Nouvelle 4 : David et Patrick
David, un banquier géorgien, est en train de parler affaires avec ses collègues. Son ami Patrick, congolais et professeur des écoles, lui fait un signe de la main en le rejoignant.
Un homme blanc, en costume, explique comment il a réussi à devenir si riche. Il achète des enfants dans des famille pauvres des bidonvilles, puis il envoie ces enfant dans des mines. Les enfant extraient des minerais qu’il revend ensuite. Il explique qu’il gagne jusqu’à cinq mille francs par semaine, alors qu’il ne paient chaque enfant que de cinq francs par semaine. Il semble très fier de cette plus-value. Patrick a eu le temps d’arriver et de comprendre le sens de la conversation.
« Merci du tuyau ! » dit David à son camarade qu’il nomme John. Cette dernière remarque horrifie un peu plus Patrick. David compte user de ce genre de méthodes pour s’enrichir de l’argent. Quel scandale ! Dire que Patrick pensait David irréprochable. Patrick propose alors à David de déjeuner avec lui. David accepte. Il est de bonne humeur. Il voulait se rendre en Géorgie pour voir sa famille sans être à découvert. «Cela va désormais être un jeu d’enfant,» se dit-il en un mauvais jeu de mots.
Les deux camarades sont donc sur le chemin de la pizzeria où ils vont manger de temps en temps. Patrick, surpris, remarque un primate affublé d’un blouson des travailleur publics de la ville dans un arbre sur leur droite. Il le pointe du doigt et le montre à David :
« C’est tout de même inhabituel, en centre ville…
– Bah, je ne m’étonne plus de rien dans ce pays, répond David.
– Monsieur, je trouve que vous avez des remarques relativement déplacées.
– Mais non ! Il faut tout de même avouer que l’on voit des choses inhabituelles tous les jours dans ce pays, malgré le fait que voir des choses inhabituelles tous les jours les rendent presque habituelles, et je ne dis pas ça en mal, dit David en tentant de rattraper sa maladresse.
– C’est tout de même étrange que des primates se baladent librement en ville. Même ici, insiste Patrick.
– Voyez-vous, je me suis mal exprimé tout à l’heure et je m’en excuse. Mais vous avez raison, je n’avais encore jamais vu cela. »
Les deux amis arrivent désormais à la pizzeria et Patrick aborde le sujet qui le tourmente depuis qu’il a surpris la discussion entre John et David :
« Rassurez moi, dit Patrick, vous ne comptez pas appliquer les instruction de John, monsieur David ?
– Mais bien sûr que si, répond David. Il me faut de l’argent pour aller voir ma famille en Géorgie.
– Non… Je ne peux pas le croire… Vous n’allez pas voler des enfants à des mères qui aimeraient les voir grandir, dit Patrick de manière évasive, ne se rendant pas compte que David est sérieux.
– Vous vous méprenez mon ami. Je vais les acheter, c’est différent. »
Nos deux personnage ont commandé une pizza qu’il reçoivent à l’instant.
« Mais c’est scandaleux ! C’est inhumain ! Ces enfant sont jeunes , ils doivent grandir en paix ! Pas risquer leur vie dans des mines ! » s’emporte Patrick.
On voit alors passer un babouin dans un arbre derrière la pizzeria.
« Laissez moi faire mes affaires et n’y pensez pas, dit David d’une voix aiguë.
– Je vous dénoncerai ! répond Patrick
– Je vous promets quinze pour cent de mes revenus contre votre silence, maintenant oubliez cela, dit David d’une voix suraiguë.
– Non ! Je refuse ! Vous ne m’achèterez pas… Mais oh ! Votre visage est colonisé par les poils et vos vêtement semblent trop grands. »
À ce moment des babouins passent devant les vitre de la pizzeria.
« Taisez-vous ! Je vous le demande ! » couine David. Plus le temps passe, plus David se ratatine. Alors que des babouins continuent de passer de la droite vers la gauche de la vitrine. Un babouin en costume vient s’y coller. Patrick comprend alors : David est en train de devenir un babouin. Patrick se dirige alors vers le comptoir. Personne. Il contourne le bar, entre en cuisine et voit deux petits babouins jouer avec des louches et des couteaux. Il sort de la boutique en courant et appelle David.
Tout est flou dans la tête de David. Tous les sons, toutes les voix et même de simples bruissement lui donnent l’impression que sa tête va exploser. Les babouins affluent, ils colonisent les arbres, se dirigent vers les parcs. Patrick est débordé par la situation, il sort en courant. David le voit partir. Sa nouvelle apparence de babouin est donc si horrible que cela ? Il regrette de ne pas avoir plus réfléchi avant de se jeter sur de l’argent facile. Il regrette son apparence humaine. En tant que babouin, il semble petit, et même frêle. Il a cependant perdu du poids : son régime semble désormais plus facilement envisageable. Mais cette maigre réussite ne suffit pas à le réconforter. Ce rapide sentiment d’euphorie qu’il a eu le plonge dans un désespoir encore plus amer. Patrick le lui avait pourtant dit, les projets qu’il avait étaient inhumains. Il revêt de sa chemise puis prend la direction de la case de Patrick.
Lorsqu’il arrive, il toque. Patrick lui ouvre, il le reconnaît et lui ferme la porte au nez. David la retient juste avant sa fermeture en couinant. Patrick le regarde et doit lire son sentiment de repentir, car il lui entrebâille finalement la porte. David grimpe sur une chaise. Patrick lui s’assied sur un pouf devant la table basse. David remarque, étonné, qu’une bouteille d’alcool au trois quart vide trône au milieu de la table basse. Patrick, d’une sobriété de chameau, a pourtant l’habitude de gérer toute les situations compliquées. David songe que Patrick s’est certainement saoulé, car cette situation-ci le dépasse. David doit loucher sur le rhum, car Patrick l’attrape et le lui tend. David refuse. Il ne se sent pas digne de partager cette bouteille alors qu’il a fait du tort à son ami.
Ils restent assis à se dévisager pendant plusieurs heures quand Patrick annonce : « T’as faim ? » sur un ton qui se veut agressif. David émet alors un cri en opinant. Patrick se dirige vers son frigo, en sort un mixture étrange qui doit être une sorte de gaspacho. Il attrape un brugnon qu’il envoie à David qui l’attrape à la volée. Il n’a pas perdu ses réflexes. Il dînent puis font une partie d’échecs. David gagne contre Patrick pour la première fois de sa vie. Serait-ce dû à l’ivresse de Patrick ? Puis ce dernier regagne sa chambre en titubant. David est heureux de s’être réconcilié avec son ami. Il a fait une erreur, son apparence en est changée et il doit désormais vivre avec.