L’année 1917 est une année terrible pour l’armée française après l’échec tragique de l’offensive Nivelle au chemin des Dames à partir du 16 avril 1917. Les mutineries éclatent dans de nombreux régiments. Le général Pétain devient général en chef et reprend une armée française dans une situation périlleuse, comme à Verdun en février 1916.
Sara M, élève de première nous livre un extrait de ses archives familiales, concernant son arrière arrière grand père. tué en Champagne en mai 1917.
Reconstitution à la mémoire du lieutenant colonel Biraud, chef du corps du 33e RA de Poitiers. tué le 2 août 1917 à Craonne. Ce sont surtout les officiers subalternes et les sous-officiers, les encadrants qui meurent plus que les officiers d’Etat major où les officiers supérieurs. Cela n’empêche pas certains d’entre eux de payer de leur personne.
La femme du colonel Biraud reçoit une lettre du capitaine Villoutrez, un de ses adjoint, le 6 novembre. Cette lettre est un témoignage.
« Ayant eu l’honneur et la douleur de me trouver aux côtés du colonel Biraud quand il a été frappé, je me fais un devoir de venir vous parler de ces derniers moments. Le 2 Août, j’accompagnais le colonel, qui, suivant son admirable habitude, partit pour une reconnaissance de première ligne sur le plateau de Californie, au nord ouest de Craonne. Les attaques allemandes de la fin juillet avaient bouleversé nos organisations et la tranchée de première ligne, récemment creusée était encore peu profonde et mal aménagée. Le colonel regardait constamment au dessus du parapet reconnaissant tous les détails des nouveaux travaux de l’ennemi. Il le faisait avec son tranquille courage coutumier de ces expéditions hasardeuses comme celui qui connaît son devoir et l’accomplit jusqu’ au bout. Tout à coup, des tranchées allemandes distantes de moins de 50 mètres une balle partit et vint frapper notre cher colonel au front sous la visière de son casque. Il s’affaissa dans un soupir J’étais tout près de lui; je me précipitais: toute trace de vie avait disparue et je ne pus que pleurer sur le cadavre de notre chef bien aimé.Depuis 6 mois qu’il avait eu la bienveillance de m’appeler dans son état-major, il faisait preuve à mon égard, de la plus grande bonté : mes camarades et moi avions autant d’admiration pour le chef que pour l’homme. Tout le régiment l’a pleuré conscient de la perte qu’il avait faite. Je tenais madame, à apporter à vous et à vos enfants un témoignage de sa profonde sympathie. Cette mort héroïque plonge dans le deuil ses compagnons d’armes et l’armée française entière. »
Georges Patrier quant à lui, participe en 1917 à un conseil de guerre. Celui-ci révèle bien des misères et bien des tragédies. Mais ce témoignage souligne également aussi indirectement beaucoup d’actes généreux.
« Le 21 septembre 1917, je fais partie à SUIPPES d’un conseil de guerre. Nous avons à juger une douzaine de soldats, presque tous déserteurs, dont plusieurs ont des casiers judiciaires chargés. Deux ou trois, cependant, sont dignes d’intérêts et plus malheureux que coupables. Un fantassin, décoré de la croix de guerre, très bien noté de ses chefs est accusé d’avoir volé un revolver, au repos dans une baraque servant de magasin d’armes. Par contre à la dernière attaque, il est allé chercher dans les fils de fer le corps de son lieutenant, dont il était l’ordonnance, il a renvoyé au père de l’officier, un modeste facteur, le portefeuille douze cents francs. Inutile de dire que nous acquittons ce brave et le renvoyons absous à sa compagnie. Un autre de Marseille, deux fois déserteurs, très mal noté, frise le poteau et est condamné de justesse aux travaux forcés à perpétuité. »