Prix Renaudot 2008

Dessous , c’est l’enfer – Présentation

29 septembre 2008 par Admin · Pas de commentaire

C’est de folie qu’il s’agit, non pas la folie diagnostiquée, mais celle qui semble s’accommoder discrètement de la vie normale, tout en vous brûlant à petit feu .

Une femme écrivain observe son fiancé en silence . Elle tâche de le respecter. Sa soeur, sa mère et sa grand-mère le lui ont dit : l’amour qu’une femme doit à un homme commence avec le respect et finit avec la soumission . Mais le regard de l’écrivain est implacable . A ses yeux qui scrutent et épient, le fiancé n’a bientôt plus de corps, mais seulement des parties, des humeurs, des couleurs, des odeurs . Et comme elle dissèque mentalement sa carcasse , elle morcelle également son langage. Elle s’arrête sur ses balbutiements, s’attarde sur sa grammaire ou sa prononciation, son ridicule . Son esprit focalisé malgré lui sur tel détail rédhibitoire, elle ne voit plus l’homme. Alors elle le quitte . Pour un autre aperçu dans un café . Mais bien sûr elle emporte avec elle ce regard chirurgical qui la constitue, et auquel ce nouvel amant ne résistera guère mieux . 

Ici chaque scène du présent renvoie à des souvenirs familiaux lourds, les mollesses du père se mêlent au grotesque du fiancé, les voix de femmes de trois générations se confondent, dans la transmission maladive de l’incapacité d’aimer .

Dessous , c’est l’enfer est également une mise en abyme du style de Claire Castillon, de son obsession glaciale à tout noter, tout retenir,  tout ausculter, quitte à tout détruire . ( Fayard )

Catégorie(s) : Dessous, c'est l'enfer, Claire Castillon