Rencontre avec Inge Schilperoord

C’est après avoir voté pour le lauréat du prix Jean Monnet que nous avons eu la chance de rencontrer une auteure néerlandaise, Inge Schilperoord, lors d’une conférence en anglais. Une rencontre très enrichissante pour nous, qui avons pu entrer dans les étapes de construction du roman. Pour Inge, écrire n’est pas un métier, c’est une véritable passion. Cette dernière est psychologue en milieu carcéral. Elle a donc une grande expérience de la psychologie humaine, que l’on retrouve dans ses romans ; notamment dans La Tanche, roman qu’elle a présenté aux dix-huit jeunes membres du Jury et qui a été adapté au cinéma en Belgique. Dans son livre, l’auteure s’inspire d’un homme rencontré lors de son travail pour révéler les troubles psychologiques chez les pédophiles. Un sujet qui a quelque peu surpris les lycéens de par son sérieux et son importance dans la société actuelle mais qu’Inge a su défendre, plaidant l’importance de creuser derrière l’image donnée par nos actes. Cette conférence nous a donc fait réfléchir sur les opinions et comportements de l’être humain. Un grand merci à l’auteure pour son temps et sa gentillesse lors de la conférence.

Laura F. , membre du jury du Prix JMJE, Tale L, LJM, 11/2019

En savoir davantage ? Inge présente La tanche (en anglais)

Participer au Prix JMJE : “une incroyable expérience”

(Source de l’illustration : programme LEC)

Qu’est-ce que le prix Jean Monnet des jeunes Européens ? Il s’agit tout simplement de neuf lycées, représentés par dix-huit lycéens, réunis dans un seul but : élire le meilleur livre de la sélection de l’année, dans le cadre d’un prix décerné lors du Festival Littératures européennes de Cognac (LEC). Dix-huit lycéens, étrangers les uns aux autres, mais rapprochés par les mondes qu’ils ont chacun empruntés, en ouvrant Audrey et Anne, Les chasseurs dans la neige ou encore En mer. Trois mondes complètement différents mais qui ont su transporter ces jeunes, de la seconde au BTS. Il serait difficile de croire que si peu pourrait autant nous rapprocher, mais pourtant, à force de passion, de sérieux et d’entraide, nous avons réussi à monter un véritable projet qui a su souder un groupe jusque là constitué de pièces éparses. C’est donc un véritable tour de force réussi par ces dix-huit jeunes qui ont su former une équipe afin d’offrir le prix Jean Monnet des jeunes européens à Jean-Yves Laurichesse pour son roman, Les chasseurs dans la neige. De plus, nous avons eu l’occasion de monter sur scène pour des lectures, des présentations de projets ou encore des lectures de compliments, avant, tout simplement, de tous nous retrouver avec les auteurs. Une expérience enrichissante et gratifiante que Nicolas et Nathan, deux membres du jury, qualifieraient «d’amusante ».  Un grand bravo au jury ainsi qu’à leurs professeurs pour cette incroyable expérience !

Laura F., membre du jury, Terminale L, LJM. 11/2019

Jean-Yves Laurichesse, Prix JMJE 2019

Vendredi 15 novembre 2019, dans le cadre du Festival Littératures européennes (LEC), le jury a remis le 14e Prix Jean Monnet des Jeunes Européens à l’écrivain Jean-Yves Laurichesse pour son roman Les Chasseurs dans la neige.

Voici l’éloge qui a été prononcé par le jury du Prix Jean Monnet des jeunes Européens :

Jean-Yves Laurichesse, nous vous remercions d’avoir écrit le récit Les Chasseurs dans la neige, et de nous avoir permis de le lire. Nous vous remercions également d’avoir répondu présent aujourd’hui. Le tableau dont vous vous êtes inspiré nous donnait une base pour notre imagination. Mais votre livre a vraiment su sublimer le tableau et nous faire entrer dans l’univers peint par Pieter Bruegel. Vos personnages ont une sensibilité et une générosité qui sont bien mises en valeur grâce à vos mots, ce qui nous intègre dans leur cadre proche et nous aide à comprendre leur psychologie. La belle relation du peintre et de la jeune femme, bien qu’ambiguë, nous donne l’impression de connaître Pieter Bruegel sous un nouveau jour, tout en le laissant en partie mystérieux, attisant ainsi notre curiosité. Maeke, de son côté, est une personne hors du commun, par son courage et son intelligence.

Nous rajouterons que la lecture est simple, rendant ainsi l’œuvre accessible à un jeune public.

Votre écriture est très douce, poétique et fluide. L’absence de dialogue n’empêche pas de comprendre la communication entre les personnages. Tous ces éléments nous ont permis de suivre la création du tableau. Nous avons particulièrement aimé le passage où le peintre laisse Maeke découvrir le tableau achevé et celui où elle retrouve Pieter Bruegel avant sa mort.

La qualité de l’écriture, les personnages et l’ambiance de ce récit nous incitent à conseiller à tous la lecture de votre livre !

Le jury du Prix Jean Monnet des jeunes Européens

Images du Prix JMJE 2019

On l’on voit Emma en maître de cérémonie, Laura lire un extrait de Audrey et Anne de Jolien Janzig, le jury du Prix JMJE poser ses questions au côté de la critique littéraire Sophie Quetteville, les trois auteurs en lice, Toine Heijmans, Jolien Janzing et Jean-Yves Laurichesse, ravis d’être soumis à la question dans l’auditorium de la Salamandre de Cognac, et le lauréat, Jean-Yves Laurichesse, tout étonné d’être lauréat…

Liberté, j’écris ton nom

Mardi 4 juin 2019, les élèves de 1ère L ont rencontré l’écrivain Omar Youssef Souleimane*. Voici  le regard de Rose sur cette rencontre :

“Omar Youssef Souleimane nous a tout de suite tutoyés et nous a raconté des bribes de sa vie d’écrivain. Il vient d’une famille où chacun est une photocopie de l’autre, dans le sens où tous les membres de sa famille ont étudié et travaillent dans des domaines scientifiques. Or, bien qu’il ait également passé un bac scientifique, il a toujours préféré la littérature. La société syrienne ayant “un regard” constant sur ses habitants, il était inacceptable pour les parents d’Omar qu’il fasse des études littéraires. Ça ne l’a pourtant pas empêché de partir dans une université qui rencontrait ses envies. Sa famille n’a pas apprécié. Pour elle, un “intello scientifique” est plus intelligent qu’un professeur de français. Il nous raconte qu’ensuite il est devenu journaliste, ce qui est pour lui un “métier excitant”. Il ne regrette rien car, dit-il, “quand on aime quelque chose, on s’en fout des autres”.

Apprendre le français avec Plus belle la vie 

Arrivé en France en 2012, il a appris le français très vite, mais ça n’a pas été facile car notre langue n’a rien de similaire à l’arabe. Il a surtout des difficultés avec les déterminants : “j’avais le vertige” dit-il. Sa technique pour ne pas faire d’erreur ? Acheter tout par deux (c’est ce qu’il fait à la boulangerie : « deux baguettes, s’il vous plaît »). Pour améliorer son français il a avoué regarder Plus belle la vie à la télévision. On peut comprendre que son vocabulaire lui vient de ce qu’il entend autour de lui… genre, il parle comme nous, les ados, et s’exprime dans un langage plus familier que soutenu. Cependant, il maîtrise la langue, et son éditrice a exigé de lui qu’il réécrive lui-même son livre, Le Petit terroriste, en français.

Écrire est pour lui un moyen de comprendre ce qui lui est arrivé. Il nous confie que dans le monde arabe, les médias véhiculaient une bonne image de Ben Laden, image malheureusement fausse. Il a commencé à se poser des questions sur sa religion.  Il a relu le Coran sans préjugés et pris ses distances avec la religion. Il nous pose d’ailleurs cette question : “A-t-on le droit de critiquer tout ce qu’on veut ? »

Penser en français et rêver en arabe

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François-Henri Désérable, Prix JMJE 2018

(F.-H. Désérable à LEC, le 16/11/2018. Photo : Club Photo LJM)

Jeudi 15 novembre 2018, dans le cadre du Festival Littératures européennes (LEC), le jury a remis le 13e Prix Jean Monnet des Jeunes Européens à l’écrivain François-Henri Désérable pour son roman Un certain M. Piekielny.

Voici l’éloge qui a été prononcé par le jury du Prix Jean monnet des jeunes Européens :

François – Henri  Désérable,

Dans le cadre du prix Jean Monnet des jeunes européens, nous avons lu trois œuvres, dont la vôtre, que nous avons particulièrement appréciée.

Un jour, des circonstances improbables vous amènent sur les traces de Romain Gary, à Vilnius en Lituanie, devant l’appartement dans lequel il a passé son enfance. D’après La Promesse de l’aube, son roman autobiographique, M. Piekielny alors assimilé à une souris triste était le voisin du jeune Roman Kacew, futur Romain Gary. Interpellé par les prédictions d’un futur grandiose et les éloges sans limites de la mère de l’enfant, M. Piekielny désirait que le garçon se souvienne de lui une fois devenu célèbre, simplement en prononçant son nom devant les grands hommes qu’il rencontrerait afin de ne pas tomber dans l’oubli.

Vous avez donc traqué la vie d’un Lituanien juif anodin du siècle dernier sur simple évocation de sa personne, en n’ayant quasiment aucune information à son sujet et dont l’existence est toujours incertaine.

Nous vous remercions de nous avoir plongé et transporté entre fiction et réalité dans cette enquête. Le fait que vous vous retrouviez par hasard à Vilnius devant le lieu où a habité Romain Gary, l’auteur de La promesse de l’aube, cette ouvre qui vous a autant passionné plus jeune, qui nous a également fasciné. Car en tant que lecteur nous avons pu nous retrouver en vous, nous reconnaître.

Tout cela a créé le déclic qui vous a fait entreprendre ce roman sous la forme d’un « jeu de piste littéraire ». Nous avons également aimé le fait que ce roman comporte une dimension historique en rappelant les évènements tragiques du passé lituanien comme les exécutions massives et toutes le reste des horreurs de la Shoah et nous rappelle notre devoir de mémoire envers eux. De plus vous mêlez ces faits réels à d’autres éléments fictifs tout comme l’a fait Romain Gary. Continuer la lecture de « François-Henri Désérable, Prix JMJE 2018 »

Brève entrevue avec Rosa Linksom

Ruby : “Comment êtes-vous devenue écrivaine ?

R. L. : Toute ma vie je me suis sentie marginalisée, alors je me suis dit que j’allais devenir artiste et je suis une artiste et une écrivaine. Je tourne des films, je dessine, je peins,  j’écris des BD,  j’écris tout court.

R : Vous êtes artiste ou écrivain, avant tout ?

RL : Ecrivain, ça c’est mon job ! L’art visuel, c’est une passion. Ma formation initiale ce sont les domaines de la sociologie et de la psychologie… mon cursus d’études. J’ai été entraînée à avoir un regard sur les gens, juste en observant leur tenue, leur façon d’être et de se comporter avec les autres et ça m’aide pour écrire des livres.

R : C’est la première fois que vous visitez la France ?

R. L. : Non, j’ai vécu dans de nombreux pays, 5 ans au Danemark, 1 an aux Etats-Unis où je roulais à travers le pays en Harley-Davidson avec deux amis. J’ai également beaucoup voyagé avec mon mari et ma fille en Inde, en Chine, en Amérique du sud, en Asie, à Cuba. Quand je suis allée la première fois à Paris, j’avais 16 ans. Puis je suis venue en France très souvent ; je comprends un peu la langue mais je ne la parle pas.”

propos recueillis par Ruby, Terminale L, LJM, 2018.

Maria Ernestam : “il faut que l’auteur prenne soin du langage”

Ruby : Pourquoi avez-vous commencé à écrire ? 

M. E. : J’ai toujours beaucoup apprécié lire. J’ai une formation de journaliste à la base, j’ai donc été journaliste pendant de nombreuses années, mais un jour j’ai eu une idée. Je travaillais sur un article qui traitait de la technologie génétique, je regardais en même temps un film de Woody Allen et ces deux éléments ont fusionné dans ma tête et tout à coup j’avais une histoire. A partir de là, j’ai commencé à écrire.

Ruby : Quand vous dites que vous n’avez jamais pensé à être écrivaine, vous ne pensiez pas en être capable ?

M. E. : C’est juste que je ne me suis jamais dit « Ah je veux être écrivaine ! », j’étais très bien dans le journalisme, mais lorsque cette histoire m’est venue, je me suis dit qu’elle était pas mal. Et c’est vrai qu’être journaliste, ça m’a aidée. Je savais que ça allait prendre du temps, que ça allait être plus ou moins dur. Il faut se poser et travailler. Un peu d’inspiration par ci, un peu de fantaisie par là, mais c’est le travail qui est le plus important.

R. : Pour la publication de votre premier ouvrage, ce fut difficile de trouver une maison d’édition ? Ou vous aviez déjà des contacts ? Continuer la lecture de « Maria Ernestam : “il faut que l’auteur prenne soin du langage” »

Hubert Artus : entre foot, culture pop et littérature

Lola et Hubert Artus

Quand je me suis questionnée sur l’une des personnes qui m’avait le plus marquée à travers les éditions du festival auxquelles j’ai participé depuis l’âge de 11 ans, je n’avais absolument aucune idée de qui je pourrais bien parler. À propos de qui je pourrais bien écrire. Puis, lors de l’édition de cette année, la réponse a ouvert les portes de la Salamandre alors que j’étais à l’accueil, et j’ai su : Hubert Artus.

Je me suis rappelé avoir été fascinée par sa délicieuse diction et ses animations teintées d’originalité et d’humour lors de l’édition 2017. Hubert Artus m’a accordé une interview des plus agréables entre deux séances de dédicaces au stand de la librairie du Texte Libre.

Autodidacte, passionné par le théâtre de rue et la culture en général, son envie de devenir journaliste découle des reportages qu’il a pu réaliser pour des émissions de radios libres avant d’avoir l’opportunité de faire un stage à Radio France, à Paris. Journaliste freelance depuis les années 90, il m’a fait part de l’irrégularité du volume de travail en fonction des saisons, et la quête incessante de nouveaux articles à écrire, ce qui n’empêche pas sa vie professionnelle d’être bien remplie. À l’initiative du partenariat entre le festival LEC et Lire Magazine, il est présent en tant qu’animateur de table ronde depuis 10 ans à Cognac ; Continuer la lecture de « Hubert Artus : entre foot, culture pop et littérature »