Bleus-Blanc-Rouge-Black-Blanc-Beur, un même drapeau : la France

Long article copié (oups !) dans Libération : où l’on relate les propos racistes de certains journalistes de la presse étrangère au sujet de la victoire de l’équipe de France : à lire impérativement… (merci Libé ;))

(Photo Marc Chaumeil pour Libération) Roissy-en-France, 16 juillet 2018. Aéroport Charles de Gaulle. Arrivée de l'équipe de France de football après sa victoire en finale de la coupe du monde.

 

Foot
A l’étranger, polémiques racistes autour de la victoire de l’équipe de France
Par Balla Fofana — 18 juillet 2018 

«Singes avec un ballon», «c’est l’Afrique qui a gagné», «un sang merveilleusement impur et africain»… Florilège des pires réactions après le deuxième sacre des Bleus.
A l’étranger, polémiques racistes autour de la victoire de l’équipe de France
France versus haters ? Aux lendemains du sacre des Bleus en finale de la Coupe du monde, une partie la presse internationale ne partage pas le même engouement que les Français, qui ont vu mardi sur leurs écrans deux documentaires retraçant l’épopée de leur équipe. Loin de cette liesse nationale, certains articles et remarques de nos confrères étrangers sont carrément essentialistes et racistes.

Lundi, la salve la plus remarquée vient des Etats-Unis. Trevor Noah, le présentateur sud-africain du Daily Show lance : «Je suis tellement content, l’Afrique a gagné la Coupe du monde […] Je sais que ce sont les joueurs de l’équipe de France, mais regardez ces gars-là.» L’humoriste fait référence aux quatorze Français champions du monde originaires plus ou moins directement du continent africain. Noah a ponctué son sketch d’un salut du Wakanda Forever (bras croisés sur le torse) issu du blockbuster Black Panther. Avant d’ironiser : «Vous n’êtes pas bronzés comme ça même si vous venez du sud de la France», en montrant en photo les onze joueurs qui ont battu la Croatie en finale (4-2). Il conclut : «En fait, l’Afrique est la réserve de l’équipe de France.»
Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont dénoncé la portée raciste de cet extrait en expliquant que Noah reprend les discours de l’extrême droite française. D’autres ont pointé le côté ubuesque de cette remarque, venant d’un pays où les joueurs de basket-ball sont majoritairement noirs.

Une autre internaute raisonne par l’absurde et se demande si l’Afrique a également remporté les Jeux olympiques de 1992 (comme s’il s’agissait d’un pays et non pas d’un continent).

Notons qu’en France, Paris Match a publié sur son site un article intitulé «L’Afrique aussi championne du monde de foot», en reprenant un tweet égrenant les pays dont sont originaires les joueurs.

Le défenseur de la sélection, Benjamin Mendy, a répondu à un tweet similaire en replaçant un drapeau tricolore à côté du nom de chaque joueur cité.

Le basketteur international français Nicolas Batum a également poussé un coup de gueule contre celles et ceux qui parle d’une victoire de l’Afrique.

De quoi rappeler que si plusieurs joueurs sont issus du continent africain, seuls deux joueurs parmi les 23 sélectionnés y sont nés : Samuel Umtiti (né au Cameroun) et Steve Mandanda (né en république démocratique du Congo). Une vidéo du média en ligne américain Vox explique d’ailleurs que 50 joueurs ayant participé à la Coupe du monde – dans les sélections européennes, africaines et sud-américaines – sont nés ou ont grandi en France. En seconde position, le Brésil en compte 28.
Espagne
Un jour après la finale, le quotidien catalan Sport titre sobrement : «La merveilleuse impureté de la sélection française» L’«impureté» reprend ici un terme du refrain de la Marseillaise.

Dans son édito, le présentateur de la chaîne Catalane TV3, Ernest Folch exalte «une France revenue au sommet quand elle a eu de nouveau un sang merveilleusement impur et africain dans ses veines». Il place ainsi la génération 2018 dans le sillon des stars de 98.
Qui a dit que l’Afrique n’a jamais remporté un mondial, tweete Nicolás Valle, un autre journaliste de TV3.

Italie
De l’autre côté des Alpes où l’on se souvient encore des menaces de mort et des insultes essuyées par Mario Balotelli, seul joueur noir de la Squadra Azzura, les médias ont relayé l’avalanche de commentaires racistes sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram…) dès la fin du match France-Croatie. De nombreux internautes parlent «de singes avec un ballon», de «champions du tiers-monde», et saluent «la victoire de la première équipe africaine». «C’est l’Afrique qui a gagné», a titré La Reppublica, qui condense les vitupérations racistes d’internautes de la botte.
Certains médias, au lieu de dénoncer le phénomène, lui ont également donné du poids. Avant la finale, Il Corriere della Sera a décrit une sélection française «pleine de champions africains mélangés à de très bons joueurs blancs face à une équipe seulement de blancs d’un pays au centre de trois grandes écoles de football, celle slave, allemande et italienne». Le même journal a publié un sondage avant la finale : 90% des Italiens soutenaient la Croatie.
Obama
Mardi, lors d’un discours prononcé à Johannesburg pour le centenaire de la naissance de Nelson Mandela, Barack Obama a fait une digression sur les Bleus. Des propos très politiques qui insistent sur la nationalité effective des joueurs. «Le régime [sud-africain] de l’apartheid [tombé en 1994] était entièrement artificiel», a-t-il déclaré, en reprenant les mots de Nelson Mandela. Avant d’ajouter : «Ce qui était vrai à l’époque l’est toujours aujourd’hui. […] On se voit dans l’autre, on partage des espoirs et des rêves communs. Et c’est une vérité qui porte ses fruits de façon très pratique puisqu’elle permet à une société de profiter de l’énergie et des qualités de tous ces gens-là. Regardez l’équipe de France qui vient de remporter la Coupe du monde. Tous ces mecs ne ressemblent pas, selon moi, à des Gaulois.» «Ils sont Français, ils sont Français !» a-t-il martelé.
Balla Fofana

Agnès Dibot

Enseignante de Lettres et animatrice de l'option media.

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