Pour profiter sans danger de l’éclipse de Soleil du 20 mars dernier, il était obligatoire de se munir de lunettes de protection ou de fabriquer soi-même un sténopé1. Malheureusement, la majorité des professeurs de physique-chimie, les rectorats et le ministère n’ont pas anticipé ce phénomène et se sont retrouvés à cours de lunettes de protection.
Ici, la logique voudrait que ceux qui ont réussi à se procurer les lunettes puissent profiter de l’éclipse et tant pis pour les autres ; ils auraient dû être prévoyants… Mais ce serait trop simple. Le ministère a donc décidé de confiner les élèves dans les salles de classe, volets fermés et rideaux tirés, et de décaler les récréations pour TOUS les élèves de France, y compris dans les établissements en possession du matériel adéquat !
Mais le comique de la situation ne s’arrête pas là car le 20 mars, en levant les yeux au ciel vous auriez vu des nuages, des nuages et encore des nuages. Aucun rayon de Soleil à l’horizon ce jour là, donc pas d’éclipse visible, donc aucun risque de brûlure. Malgré tout, les consignes de sécurité du ministère ont été maintenues.
Ainsi à Saint-Aigulin (où nous avions tout le matériel nécessaire pour que chaque élève puisse regarder l’éclipse en sécurité) les élèves fuyaient une lumière qui n’était pas là, traversaient la cour restée sombre avec des lunettes de protection, baissaient la tête lorsqu’ils auraient pu lever les yeux.
Toutes ces mesures de prévention se sont révélées inutiles mais surtout contre-productives. Dans un pays où les jeunes ne sont plus attirés par les sciences, on décide de supprimer l’accès à un phénomène naturel, beau, rare et gratuit sans donner d’explication. Une réflexion en amont avec les élèves sur la nature de la lumière, des éclipses et de leur danger aurait été plus pertinente. En agissant de la sorte, nous ne valons pas mieux que les Incas du « Temple du Soleil » qui, à défaut de comprendre les éclipses, hurlent de peur devant l’inconnu.
1sténopé : dispositif optique permettant de projeter l’image du Soleil sur un écran.
Mathieu BOUSQUET