Depuis 2014, la Chine met en place un système de notation des citoyens. Si ce système garantit dans une certaine mesure de contenir la violence, d’accélérer les démarches administratives (les Chinois les mieux classés auront accès à différents services publiques, aux transports en communs, logement sociaux ou octroi de prêt aux dépens des citoyens les plus mal évalués) cela pourrait toutefois être l’avènement d’inégalités sans précédent. Un tel mécanisme empêcherait un citoyen qui n’a pas de mauvaises intentions d’obtenir des aides, ou des accès à des besoins essentiels. D’un simple acte légèrement répréhensible, un citoyen pourrait se voir entraîné dans une spirale sans fin, dans laquelle (dans le pire scénario), plus d’accès au transport, de ce fait perte d’emploi et réduction voire suppression d’aides sociales qui entraîneraient une précarité certaine. Pire encore, pour augmenter leur notation, les citoyens peuvent dénoncer des actes dont ils ont été témoins. La concurrence entre les différents citoyens prendrait une ampleur importante et conduirait à la méfiance de toute la population.
Un citoyen avoue : “Avant, dans certains cours que je n’aimais pas beaucoup, je pouvais parfois être paresseux : je faisais des siestes sur mon bureau ou feuilletais d’autres livres scolaires”, reconnaît un étudiant cité par Sina News. Mais depuis que son école a installé les caméras, “c’est comme si une paire d’yeux mystérieux était constamment en train de m’observer, et je n’ose pas laisser mon esprit errer.” Cette nouvelle installation ressemble fortement au prémisse d’un Etat totalitaire qui tient à contrôler sa population, même dans l’intimité.
La situation actuelle chinoise voit l’émergence de caractéristiques propres aux totalitarismes, dont l’une est le contrôle accrue de la société.
En proposant un dispositif de notation des citoyens, la Chine isole et divise sa population tout en garantissant un large encadrement de celle-ci. L’une des caractéristiques d’un régime totalitaire est la Terreur. En isolant sa population, la Chine installe un climat de méfiance, favorable à la délation, au sentiment d’insécurité. Par ailleurs, il n’est pas méconnu que la Chine envoie certains de ses opposants politiques dans des camps de concentrations. Plus récemment, de nombreuses populations musulmanes (environ deux millions) auraient été enfermées dans ces camps.
Depuis que Xi Jinping est arrivé au pouvoir en 2012, la censure a été renforcée et plus particulièrement sur internet où les chinois n’ont pas accès à la majorité des réseaux sociaux dirigés par des sociétés américaines. Ils ont des substituts chinois tels que Weibo ou QZone, utilisés majoritairement en Chine. En matière de censure sur internet, le gouvernement chinois est dit être l’un des plus performants.
Enfin, celui surnommé « Dada Xi » (tonton XI), organise un genre de culte de la personnalité autour de sa personne. Renforçant son pouvoir personnel, modifiant la Constitution afin de pouvoir étendre son mandat à vie.
La Chine, déjà un Etat autoritaire, semble se convertir en régime totalitaire.
Zoé Minkonda & Sonia Marilleau