Louise Tessereau, responsable de la cantine de la gare de Niort et infirmière témoigne:
« Vinrent les terribles journées de la Marne. Plus de mille blessés, exténués par quatre et cinq jours de voyage, avec des pansements hâtivement faits sur le champ de bataille, souvent trop serrés et parfois remplis de vers, attendaient sur la paille de wagons de bestiaux, parmi les voies de garage, que les hôpitaux de fortune fussent en état de les recevoir. Nos infirmières s’en occupaient avec dévouement. Ils avaient faim, ils avaient soif. Sous une pluie fine et continue, sans se laisser rebuter par la mauvaise odeur, par la gangrène, le tétanos, les infirmières, montaient de wagons en wagon, portant du lait, du bouillon, des grogs.
Ce furent des journées d’épouvante. Il arriva même qu’un convoi, alimenté dès le matin par la cantine de la Gare et dirigé sur Fontenay le comte en Vendée, revint à neuf heures du soir avec son triste cortège de blessés et de mourants, qui par suite de malentendus, n’avaient trouvé ni hospitalité, ni nourriture. Désespérés, ils demandaient à mourir plutôt que d’aller plus loin ? Que faire ? A Niort, les hôpitaux étaient débordés ! Nos infirmières improvisèrent une nouvelle distribution de boissons chaudes, et, vers minuit, averties par le médecin chef que les lits étaient préparés à la gendarmerie elles y conduisirent ces tristes épaves de la grande bataille, pansèrent leurs plaies, les veillèrent toute la nuit et revinrent les jours suivants, jusqu’à ce que d’autres infirmières fussent en mesure de les remplacer.
L’hiver 1914-1915 apportant une accalmie permit de se ressaisir et de s’organiser pour durer. »