Etes-vous déjà entré au TAP ? Vous avez sûrement assisté à un spectacle dans son enceinte, mais vous êtes-vous déjà demandé ce qui se cachait derrière la scène ?
Le théâtre et auditorium de Poitiers (TAP), inauguré en 2008 est un bâtiment labellisé par le ministère de la Culture. Ce bâtiment moderne et design dont l’architecture a été confiée à João Luis Carrilho da Graça a pour mission la création artistique et l’échange entre le public et les artistes. Ses coulisses, lieux où seuls les artistes et le personnel ont accès, recèlent de nombreux secrets.
Des espaces amenagés pour accueillir les artistes
Lorsque les artistes arrivent au TAP, ils sont accueillis dans une grande salle nommée le foyer des artistes, disposant de tout le nécessaire pour se détendre entre les répétitions et les spectacles. Le TAP peut accueillir jusqu’à 200 artistes, répartis dans des loges individuelles ou collectives. Les chefs d’orchestre logeant quelques temps au TAP peuvent bénéficier de loges avec piano pour répéter avec les solistes.
L’acheminement des décors
Le gros des décors des spectacles arrivent acheminés par des camions dans un espace appelé l’aire de retournement. Les finitions sont ensuite réalisées dans ce même espace.
Derrière les rideaux, un équipement sophistiqué
La scène de théâtre représente un travail important en amont. En effet, grâce à 54 perches contrebalancées manuelles, les spectacles avec nombres d’effets de lumière sont possibles. La contrebalance est assurée par un technicien appelé cintrier à l’aide de poids allant jusqu’à 18 kg, car de nombreux projecteurs et accessoires doivent être descendus sur scène par le biais de ces perches. Ce délicat équilibre à calculer suscite de grands cris entre les techniciens situés sur scène et les cintriers, perchés à 16 mètres au-dessus. «Tout technicien de théâtre débute d’ailleurs généralement sa carrière par la fonction de cintrier, en effet cela lui permet d’acquérir un certain sens des responsabilités et nécessite une bonne condition physique», explique Alexandre Husson, chargé de production au TAP.
Encore au-dessus des cintriers, se situe le Gril, appelée aussi cage de scène, où l’on trouve des moteurs à points fixe pouvant déplacer plus précisément des poids plus lourds. Lorsque la régie a besoin de s’installer dans la salle, comme c’est parfois le cas, 698 places restent disponibles dans le théâtre.
Une salle acoustique à la pointe
Quand le temps du spectacle est venu, après avoir traversé l’escalier aux papillons (œuvre de l’artiste Nuno Gusmão décorateur du TAP), les musiciens prennent leur envol jusqu’à l’Auditorium et ses 1 021 places dont 141 se trouvent au balcon. Cette salle est particulièrement adaptée à l’acoustique. En effet, entourée de panneaux de bois, elle permet d’emprisonner le son, optimisant l’harmonie musicale. Ce dispositif sophistiqué accueille surtout des orchestres symphoniques, mais également des concerts amplifiés comme par exemple celui de Jane Birkin, en septembre 2013. Mais ces prestations amplifiées ne se font que rarement dans l’Auditorium, étant donné qu’il ne possède que 5 perches pour projecteurs. Lors de la mise en place des orchestres, des estrades sont installées sur scène pour échelonner les musiciens et un écran géant (cyclo-cinéma) peut même être suspendu au-dessus de la scène grâce à une perche prévue à cet effet. Le public accède à la salle par des portes situées sur les côtés, parfaitement incrustées dans les murs.
Le théâtre, un monde singulier de superstitions
Lorsqu’une pièce de théâtre se termine, les techniciens désinstallent tout le matériel. Le dernier d’entre-eux accomplit une curieuse tradition, méconnue du grand public : l’installation de la Servante. Il s’agit d’une lampe, aussi appelée «ghost lamp» qui est laissée allumée au centre de la scène, toute la nuit suivant la fin du démontage. Le milieu théâtral a ses superstitions héritées des marins. Ainsi, il existe aussi l’interdiction de porter du vert sur scène, ou de prononcer le mot « cordes ».
Et tandis que la servante garde la scène, le TAP ferme ses portes. Cependant, la vie n’a pas quitté l’établissement. Car si les comédiens sont mis sur le devant de la scène, les techniciens s’affairent autour, derrière, avant, pendant et après la représentation, dans l’envers du décor.
Paul Dudognon et Nicolas Catillon
Crédits photos : Lucie Denis-Lutard