Nouvelle 10 : La prise de conscience

Deux lycéens, préparant un devoir de SVT. Chacun d’eux était différent : Nicolas, lui était curieux, altruiste, déterminé, il avait déjà des avis bien arrêtés sur un tas de sujets. Quant à Timothée, il était plutôt introverti et casanier. Pour lui, toutes causes qui ne le concernaient pas directement avaient peu d’importance. Autant dire qu’ils avaient tous les deux un caractère bien trempé. Outre leurs différences, ils étaient amis depuis l’enfance.

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Ce jour là ils se retrouvèrent à la bibliothèque pour faire des recherches sur l’exposé qu’ils avaient à rendre. En feuilletant un magazine, Nicolas tomba sur un sujet qui attira son attention : la pollution des océans…

« Tu as lu le magazine Geomag de ce mois-ci ? Il y a un article sur la pollution marine. Je trouve ça inadmissible que les hommes continuent à polluer les océans, sans réagir.

– Bah, pourquoi tu t’énerves, ce n’est pas si grave, ce n’est pas une seule bouteille en plastique qui va polluer cette quantité d’eau.

– Comment peux-tu dire ça, vu le nombre de personnes sur la planète, si tout le monde jette ses déchets dans les océans, la faune et la flore marines n’existeront plus.

– En quoi cela va nous impacter ? Ça ne sert à rien de défendre une cause par laquelle on n’est pas concerné !

– Nous sommes tous responsables de l’avenir de la planète. Si tout le monde déverse ses déchets dans l’océan, les animaux ne survivront pas, les pêcheurs perdront leur emploi et le tourisme cessera. »

Timothée toujours aussi ennuyé par le sujet son exposé, n’était pas d’une grande aide pour Nicolas et ne l’écoutait que d’une oreille tout en répondant avec nonchalance.

« Je ne pense pas qu’on en arrive jusque-là. De toute façon, si tu ne manges pas de poissons et que tu ne pars pas en vacances au bord de la mer, ça ne va pas te déranger.

– Tu ne peux pas être aussi individualiste ! L’impact serait mondial, tout l’écosystème et la survie de l’homme sont menacés. Je ne veux pas te contredire, mais c’est juste que tu ne peux pas défendre les personnes qui polluent seulement parce que cela ne t’affecte pas. Il n’y a pas que toi au monde !

– Je sais très bien que la pollution est néfaste pour la faune et la flore ainsi que pour certains emplois, comme la pêche, mais ce n’est pas pour autant que j’irai défendre cette cause. Si je m’en tiens aux magazines et à d’autres comme toi, dans trente ou cinquante ans, le monde ira très mal et ne pourra plus être sauvé, mais moi je serai peut-être mort ou trop vieux.

– Et tes enfants et petits-enfants tu y as pensé ? Fataliste comme tu es, cela ne m’étonne pas que tu ne fasses pas plus d’efforts que ça. Tiens par exemple prenons la tortue, outre le fait qu’elle meurt naturellement, lorsqu’elle voit un sac plastique ça s’apparente à une méduse donc elle le mange et s’étouffe. Même si ce n’est qu’un infime problème, ce n’est pas le seul. Et puis tout est lié, le réchauffement climatique, la pollution, les émissions de carbone…

– Que veux-tu, ce sont les hommes qui sont à l’origine de tous ces problèmes. Contrairement à toi, je pense que deux élèves de plus ou de moins ça ne changera pas grand-chose. Le fait que des déchets soient déversés sur les plages ou dans les océans ne doit pas autant nous inquiéter, surtout vu notre âge. Sans vouloir défendre toutes ces personnes, si le fuel est déversé dans les mers et océans c’est parce que faire dégazer son bateau au port coûte très cher donc les pêcheurs et les marins le déversent dans la mer pour éviter de payer. Pour eux, quelques litres de fuel qui coulent dans la mer n’est pas grand-chose par rapport à la quantité d’eau.

– Oui mais si tout le monde fait ça ce n’est plus quelques litres, mais plutôt quelques milliers de litres qui couleront dans la mer. Et bien, je vais t’emmener au bord de la plage et tu verras la quantité astronomique de déchets qui se retrouve sur le sable.

– Si tu y tiens, c’est d’accord, allons-y. »

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Nicolas et Timothée partirent en direction de la plage. Arrivés, ils virent tous les deux des bouteilles, des sacs, des algues et autres déchets qui bordaient la mer. Malheureusement de l’endroit où ils étaient postés, ils ne voyaient pas grand-chose, car un panneau : « Danger méduses » leur barrait la route.

« Regarde tous ces déchets qui ont échoué. Si tu compares une méduse à un sac plastique, quand il n’y en a qu’une ou des centaines ça ne fait rien, mais si elles venaient à se reproduire et à grossir elles recouvriraient la totalité de la surface de l’océan.

– Si, si encore des si. Ce n’est que des suppositions que tu fais. Regarde là, il y a une méduse d’échouée sur le sable, et bien tu vois comme ça, ça en fait une de moins dans l’eau. »

Le ton ironique et sarcastique que Timothée employa déplut à Nicolas.

« Ne dit pas n’importe quoi, surtout ne t’approche pas ce n’est pas pour rien que sur le panneau il y est écrit « danger », ces méduses doivent piquer. Alors, n’y touche pas et allons autre part.

– Te connaissant, cela m’étonne que tu ne veuilles pas la remettre à l’eau, Monsieur le défenseur des causes perdues !

-Et bien toi, vas-y jette là à l’eau, au moins on saura que tu peux faire quelque chose de bien qui ne te concerne pas.

– C’est blessant, encore plus venant de toi, mais si tu y tiens j’y vais. »

 Nicolas soupira…

« Aie ! elle m’a piqué, ah ça brûle. »

Quelques instants plus tard… Après que Timothée fut piqué par la méduse, son pied commença à gonfler. Nicolas, lui, se sentait coupable de l’avoir envoyé remettre la méduse à l’eau.

« Ne touche pas à ta piqure, sinon elle va te faire encore plus mal.

– Je ne sens plus mes jambes, aide-moi… »

Il s’étala sur le sable.

« Pourquoi parles-tu aussi lentement ? »

Timothée, par terre, devenait de plus en plus blafard et tous ses os se transformaient peu à peu en gelée. Aucun d’eux ne comprenait ce qui se passait. Timothée était devenu une méduse, cela était par évidence dû à la piqure.

 « Oh mais que t’arrive-t-il ? que se passe-t-il ?

– Nicolas, aide-moi s’il te plait ! »

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Des centaines de questions défilaient dans la tête de Nicolas, mais la plus importante était : comment allait-il faire pour expliquer ce qui s’était passé ? Il prit son ami, maintenant devenu un énorme mollusque, dans ses bras et l’emmena à l’écart de toutes personnes qui se trouvaient aux alentours.

Les jours défilaient, et Timothée était toujours piégé dans le corps de la méduse. Plus le temps passait, et plus les deux adolescents perdaient espoir. Nicolas, avait attaché un bracelet autours d’un des tentacules de son ami afin de le reconnaître et l’avait mis à l’eau. Pour Timothée, les jours dans ce vaste océan lui paraissaient des semaines, et les semaines des mois… avec tout ce temps devant lui, il avait eu le temps de réfléchir et d’observer ce qui l’entourait. A la surface de l’eau, des tonnes de déchets flottaient, ce qui faisait prendre conscience à Timothée qu’il avait minimisé l’état de la pollution, et les actes de l’homme sur l’environnement. Tout ce que Timothée avait pu dire lorsqu’il cherchait des arguments pour son exposé n’avait maintenant plus aucun sens.  En seulement quelques jours dans un environnement différent, il avait changé d’état d’esprit.

Tout à coup, sans que Timothée pût comprendre ce qu’il se passait, des bras puis des jambes commencèrent à apparaitre sur son corps. Plus il se rapprochait du rivage, et plus il retrouvait son apparence passée. Nicolas, qui venait sur la plage tous les jours depuis que son ami avait rejoint les océans, vit Timothée qui s’avançait sur le sable…

Dorénavant, Timothée avait compris que s’il voulait garder son côté humain, il devrait consacrer plus de temps au sort des autres et de l’environnement. Préserver les océans était devenu sa priorité.

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