Senteur d’un souvenir glacé

On m’a demandé de choisir une odeur…

Une odeur à décrire, à raconter, une odeur qui nous rappellerais un souvenir plaisant ou non.

Laquelle pourrais-je choisir ?

L’odeur des crins de chevaux qui me rappelle les tours de manèges au pas, les chutes, les bras cassés, les rires et les peurs ? Ou bien l’odeur de vielle maison chez ma grand-mère, qui me ramène à la période des jeux d’enfants, des balades sur l’étangs, des cris de joie et des pleurs d’adolescente…

Trop simple, facile, sans beaucoup de difficultés et sans réelles histoires à raconter.
Alors je vais vous parler d’une odeur bien précise, une que tout le monde connaît, une qui peut être agréable à certain ou alors insupportable pour d’autres. Une qu’on appellera “odeur de froid” car elle n’a pas vraiment de nom, chacun la respire comme il le sent.

Cette odeur je l’ai remarqué dès le plus jeune âge…

Elle représentait pour moi la présence paternel, le soir tard quand j’allais dormir, il entrait dans ma chambre pour me dire bonne nuit. Ile revenait de dehors, la nuit d’automne venait d’envelopper sa couche d’air frais autour de lui : sa peau en était imprégnée et quand il s’approchait pour me border je pouvais humer l’extérieur sans sortir de mon lit. Cela contrastait avec la température du foyer, j’avais pris l’habitude de respirer la chaleur du feu de bois et quand une goulée d’oxygène devenait aussi froide que la nuit, aussi froide que le métal lisse qui constitué le sommier de mon lit : alors le choc était intense, puissant, deux airs contraires déchiraient mes poumons.

Cette odeur paraît tellement dur à décrire, pourtant elle est si simple et futile : c’est comme une tourmaline, pierre noire aux reflets métalliques qui ressemble aux yeux vides et tristes des serpents. C’est comme le passage d’une porte en hiver tout simplement : vous êtes au sec, tempéature ambiante et dès l’ouverture, un coup de vent vous déstabilises, le froid de saison vous gifle d’un coup violent.

C’est comme le bleu, comme la nuit, comme la glace, comme la neige, comme le toucher, comme une caresse…

Courez dans la fraîcheur matinale, la chaleur de votre corps et le gèle de vos poumons vous ferons découvrir cela.
Ressentez-vous ? Respirez-vous ce parfum de pureté, de liberté?

 

source photo : @Photographie Vagabonde