Nouvelle 15 : Dans la forêt amazonienne

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Dans la forêt amazonienne, la plus grande au monde, située en Amérique du Sud, comportant des millions d’espèces et des arbres à perte de vue, habitait depuis longtemps un peuple indien. Mia et sa famille demeuraient avec la famille Carolin dans cette forêt. Ils faisaient partie de ce peuple d’indien très ancien, ils étaient probablement les derniers de leur génération. Malheureusement, leur habitat se réduisait au fur et à mesure. En effet, des milliers d’arbres étaient coupés chaque jour, ce qui les obligeait à changer de campement. Les deux familles étaient liées depuis très longtemps, Mia avait grandi avec Maria, elles étaient inséparables, elles avaient toutes les deux seize ans.

Maria était grande et mince, avec un visage ovale et très souriant. Ses yeux étaient de couleur marron, elle avait les cheveux bruns et ondulés qu’elle attachait toujours en chignon. Elle portait une montre qui lui avait été offerte par son père pendant l’été 2010. Mia, elle, était petite et assez corpulente, son visage était plutôt rond et bronzé avec des fossettes aux joues. Ses yeux étaient de couleur vert émeraude, elle avait les cheveux châtain clair et très bouclés.

Les deux familles habitaient la partie de la forêt la plus humide. Ils cohabitaient avec des singes, de multipes oiseaux mais également des animaux plus dangereux comme les serpents. Ils tentaient de protéger les espèces en voient de disparition, mais certaines espèces avaient totalement disparu, comme le caméléon. Ils se nourrissaient de ce que la nature leur offrait : des fruits, des animaux et toutes sortes de plantes.

Mia et Maria s’étaient éloignées du campement pour récolter des mangues. La forêt était calme, les premiers rayons de soleil apparaissaient, on pouvait entendre le chant mélodieux des oiseaux confondu avec les bruissements de feuilles. Mia aida donc Maria à saisir les mangues qui étaient à deux mètres du sol. En rentrant au campement avec un panier bien rempli, elles entendirent un bruissement qui attira leur attention. Elles s’approchèrent du bruit qui s’intensifiait de plus en plus. Elles étaient maintenant proches. Soudain elles virent surgir de nulle part un caméléon qui attrapa une sauterelle au vol et elles n’eurent même pas le temps de s’avancer, qu’il avait déjà disparu.

            « Un caméléon ! dit Mia.

– Un caméléon ! répéta Maria.

– Mais… Je croyais qu’il n’y en avait plus.

– Oui, l’espèce a totalement disparu, répondit-elle.

– Alors, comment est-ce possible ? songea-t-elle.

– En tous cas, je suis sûre de ce que j’ai aperçu, affirma-t-elle.

– Oui, pourtant ce n’est pas possible.

– Devrions-nous en parler à nos parents ? demanda Maria.

– Non je ne pense pas car ils ne nous prendraient pas au sérieux.

– Oui tu as raison. Rentrons à présent, ils vont commencer à s’inquiéter. »

Le lendemain Mia, Maria et leurs familles durent encore changer de campement. Cela faisait trois fois en un mois.

« Je n’en peux plus de devoir changer de campement tout le temps, dit Maria.

– Oui moi aussi. Il faudrait que l’on essaye de se battre contre ceux qui détruisent la forêt petit à petit. Cette forêt ne leur appartient pas, ils n’ont aucun droit, répondit Mia.

– Cela ne résout rien de se battre, il faudrait juste quitter la forêt, fit-elle.

– Tu ne peux pas dire cela. C’est notre maison ! Il faut la protéger, dit Mia, légèrement irritée.

– Alors dis-moi à quoi cela servirait de se battre ? demanda-t-elle.

– Si on ne se bat pas, bientôt la forêt qu’on a connue n’existera plus. Des millions d’espèces auront disparu comme le caméléon, la plus grande forêt sur Terre sera détruite et cela aura des conséquences négatives pour tous. Et toi tu préfères t’enfuir plutôt que de la sauver ? dit-elle déterminée.

– Je le sais très bien tout ça Mia, mais si notre vie doit en coûter, oui je préfère m’enfuir et dois-je te rappeller que les caméléons n’ont pas disparu. Souviens toi, le caméléon qu’on a vu hier.

– Même si la vie m’en coûte, il faut sauver la faune et la flore. On ne peut pas les laisser périr sans agir et pour en revenir au caméléon, nous ne sommes pas sûres de ce que nous avons vu !

– Je sais que toi tu es quelqu’un de très déterminé… dit-elle sans avoir le temps de finir sa phrase.

– Toi tu n’es pas empathique et tu es égoïste, tu laisserais la forêt de notre enfance être anéantie à jamais, fit-elle en lui coupant la parole.

– Tu es odieuse, tu ne peux pas comprendre que quelqu’un a peur et préfère la vie à la mort. De toute façon si nous sommes seulement cinq à nous battre, on ne pourra rien changer, dit Maria en colère.

– Tu es défaitiste. On peut trouver plein d’autres personnes qui défendent la même cause que nous et qui accepteraient de nous aider. La forêt en a besoin et si on veut toujours y habiter, il faut agir Maria, s’écria Mia.

– Tout le monde ne peut pas être toujours d’accord avec toi et je ne pense pas que les parents soient d’accord avec ça.

– Je sais que les parents ne sont pas d’accord, mais comme je te le répète, il faut la sauver et vite, hurla Mia.

– Si tu veux la sauver c’est ton choix, mais ce sera sans moi, » vociféra Maria en s’éloignant.

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Maria continua de marcher sans se retourner. Elle était maintenant seule. Elle commença donc à s’inquiéter et à crier pour qu’on l’entende. Elle repensa brièvement à la discussion de tout à l’heure et se mit à pleurer tout en affirmant que Mia avait tort et que c’était elle qui avait raison, qu’elles n’étaient pas assez fortes pour affronter toutes les personnes qui détruisent la forêt. Après s’être calmée, elle se rendit compte qu’elle était vraiment perdue. Soudain elle commença à sentir des bourdonnements dans ses oreilles qui devenaient de plus en plus conséquents. Sa peau était devenue verdâtre et s’épaississait au fur et à mesure jusqu’à devenir rugueuse et totalement verte avec des motifs jaune et gris. Elle se tassa de plus en plus jusqu’à obtenir une très petite taille. Une longue queue de caméléon apparut et ses membres se transformèrent en petites pattes au bout desquelles on pouvait distinguer des griffes. Quant à ses yeux, ils devinrent globuleux et colorés. Maria était maintenant un caméléon.

Mia et tous les autres cherchaient désespérément Maria. Sur leur passage, plusieurs caméléons déambulaient à côté d’eux. Ils avaient l’air effrayés, et certains portaient les accoutrements des ouvriers qui étaient chargés de couper les arbres. La nuit commençait à tomber. Mia et le reste du groupe décidèrent donc de continuer à chercher Maria le lendemain.

Le lendemain Maria était de nouveau elle-même, elle avait retrouvé sa famille. Tout était redevenu normal, hormis le fait que toutes les personnes ayant étaient transformées, celles qui n’aimaient pas vraiment la nature, maintenant avaient une vision différente de la forêt et de tout ce qu’elle abrite. En effet, ils se sont rendus compte, que sans arbres, il était vraiment difficile de se cacher des prédateurs. La forêt était dès à présent paisible, sans bruit d’engins, sans peur et sans chaos.

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