Le fait que les entreprises se délocalisent dans les PMA provoque en partie la perte de leur capital puisque l’unique chose qui les pousse à se délocaliser c’est les revenus inférieurs au salaire minimum en vigueur dans leur pays d’origine, mais elles ne s’interrogent pas sur la qualification de la main-d’œuvre (qui ne peut pas se permettre de se payer des études). Comme Luxottica, une entreprise italienne qui fabrique des verres pour lunettes de soleil, la formation de la nouvelle main-d’œuvre coûte extrêmement cher entrainant l’inverse de l’objectif de l’entreprise : dépenser moins.
Donc le choix principal des entreprises est de payer moins cher leur main-d’œuvre. Dans les pays pauvres, une main-d’œuvre de qualité est très difficile à trouver . En général, il y a très peu d’offre de travail pour les emplois qui demandent peu voire pas de qualification. A l’inverse le nombre d’emplois qui demandent une main-d’œuvre qualifiée est excessif. Cependant, la qualité des services de santé, liaisons aériennes, ou encore des services financiers est convenable.
Mail il y a d’autres facteurs de localisation. La motivation essentielle des délocalisations est de se rapprocher des clients, c’est ce que les plus grands pays en développement ont compris car leur meilleur atout est le marché intérieur pour lesquels ils négocient l’accès des entreprises industrielles ou commerciales aux différents pays frontaliers contre des transferts de technologie. Par exemple, un pays peut limiter les droits de douane ou offrir des subventions pour les produits fabriqués sur place, en fixant un seuil minimal de contenu local. Mais il existe un autre moyen de négocier la production sur place qui sont les marchés publics. Par exemple, des équipements ferroviaires contre un TGV. Ces différents processus sont l’explication de la multiplication des accords créant des marchés régionaux en Asie, en Amérique ou en Afrique. Ainsi, être proche des clients permet de permettre les marchés sur lesquels l’entreprise vend : la concurrence et la dynamique des prix, les habitudes de consommation locales, les réseaux de distribution, les modes d’achat.
Les entreprises cherchent aussi les ressources rares : main-d’œuvre très qualifiée, institut de recherche, source d’énergie bon marché. Elles peuvent le faire en étant présentes ou en utilisant la sous-traitance. Mais pourquoi avoir recours à la sous-traitance ? Parce qu’elle permet de réunir des compétences variées au sein d’une équipe mobilisée sur un projet de développement d’un produit, d’une technique, d’un nouveau service ou d’une implantation qui ne nécessite pas d’engager toutes ces personnes comme salariés permanents.
Enfin, les entreprises localisent leurs activités là où l’environnement est le plus favorable, en particulier dans les arbitrages qu’elles font entre pays développés : les avantages fiscaux, la stabilité macroéconomique et politique. Cependant, la faible qualité des institutions peut paradoxalement être un avantage comme l’absence des contrôles.
Les délocalisations sont-elles un danger ?
Oui, les délocalisations sont un danger car les politiques visant à favoriser les plus grandes entreprises délocalisées sont sans doute plus dictées par les relations personnelles qui unissent le personnel politique aux dirigeants d’entreprise qu’à une réflexion stratégique sur la politique industrielle. Le débat sur les délocalisations est marquée par une crainte : la désindustrialisation ( qui est vive aux Etats-Unis) car la délocalisation de l’essentiel de l’industrie ferait perdre le contact avec l’innovation. Le second débat porte sur l’emploi car l’emploi des grandes entreprises françaises est passé de 2,6 million à 3,75 million de personnes dans le monde entre 1997 et 2002 alors qu’il n’augmente que de 100 000 personnes en France. Ceci s’explique par la liaison établie avec les marchés étrangers. Cependant l’impact se fait aussi sentir sur les salaires à cause des négociations salariales. De plus, l’effet salarial dépend de la capacité et de la réactivité des marchés. La mondialisation configure l’emploi rapidement et certains pays s’adaptent plus vite que d’autres.
Résumé de l’article de Arnaud Parienty dans Alternatives Economiques n°268 – Avril 2008
Arrivé Laurie, Boisson Camille, Chicard Sandrine