À la manière de “Rhinocéros” de Ionesco : “Les rongeurs de bois”
Les rongeurs de bois.
Un petit village de cent habitants où l’on voit comme seul paysage un bois. Tous les habitants se connaissent et il n’y a jamais de conflits. Tous les samedis soirs, deux amis se rejoignent à la terrasse d’un café pour boire un verre et discuter. Deux amis nommés François et Robert. Ils ont la trentaine. Le dimanche matin les deux amis se retrouvent pour rendre visite à des personnes âgées. À la fin de leur visite, un bruit se fait entendre.
Scène 1
Robert : Quel est ce bruit ?
François : Allons prévenir cette dame de sortir de son domicile !
François sonne à la porte.
François : Bonjour Madame. Pourriez-vous sortir de votre maison pour des raisons de sécurité ?
La dame sort de sa maison. Quand le bruit s’arrête, un arbre d’une hauteur de cinquante mètres environ tombe sur la maison de celle-ci et la détruit.
La dame (d’un air étonné et le regard crispé.) : Ma maison est détruite ?
Scène 2
Le maire entre et interroge les deux amis.
Le maire : Que s’est-il passé ?
Robert : Cet arbre qui fait environ cinquante mètres est tombé sur cette maison.
Le maire : Savez-vous pourquoi il est tombé ?
François : On n’a entendu un bourdonnement important.
Le maire : Nous avons là un problème qui est inexplicable !
Le maire s’adresse à la dame.
Le maire : Madame !
La dame : Quoi ?
Le maire : Je vais prévenir un de vos proches pour vous héberger.
Scène 3
Depuis cet événement, tout le village s’inquiète. Des dizaines d’arbres tombent, cinq autres maisons ont été détruites et même des villageois et villageoises sont portés disparus. Le maire est en panique et ne sait plus quoi faire. Le samedi soir de la prochaine semaine, nos deux amis se retrouvent à la terrasse du café. Robert arrive mais François est en retard.
Arrivée de François.
Robert : Alors mon cher ? Vous êtes en retard aujourd’hui.
François : Oui, désolé. Je suis fatigué.
Robert : Je vois bien !
François : Je pense que la cause des arbres qui tombent, c’est à cause des termites.
Robert : Des termites ?! Vous me faites bien rire.
François : Ah bon pourquoi ?
Robert : Comment voulez-vous que des termites arrivent à creuser dans un arbre d’une largeur de cinq mètres ?
François : Si vous pensez que ce n’est pas des termites, vous pensez à quoi ?
Robert : Eh bien, c’est à dire que…
François (en train de l’interrompre.) : Vous-même, vous le savez pas !
Robert : Si ! Je pensais à des castors.
François : Des castors ?
Robert : Oui pour qu’ils fassent leur barrage.
François : Mon pauvre ami, vous savez très bien qu’il n’y a pas de fleuve ou de rivière. Comment voulez-vous qu’ils fassent leur barrage ?
Robert : Où alors, ce sont des personnes qui sont allées dans le bois et ils ont coupé des arbres.
François : Vous racontez n’importe quoi !
Très vite, la tension se fait entendre. Le maire entre.
Scène 4
Le maire : Un peu de calme, messieurs. J’ai demandé à des professionnels d’examiner les arbres et on aura une réponse.
Robert (à part.) : J’espère que j’aurai raison.
François, fatigué, se lève en faisant tomber sa chaise.
François : Mais c’est pas possible mon ami…
Robert (qui le coupe en haussant la voix) : Comment ça mon ami ?
Robert et François s’approchent et sont sur le point de se battre. Le serveur du café entre et s’adresse au maire.
Le serveur : Que se passe-t-il ?
Le maire : Ces messieurs se battent pour l’histoire des arbres.
Le serveur : Faut les arrêter !
Le maire et le serveur prennent chacun de leur côté un des deux hommes et les séparent. Les deux hommes rentrent chez eux et le maire est vraiment en panique et n’a plus les mots.
Le maire : J’ai peur que tout mon village entre en conflit.
Scène 5
Après le conflit entre François et Robert, les professionnels étudient les arbres. La conclusion, ce sont bien des termites les responsables de cet événement. François tient à aller chez Robert pour s’excuser. François arrive à la porte de la maison de chez Robert.
Robert (en criant bien fort) : C’est qui ?
François : C’est François !
Robert : Ah c’est vous, vous voulez quoi ?
François : Je veux vous parler.
Robert : Entrez !
Scène 6
François entre et remarque quelque chose de très inhabituel chez Robert.
François : Dites-moi : vous avez rapetissé ?
Robert (l’air surpris) : Vous trouvez ?
François : Oui. Vous avez même la voix aiguë.
Robert : J’ai pas dormi de la nuit.
François : Oui je vois bien : il est quinze heures, vous n’êtes même pas habillé.
Robert : Vous vouliez me dire quoi ?
François : Je tenais à m’excuser pour la dernière fois.
Robert : J’accepte vos excuses.
François : Le maire m’a dit pour les arbres. Je vais peut-être éviter de vous le dire ?
Robert : Non, c’est bon. Il me l’a déjà dit.
François : Ah d’accord.
Robert : J’ai mal à la tête.
François : Mon cher, vous avez mauvaise mine. Vous avez même encore rapetissé. Vous faites moins d’un mètre et votre voix est de plus en plus aiguë.
Des bruits de bourdonnement commencent à se faire entendre en dehors de la maison. François regarde par la fenêtre et voit des termites détruire des maisons.
François : Vous avez vu ça ?
Robert ne répond pas.
François : Robert ?
François se retourne et ne voit plus Robert il aperçoit quelque chose sur une chaise.
François : Tiens, un termite !
Il s’interroge.
François : Robert ? C’est vous ?
François paniqué sort le plus rapidement possible de la maison et rentre chez lui.
Scène 7
Une semaine plus tard, il reste deux personnes dans le village : François et le serveur du café. Le serveur vient rendre visite à François qui est réfugié dans sa maison. Le serveur arrive devant la porte et sonne.
François : C’est qui ?
Le serveur : C’est moi !
François : Qui ça ?
Le serveur : C’est moi le serveur !
François : Entrez !
Le serveur entre.
François : Vous venez pour quoi ?
Le serveur : Les termites ont détruit mon café. J’ai plus rien !
François : Mon pauvre homme…
Des bourdonnements se font entendre qui sont de plus en plus puissants. François regarde par la fenêtre.
François : Le village est envahi de termites. Il doit y en avoir un milliard.
François se retourne et ne voit plus le serveur.
François : Encore une personne qui s’est métamorphosée ! Je suis le seul ! Si je dois me métamorphoser il le faut !
Il s’assoit sur une chaise et attend.
François : Je ne me suis toujours pas transformé ! Je vais réessayer !
Il patiente encore.
François : Je ne me suis pas encore transformé. Je crois que je ne vais jamais me transformer !
Les termites détruisent la maison.
François : J’ai plus de maison. Il faut que je fuie !
Scène 8
François fuit le village. Tout le bois qu’il avait autour du village a été détruit. Dans la région, on n’y trouve que des termites. François est à bout de souffle et disparaît pour manque de nourriture.
RIDEAU !