en octobre 2016, La Montagne rouge, dont les élèves avaient lu des extraits. Ils avaient aussi abordé en cours d’EMC la problématique de la discrimination dont souffre le peuple Sami, minorité autochtone constituée de 70 000 habitants, répartis en Norvège, Suède, Finlande et Russie.

Cet auteur est particulièrement apprécié du public, ce qui se vérifie aisément au nombre de prix qu’il a reçus pour Le Dernier Lapon, (23 prix des lecteurs pour ce premier roman, issu de la trilogie sur la police des rennes). Cette trilogie nous transporte dans le Grand Nord, région qui n’a plus de secrets pour Olivier Truc.

Retour sur sa carrière

Olivier Truc est né le 22 novembre 1964 à Dax et vit depuis 1994 en Suède, à Stockholm, où il est correspondant du journal Le Monde et du magazine Le Point pour les pays nordiques et baltes. A l’âge de 17 ans, il se lance dans le journalisme, car sa passion de jeunesse est le reportage de voyages. Il débute sa carrière littéraire en 2006 avec la publication de L’imposteur, enquête policière dans laquelle il raconte, à la première personne, l’histoire d’un sous-officier français, Richard Douchenique-Blostin, prisonnier de guerre en union soviétique et rescapé du goulag pendant la seconde guerre mondiale. « La survie de cet homme, tient en partie, au fait qu’il aurait dissimulé une partie de sa vie pour sauver sa peau ». L’éditrice a trouvé cette idée tellement extraordinaire, qu’elle a fait la proposition à Olivier Truc de lui faire écrire un roman, ce qui paraissait pourtant improbable à cette époque. En 2008, il publie avec Christian Catomeris, une enquête sur le destin dramatique des anciens plongeurs de l’industrie pétrolière en mer du Nord, dont la majorité d’entre eux sont morts par accident ou se sont suicidés. Cette enquête est construite d’après lui, « à la manière du cinéma hollywoodien » pour dénoncer la responsabilité des hommes politiques et de la société d’exploitation de pétrole. Puis il s’est lancé dans l’écriture de trois tomes dédiés à la police des rennes : Le Dernier Lapon (2012), Le Détroit du loup (2014), et La Montagne rouge (2016), en allant jusqu’à partager le quotidien des policiers par moins 30°C dans la toundra pour ce dernier roman. Il considère être arrivé à une forme de maturité en écriture et avoir eu comme une révélation pour le polar, ce qui lui a permis d’être particulièrement créatif, alors qu’au départ il envisageait plutôt d’écrire des chroniques des coulisses de la vie du Grand Nord.

Dialogue avec les lycéens

Pourquoi avez-vous choisi de vivre à Stockholm ?

“J’ai débuté mon métier de journaliste à Montpellier, au quotidien régional Midi Libre en 1986 ; j’y ai rencontré une Suédoise avec laquelle j’ai choisi de faire ma vie en suède.”

Avez-vous vécu avec les Samis ?

“Oui, en Laponie, Continuer la lecture de « Quand le polar vient du froid : rencontre avec Olivier Truc »