Pourquoi on a de la musique au collège, ça ne sert à rien?

Ah bon?

Dans un premier temps, remontons, loin, très loin… à l’Antiquité et plus particulièrement chez les Grecs. Les enseignements dispensés à une toute petite partie de la population se divisaient ainsi:

Le trivium des arts d’un côté:
– la grammaire
– la rhétorique
– la dialectique

Le quadrivium des sciences mathématiques de l’autre:
– la géométrie,
– l’arithmétique,
– l’astronomie
– la musique, et oui, elle était déjà là!!!

Lui, c’est Pythagore →
Mathématicien, il théorisait, pas seulement     le triangle rectangle mais aussi la musique.

 

Archytas (vers 360 av. J.-C.)«  Les mathématiciens, à mon avis, savent bien discerner et comprendre comme il faut (et cela n’est nullement surprenant) la nature de chaque chose (…). Aussi, touchant la vitesse des astres, de leur lever et de leur coucher, nous ont-ils donné une connaissance claire, tout autant qu’en géométrie plane, en arithmétique et en sphérique, sans oublier non plus la musique. Car ces sciences semblent sœurs, puisqu’elles s’occupent des deux premières formes de l’être, qui sont elles-mêmes sœurs. »

Puis, au fil des siècles, la musique est devenue un art plutôt élitiste,  pratiquée, comprise et transmise dans les milieux aisés.  On parle d’ailleurs de musique savante.  Ce n’est pas anodin, elle nécessite des compétences, du savoir pour l’apprécier. Le peuple plus modeste chantonne des chansons à l’opposé dites populaires, mais il ne connait pas les théories de compositions, ne pratique que très peu d’instruments et n’accède pas aux subtilités musicales qui restent réservées aux initiés.

De nos jours, la musique est devenue d’abord source de plaisir et de divertissement, d’où la fameuse phrase que tout professeur de musique a déjà dû entendre “on s’en fout, c’est de la musique, c’est secondaire, ça ne compte pas”. Moi je l’ai entendu des dizaine de fois. Déjà, si elle compte comme toutes les autres matières et justement, elle n’est pas au collège pour rien. Grâce aux scientifiques, on s’est aperçu des bienfaits de la pratique de la musique dans nos apprentissages qui la rendent nécessaire:

SUR LE PLAN INTELLECTUEL :
On relève généralement un lien entre l’apprentissage de la musique, des mathématiques et des langues. (comme les grecs il y a plus de 2000 ans dis donc!!!)  D’autre part, on remarque que l’autodiscipline acquise lors de l’apprentissage musical agit considérablement sur le taux de réussite d’un élève. En effet, des études montrent une amélioration moyenne de quinze points de pourcentage des résultats scolaires entre un enfant chanteur et un enfant non chanteur. Selon certains neurologues, cela serait dû au fait que la musique contribue à l’augmentation des performances cérébrales en développant l’interaction entre les deux hémisphères.

SUR LE PLAN PERSONNEL :
La musique contribue fortement au développement de la personnalité, d’un équilibre entre l’intellect et les émotions. Des études démontrent que l’esprit scientifique intervient quant à l’appréhension de l’univers et que les
qualités artistiques vont justement permettre de donner un sens à cet univers.
La musique permet notamment à l’élève qui doit se présenter publiquement lors de concerts de classes, de fin d’année ou autres, de développer un contrôle de ses émotions, une confiance en lui, une assurance, une habileté à communiquer, à s’exprimer grâce à la pratique d’une discipline artistique.

SUR LE PLAN AFFECTIF :
La musique permet aux jeunes de s’exprimer, particulièrement à certaines étapes de leur développement pendant lesquelles ils peuvent vivre des difficultés de communication. La pratique chorale développe chez les enfants des aptitudes à la vie en société et aux échanges indispensables à
la construction de sa citoyenneté. Un chœur est une société où le maître mot est respect, respect des autres, mais aussi respect de soi.

SUR LE PLAN PHYSIQUE :
Une pratique vocale quotidienne permet à l’adolescent de prendre conscience de son corps et de sa respiration, facilitant grandement l’acceptation de soi. 
En favorisant une motricité habile et fine, le chant assouplit également les tensions inhérentes à la scolarité de l’enfant. Cette détente améliore considérablement les apprentissages dans les autres
matières où les élèves doivent rester statiques pendant de longues périodes.

SUR LE PLAN CULTUREL :
La culture savante, c’est-à-dire la connaissance du monde par le biais de l’affirmation d’une sensibilité artistique, est un rempart à la barbarie humaine sous toutes ces formes. Ainsi, l’appréhension d’un répertoire éclectique allant du répertoire classique à la musique contemporaine, en passant par les musiques traditionnelles extra-européennes, ouvre l’élève sur le monde et sur les autres.

Alors… pourquoi la musique au collège? Pour que tout le monde ait les mêmes chances de réussite et accès aux mêmes repères culturels. Se confronter au beau et aux secrets des créations musicales est un droit de tout un chacun en France, profitons-en.

Et… ça sert à rien? J’espère que ma démonstration vous a convaincus et si ce n’est pas le cas, personnellement je trouve qu’elle sert aussi à se faire plaisir, et c’est déjà bien, profitons de ce bon moment.