Nouvelle 5 : Quand la neige tomba sur Paris
C’était un vendredi soir de septembre. Il pleuvait, il faisait assez froid, et deux amis qui sortaient de l’ordinaire se baladaient sur le quai de la Seine, avec le bruit des voitures incessants à leur côtés. Ils n’avaient pas l’air de presser le pas malgré la pluie qui se mettait à tomber de plus en plus fort. Les deux personnages étaient amis depuis maintenant bien longtemps, environ cinq ans. Ils s’étaient rencontrés lors d’un festival. Ces derniers n’avaient pas souvent l’occasion de se voir, une fois tous les six mois environ. Ils n’étaient pas forcément proches, et n’étaient pas souvent sur la même longueur d’onde, mais ce défaut faisait d’eux des personnes intéressantes. Quant à leurs discussions, elles pouvaient parfois partir très loin…
Les deux amis sillonnaient la ville de Paris depuis le début de l’après-midi et ne cessaient de discuter. L’un s’appelait Kevin, c’était un jeune homme, la trentaine environ, il habitait dans le dix-septième arrondissement et se mobilisait auprès de beaucoup d’associations pour la lutte contre le réchauffement climatique. L’autre était un homme au nom de Benoît. Il avait dans la trentaine lui aussi. Benoît était un homme qui vivait au jour le jour et ne se souciait pas de grand-chose. Il n’avait pas réellement d’objectif dans sa vie ni de compagne… C’était un garçon plutôt aisé, il habitait dans le seizième arrondissement de Paris. Il occupait un très bel appartement. Cet homme était plus du style à ne pas vouloir trop faire part de son argent aux autres personnes. Il avait de fortes dépendances aux drogues, et ça lui arrivait d’avoir de fortes hallucinations. Ce n’était pas pour autant que la complicité entre les deux jeunes amis était détériorée, Kevin s’y était habitué, à la dépendance de Benoît.
Depuis maintenant deux heures, les hommes débattaient sur un sujet que Kevin défendait, le réchauffement climatique. Les deux homme se mettaient à hausser la voix de temps en temps lorsqu’ils étaient en désaccord. La discussion durait et n’en finissait pas.
« Les ours doivent être protégés et ne pas subir tout ce réchauffement climatique, il faut préserver leur habitat dit Kevin d’un ton ferme.
– Je n’y crois pas un seul instant que tu puisses être aussi accroché à des peluches qui tuent des humains chaque année,» dit Benoît d’un air moqueur.
La discussion commençait à s’envenimer tandis que, tout à coup, il se mit à neiger…
« Regarde, qu’est-ce que tu me racontes, il neige même ici, tu n’as aucun souci à te faire pour ces soit-disants ours qui vont mourir à cause du réchauffement climatique, s’exclama Benoît
– Mais ce n’est pas parce qu’il neige pour une seule fois depuis deux ans que cela ne veut pas dire que la situation est normale. Elle est même critique actuellement … Tu confonds tout Benoît, tu es têtu comme je n’ai jamais vu ! En te parlant, j’ai l’impression de parler à un mur ! Tu ne comprends pas grand-chose quand je te parle ! s’exclama Kevin d’un air énervé
– Allons cher ami, nous n’allons pas nous quereller pour si peu. Tiens, faisons une bataille de neige. Rien de mieux pour apaiser les tensions et puis comme vous les dîtes, c’est rare qu’il neige. Autant en profiter, vous ne pensez pas ? interrogea Benoît
– Si, vous avez bien raison allons donc nous amuser.»
Les deux amis se mirent à prendre une poignée de neige et chacun se batailler avec. Vers vingt-deux heures trente,, lorsque les deux amis rejoignirent leur domicile, des bruits de girofares se firent entendre dans tout Paris. Une voiture de police s’arrêta au milieu de la route et un policier dit au deux jeunes hommes d’immédiatement rentrer, car deux ours très offensifs erraient dans tout Paris. Les deux hommes se lancèrent un regard simultanément et se séparèrent, sans même se faire de signe…
Au beau milieu de la nuit, vers trois heures du matin, une sonnerie incessante du téléphone dans le salon réveilla Kévin. Il se leva, et répondit, à l’autre bout du fil. C’était son ami Benoît. Il était effrayé et au bord des larmes.
« Calme toi… dit Kevin d’un air rassurant. Que se passe-t-il Benoît ?
– Mes parents ne m’ont pas répondu de toute la soirée, je suis passé chez eux, tout l’appartement est saccagé…Dit Benoît tout effrayé.
– Tu as appelé les policiers pour qu’ils viennent constater la scène ? interrogea Kevin.
– Je ne peux pas Kévin…
– Pourquoi ça ? Hein, pourquoi tu ne peux pas ?
– J’ai retrouvé plusieurs traces de pas d’ours par terre, et j’ai aussi remarqué quelques griffures sur les murs de leur appartement…» dit Benoît d’une voix timide.
Kévin effrayé, laissa le téléphone lui glisser des mains, et resta figé sur place abasourdi par la nouvelle qu’il venait d’entendre. Le téléphone se mit à resonner encore une fois, Kévin pris le temps avant de répondre, puis il attrapa le téléphone d’une poignée sèche.
« Allô, Kévin c’est toi ? dit Benoît à l’autre bout du fil
– Oui c’est moi, écoute, on va faire quelque chose, tu restes sagement chez toi et demain matin à l’aube je passe te rendre visite pour voir si tout va bien et pour trouver ensemble la solution à ce souci, il se fait tard je suis fatigué je vais partir me coucher…» dit Kévin.
Kévin posa ensuite le téléphone brusquement sur son socle, et alluma le poste de télévision. A l’écran, une alerte d’haute importance, le nombre d’ours en liberté dans la capitale ne cessait d’augmenter. Kevin traumatisé par toutes ces nouvelles décida d’aller se coucher, il parvint à trouver le sommeil , mais avec difficulté.
Six heures venaient de sonner, Kévin était déjà debout, il prit un café, s’habilla et pris la voiture. Lorsqu’il arriva devant le domicile de Benoît, il faisait encore nuit, mais une lumière se faisait remarquer à travers la fenêtre de son appartement. Il décida alors de monter, puis toqua à la porte du domicile de Benoît. Ce dernier lui répliqua qu’il pouvait entrer. Kévin se déchaussa, et se dirigea vers la chambre de Benoît.
« Que se passe-t-il ? demanda Kévin.
– Je n’ai pas dormi de la nuit, je me sens pâle et j’ai chaud, je ne me sens pas parfaitement bien… »
Effectivement, Benoît n’avait pas l’air complétement dans son assiette, Kévin prit la décision de lui préparer un café, il se dirigea dans la cuisine, quand tout à coup, il vit une marque de griffe qui avait totalement arraché la tapisserie… ce dernier resta figé pendant plusieurs secondes devant le mur entièrement délabré… Il retourna alors dans le salon et interrogea Benoît, mais lorsqu’il arriva, les cheveux de Benoît étaient devenus gris, la totalité de son visage était bientôt entièrement velu… Kévin, effrayé demanda à Benoît ce qu’il lui arrivait, mais ce dernier restait muet et se métamorphosait de plus en plus. Kévin pris de peur, prit alors la décision de sortir et d’observer la scène de l’extérieur.
Kévin blasé par le comportement inhabituel de Benoît restait cloitré sur le palier l’observant à la fenêtre, quand tout à coup… Benoît se leva brusquement.
« C’est un ours ! C’est un ours ! » dit Kévin effrayé
Benoît était devenu un ours gigantesque, il était entièrement velu d’une fourrure blanche, de grosses pattes avec de grands ongles et de grands doigts aiguisés. Kévin, dépassé par les événements, décida de quitter le bâtiment et de rentrer chez lui.
Lorsqu’il fut arrivé chez lui, Kévin prit un verre et d’une seche gorgée, il finit la bouteille de J***D*** encore présente sur la table. Il s’assit sur le fauteuil de son salon et se mit à raisonner jusqu’à trouver une explication à cette scène surnaturelle.
Tout à coup, un flash lui vint à l’esprit : il se rappelait qu’hier, ses parents s’étaient métamorphosés en ours. Il se rappelait que ses parents étaient totalement inconscients sur la situation actuelle du monde et surtout celle des animaux. Benoît de même. Kévin fit alors la déduction que toutes les personnes qui se métamorphosaient en animaux était ceux qui était inconscients sur la situation actuelle du monde. Suite à ça, Kevin se raisonna et finit par se dire que qu’ils ne devraient peut-être pas être amis, car ils n’étaient absolument pas sur la même longueur d’onde… Kévin décida alors de vivre sa vie sans même essayer de retrouver ou de donner de nouvelles à Benoît. C’est alors ainsi que se termina leur histoire.