Nouvelle 11 : Les hyènes

            C’était une journée ensoleillée, assez rare pour un automne comme celui de 2019. Le soleil illuminait Calais, les habitants sortaient, se promenaient sur les plages. Ça faisait maintenant trente jours qu’il n’avait pas fait beau. À cette occasion, Romuald avait donné rendez-vous à son ami, Silvain dans un café du centre-ville. Il l’attendait à une table sur la terrasse, en lisant le journal du jour. Quand il arriva, ils se saluèrent et commandèrent une boisson. Les deux hommes avaient trente-cinq ans, Romuald était grand, les cheveux blonds. Il était habillé en short, T-shirt pour profiter la chaleur de cette belle journée. C’était une personne calme et ouverte d’esprit qui profitait de la vie. Silvain, lui était brun, un peu plus petit que Romuald. Il était plutôt sanguin et un peu égoïste mais restait tout de même amical. Silvain et Romuald se connaissaient depuis qu’ils travaillaient ensemble dans la même pharmacie.

            Romuald montra son journal à Silvain et lui dit :

           « Tu as vu ça, des hyènes ont attaqué un camp de migrants cette nuit.

           – C’est fou, comment sont-elles arrivés là ? Ce n’est pourtant pas du tout leur milieu de vie naturel,» rétorqua Silvain.

           Soudain un gendarme arriva en courant sur la terrasse, il était essoufflé. Il s’assit et commanda de l’eau à un serveur. Romuald lui demanda :

           « Que vous est-il arrivé ?

           Il lui répondit :

           – J’ai vu des hyènes qui essayaient d’attaquer un camp de migrants. J’ai voulu intervenir pour défendre le camp, mais deux d’entre elles ont commencé à me chasser. J’ai donc couru aussi loin que je pouvais pour les semer et je suis arrivé là. »

           Au même moment, trois hyènes déboulèrent dans l’allée et partirent dans la direction d’où venait le gendarme. Romuald s’exclama :

           « Encore ! Mais où vont-elles ?

           – Elles vont sûrement aller se joindre à celles déjà présentes au camp,» répondit le gendarme.

            Romuald demanda à Silvain

           « Tu ne trouves pas ça bizarre, que les hyènes s’attaquent aux camps de migrants ? On dirait des attaques ciblées.

           – Tant mieux, au moins ils vont peut-être enfin partir grâce à ces hyène, répondit Silvain.

           – Ne dis pas ça, ils n’ont rien fait de mal, ils ne méritent pas d’être traités comme ça.

           – Ils profitent des aides du pays. Ils ne travaillent pas, ils nous envahissent !

           – Ils fuient leurs pays frappés par la violence et la guerre. C’est notre devoir de les accueillir.

           Silvain haussa le ton

           – C’est leur faute s’il y a des problèmes économiques !

           – Mets-toi à leur place, tu ne te rends pas compte de cette chance que tu as d’être né dans un pays libre. Certains n’ont pas eu cette chance.

           – Tu es bien naïf, ils sont venus pour faire des attentats, ils sont dangereux.

           – Tu vrilles complétement Silvain, je ne te reconnais plus »

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            Soudain Silvain tomba de sa chaise. Il se mit à quatre pattes. Des poils oranges et noirs commencèrent à pousser sur son corps à une vitesse ahurissante. Le bas de son visage s’allongea, son nez s’aplatit et prit une couleur noire. Ses oreilles s’agrandirent et prirent un forme ronde. Le blanc de ses yeux devint noir. Ses dents poussèrent et devinrent plus pointues. Ses jambes raccourcirent pour être de la même taille que ses bras. Ses orteils et ses doigts rétrécirent. Ses ongles devinrent de plus en plus fins et pointus jusqu’à en devenir des griffes. Une queue poussa dans le bas de son dos. Son dos, sa queue et sa nuque étaient maintenant complètement recouverts par des poils ébouriffés. Des poils plus courts avaient fini de pousser sur tout son corps : Sivlain était devenu une hyène. Il partit en direction du camp en courant, laissant derrière lui un tas de vêtements.

            Romuald, choqué, regarda le gendarme et lui demanda :

           « Avez vous vu la même chose que moi ?

           Le gendarme lui aussi choqué lui répondit :

           – Je crois bien que oui.

           – Je ne peux pas le laisser partir comme ça sans explications : je vais le suivre. »

           Romuald partit en courant vers Silvain, mais il était bien trop rapide. Romuald le perdit de vue quand il tourna au coin de la rue. Il arriva au coin où Silvain avait disparu et tourna du même côté. Il découvrit alors avec stupeur une centaine de hyènes encerclant le camp de migrants. Il entendit des cris de panique et il se dit :

           « Après avoir échappé à la guerre et la violence, il sont maintenant discriminés. Et dire qu’en venant en France, ces migrants pensaient qu’ils allaient avoir une meilleure vie… »

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