05. février 2015 · Commentaires fermés sur Le bio en Allemagne · Catégories: Le bio ? L'environnement ?

L’Allemagne est en deuxième place au rang mondial du marché biologique, derrière les États-Unis. Trois allemands sur quatre  déclarent acheter des produits bios,  et plus d’un allemand sur cinq affirme même les privilégier la plupart du temps. Si bien que l’Allemagne, surpassée par la demande,  se voit obligée d’en importer !

“Tous les états européens sont  soumis depuis 1992 à la même réglementation européenne sur le bio. Cependant  les cahiers des charges des labels allemands sont en général beaucoup plus stricts que ceux établis à Bruxelles” nous apprend le site Extenso. La plupart  des supermarchés du pays proposent des produits écologiques,  ces produits sont donc facilement accessibles. Pourquoi l’agriculture biologique réussit-elle mieux aux habitants allemands que dans les autres pays ?

Le bio : une idéologie, un mode de vie

Source : gynti_46

Source : gynti_46

Si la prise de conscience des européens concernant l’écologie se situe dans les années 70, c’est qu’il y a plus de cent ans qu’on a ouvert en Allemagne les premiers magasins les “Reformhaus” (“magasins de la réforme”), dans le cadre d’un mouvement de réforme alimentaire. On n’y trouve pas seulement de produits bios, mais aussi des produits naturels, aussi bien des cosmétiques que de l’alimentation ou des produits d’entretien.

C’est un début !

Aujourd’hui ce sont les supermarchés (exemple : REWE) qui vendent le plus de produits bio (60%) devant les magasins spécialisés (30%) et la vente directe (10%)

Un marché qui ne cesse de progresser…

L’ Allemagne est donc deuxième au rang mondial du marché biologique, avec une part de plus de 7 milliards d’euros en 2012.

Elle est l’un des plus importants producteurs de lait, céréales, pommes de terre et viande bovine d’Europe. Ainsi en 2010, le pays enregistrait le plus gros taux de vente de produits alimentaires bio du continent : 32 %. Et le nombre d’exploitations et de surfaces cultivables ne cesse d’augmenter.

Quelles raisons incitent les agriculteurs traditionnels à effectuer cette transition ? D’ une part les changements de mentalité entraînant une demande croissante, et d’une autre les subventions de l’État Allemand et de l’UE.

Source : thomas schewe

Source : thomas schewe

En effet, selon la région concernée, ( l’Allemagne étant composée de différents états fédérés, appelés “landër”) il est possible de bénéficier  d’aides financières plus ou moins importantes, de cumuler des primes bios et environnementales. De plus, de nombreuses formations et aides pour tout projet sont proposées (comme par exemple les Journées d’Action Pour l’Agriculture Biologique, ou “Aktionstage zur Öklandbau”).

En bref, les agriculteurs et éleveurs sont vivement soutenus pour aller dans le sens du développement durable.

L’importation: une aberration environnementale ?

Prenons l’exemple des carottes : plus d’un quart des carottes bio cultivées en Europe viennent d’Allemagne. Cependant, 1 carotte sur 2 consommée dans ce pays est importée. De plus, la plupart des fruits, légumes, œufs ou oléagineux sont importés des Pays Bas, Espagne, Italie.

Une raison de l’incapacité des producteurs à répondre à la demande, serait l’arrivée  de la loi EEG, finançant la transition énergétique. Les producteurs allemands seraient plus subventionnés et donc auraient plus d’intérêt à cultiver du maïs pour les centrales de biogaz que de persévérer dans l’agriculture biologique. D’ où les importations massives.

Une déception pour les adeptes du bio, qui rappellent que l’agriculture biologique est avant tout un retour aux dimensions locales et régionales.