“Brush up your Shakespeare”!

kissmekateUne fois n’est pas coutume, le titre du billet du jour est en anglais… C’est qu’aujourd’hui, nous célébrons l’anniversaire de la mort de Shakespeare : quatre cents ans que l’auteur de Roméo et Juliette – la pièce la plus lue par les Anglais selon un récent sondage – est mort. Carnet-Théâtre se joint au concert des commémorations, et met le célèbre dramaturge à l’honneur. Pendant un mois, nous allons réviser, potasser, bucher notre Shakespeare !

Eh oui, le titre de ce billet aurait pu servir à faire la deuxième énigme de 2016, mais je vous donne tout de suite l’explication : “Brush up your Shakespeare” – en français : “apprends/ repasse/ revois ton Shakespeare” – est le refrain d’une chanson de Cole Porter. Je vous laisse écouter ce que cela donne :

Vous êtes un peu perdu ? Voici le texte en anglais, et une traduction que je vous propose en français ! Quatorze allusions aux pièces de Shakespeare se trouvent dans cette chanson. À vous de les retrouver !

BRUSH UP YOUR SHAKESPEARE
tiré de Kiss Me Kate, Cole Porter

The girls today in society go for classical poetry
So to win their hearts one must quote with ease
Aeschylus and Euripides
One must know Homer, and believe me, Beau
Sophocles, also Sappho-ho
Unless you know Shelley and Keats and Pope
Dainty Debbies will call you a dope

But the poet of them all
Who will start ’em simply ravin’
Is the poet people call
The Bard of Stratford on Avon

{Refrain}

Brush up your Shakespeare
Start quoting him now
Brush up your Shakespeare
And the women you will wow

Just declaim a few lines from Othella
And they’ll think you’re a hell of a fella
If your blonde won’t respond when you flatter ‘er
Tell her what Tony told Cleopatterer

If she fights when her clothes you are mussing
What are clothes?  Much ado about nussing
Brush up your Shakespeare
And they’ll all kow-tow

{Refrain}

With the wife of the British ambassida
Try a crack out of Troilus and Cressida
If she says she won’t buy it or like it
Make her tike it, what’s more As You Like It

If she says your behavior is heinous
Kick her right in the Coriolanus
Brush up your Shakespeare
And they’ll all kow-tow

{Refrain}

If you can’t be a ham and do Hamlet
They will not give a damn or a damlet
Just recite an occasional sonnet
And your lap’ll have honey upon it

When your baby is pleading for pleasure
Let her sample your Measure for Measure
Brush up your Shakespeare
And they’ll all kow-tow – Forsooth
And they’ll all kow-tow
And they’ll all kow-tow

{Refrain}

Better mention “The Merchant Of Venice”
When her sweet pound o’ flesh you would menace
If her virtue, at first, she defends—well
Just remind her that “All’s Well That Ends Well”

And if still she won’t give you a bonus
You know what Venus got from Adonis
Brush up your Shakespeare
And they’ll all kow-tow – Thinkst thou?
And they’ll all kow-tow – Odds bodkins
And they’ll all kow-tow

{Refrain}

If your goil is a Washington Heights dream
Treat the kid to “A Midsummer Night’s Dream”
If she then wants an all-by-herself night
Let her rest ev’ry ‘leventh or “Twelfth Night”

If because of your heat she gets huffy
Simply play on and “Lay on, Macduffy!”
Brush up your Shakespeare
And they’ll all kow-tow – Forsooth
And they’ll all kow-tow – Thinkst thou?
And they’ll all kow-tow – We trou’
And they’ll all kow-tow

PEAUFINE TON SHAKESPEARE

Aujourd’hui, en société, les femmes se piquent de poésie classique
Donc, pour gagner leur cœur, il faut réciter avec aisance
Eschyle et Euripide
Il faut connaître Homère, et crois-moi, le beau
Sophocle, et aussi Sappho, ho
Sauf si tu connais Shelley et Keats et le pape
Dainty Debbies te dira que tu es un imbécile

Mais le plus grand poète de tous
Lui qui partira d’un simple ravin
C’est le poète connu sous le nom de
Le Barde de Starford on Avon

{Refrain}

Peaufine ton Shakespeare
Commence dès maintenant à le citer
Peaufine ton Shakespeare
Et les femmes feront : « Waouh » à ton passage

Il suffit de déclamer quelques vers d’Othello
Et elles penseront que tu es un gars d’enfer
Si ta blonde ne répond pas à tes avances
Dis-lui ce que dit Tony à Cléopâtre

Si elle se défend quand tu chiffonnes ses vêtements
Qu’est-ce que des vêtements ? Beaucoup de bruit pour rien.
Peaufine ton Shakespeare
Et elles tomberont toutes.

{Refrain}

Avec la femme de l’ambassadeur de Grande-Bretagne
Essaie  quelques extraits de Troïlus et Cressida
Si elle dit qu’elle ne les aime pas
Fais-lui goûter, c’est plus que Comme il vous plaira

Si elle dit que ton comportement est odieux
Taille-lui un morceau de Mesure pour mesure
Peaufine ton Shakespeare
Et elles tomberont toutes.

{Refrain}

Si tu ne peux pas avoir ta petite côtelette et jouer Hamlet
Elles ne feront aucun cas de toi,
Mais récite juste quelque sonnet
Et ce sera doux miel à leurs oreilles

Quand ta poupée demande du plaisir
Donne-lui un bout de Mesure pour mesure
Et elles tomberont toutes. – Vraiment toutes.
Et elles tomberont toutes.
Et elles tomberont toutes.

Il vaut mieux mentionner Le Marchand de Venise
Quand tu menaceras sa douce « livre de chair »1
Si, au début, elle défend sa vertu. Bien,
Rappelle-lui juste que “Tout est bien qui finit bien”

Et si elle ne veut pas te donner un bonus
Tu sais ce que Venus a reçu d’Adonis
Et elles tomberont toutes.- Penses-tu ?
Et elles tomberont toutes. – Mon Dieu !
Et elles tomberont toutes.

Si la fille est un songe de Washington Heights
Invite-la au Songe d’une Nuit d’été
Si elle veut alors passer une nuit toute seule
Laisse-la se reposer chaque onzième ou douzième nuit2

Si elle s’offusque à cause de tes ardeurs
Poursuis  simplement et “en avant, Macduffy!”
Et elles tomberont toutes.- Penses-tu ?
Et elles tomberont toutes. – C’est vrai.
Et elles tomberont toutes.

1. Pound of flesh : l’expression désigne un contrat dans Le marchand de Venise, de Shakespeare. Shylock a le  droit de prélever “a pound of flesh”, c’est-à-dire une livre de la chair d’Antonio si celui-ci ne le rembourse pas.

2. « Twelfth Night » : La nuit des rois, titre d’une tragédie de Shakespeare. Jeu de mots avec twelfth désignant le nombre douze.

 Kiss me Kate : voilà le titre de la comédie musicale de 1948 d’où vient la chanson. Que raconte-t-elle ? Eh bien… L’histoire d’une troupe qui veut jouer La Mégère apprivoisée de… Shakespeare !  Mais malheureusement, le metteur en scène choisit son ex-femme pour jouer le rôle principal : Kate. Les ennuis commencent, et c’est le spectacle côté coulisse qui se dévoile aux yeux du spectateur. “Kiss me Kate” , c’est la dernière réplique de la comédie de Shakespeare, d’où le titre de la comédie musicale qui a d’ailleurs été créée en France en février dernier au Théâtre du Châtelet. En voici le teaser, pour finir en images ce billet :

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