Année scolaire 2016-2017

DES COLLÉGIENS SUR LES CHEMINS DE MÉMOIRE DE LA GRANDE GUERRE

(VENDREDI 21 OCTOBRE – LUNDI 24 OCTOBRE 2016)

Vendredi 21 octobre 2016. Une cinquantaine de jeunes patientent devant leur collège, à 8h00. Normal, nous direz-vous… sauf que le 21 octobre 2016 est le deuxième jour des vacances de la Toussaint. Accompagnés par des professeurs, ces élèves vont « découvrir les chemins de mémoire de la Grande Guerre et de la construction européenne ».

Première étape : Vauxaillon. Une nécropole nationale surplombe ce petit village de 500 habitants. Accueillis par le maire, son épouse, ses adjoints ainsi que trois anciens militaires porte-drapeaux, les élèves de 3e et de 5e observent une minute de silence suivie d’un dépôt de gerbe par trois élèves de 3e sur la tombe de Ferdinand Clovis Pin, un poilu du Poitou mort pour la France le 17 septembre 1918, qui a fait l’objet d’un vaste projet interdisciplinaire au sein du collège, en 2014-2015. Les collégiens de 5e lisent un poème et deux élèves de 3e enchaînent avec la lecture de deux lettres de ce poilu. Le tout est très émouvant.Le bus redémarre, et après quelques heures de route, Verdun est en vue. Choix des chambres et des lits dans un internat puis visite nocturne de cette ville tristement célèbre. Les bâtiments reconstruits suite à des bombardements lors de la guerre, la cathédrale, la Meuse traversant la ville … élèves et professeurs montent les marches de l’impressionnant monument à la victoire.Après une bonne nuit de sommeil, les collégiens vont découvrir la citadelle souterraine de Verdun. Embarqués dans une nacelle et envoyés dans les sombres tunnels, ils touchent du bout des doigts l’horreur que les soldats vivaient quotidiennement, grâce aux vidéos projetées sur les murs, les reconstitutions avec des mannequins, les bruits (explosions, cris…). Deux salles restent à visiter (notamment celle où est reconstituée la cérémonie au cours de laquelle a été choisi le soldat inconnu qui repose sous l’Arc de triomphe à Paris). Une signature dans le livre d’or, et voilà les jeunes de Camille Guérin repartis, direction le cimetière allemand d’Amel-sur-l’Etang, où reposent 2 284 militaires allemands dont 1 033 entassés dans une fosse commune. Le cimetière, aux petites tombes grises accueillant parfois jusqu’à quatre corps, se situe en périphérie d’un petit village, ce qui confère aux visiteurs une sensation de sérénité.L’étape suivante est la visite de la nécropole et l’ossuaire de Douaumont. La nécropole, située devant l’ossuaire, abrite plus de 16 000 tombes, dont un carré musulman de 592 sépultures. Les ailes de l’ossuaire ont été construites grâce aux dons de différentes villes françaises et étrangères, dont certaines se situaient dans les anciennes colonies françaises. La tour (représentant la poitrine des combattants français qui ont dit « on ne passe pas ») quant à elle a été élevée grâce à des dons de la part des États-Unis. Un monument dédié aux soldats israélites et un autre aux soldats musulmans morts pour la France se dressent à l’extérieur de la nécropole. Ces lieux de recueillement et de mémoire sont autrement plus impressionnants qu’à la télé, ils sont très beaux, mais également très tristes, et témoignent de la folie humaine.Le lendemain matin, les élèves visitent le mémorial de Verdun, inauguré le 29 mai 2016 dans sa nouvelle version agrandie et rénovée. On y conserve deux avions d’époque, un allemand et un français. Le mémorial est tout simplement incroyable. Il illustre avec force la Première Guerre Mondiale et reste incontournable pour toute personne qui passe à Verdun. L’après-midi, les collégiens bénéficient d’une très intéressante visite commentée sur le fort de Douaumont et ses alentours boisés par Jean-Paul Amat, professeur de Biogéographie à l’Université Paris IV-Sorbonne et auteur de l’ouvrage « Les forêts de la Grande Guerre », Prix Maginot 2015.Le soir, les Poitevins, invités par le RICM (Régiment d’Infanterie Chars de Marine, ancien Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc, basé à Poitiers), dînent à la caserne avec les militaires puis se rendent de nouveau à l’ossuaire de Douaumont, où commence la retraite aux flambeaux après une messe. La cérémonie commémorative du centenaire de la prise du fort de Douaumont peut commencer. Malgré la pluie et le vent, qui leur donnent un aperçu (certes très édulcoré) de la souffrance des combattants de la Grand Guerre, ils arrivent au fort. Les soldats du RICM sont présents. La Marseillaise est chantée, la revue des troupes effectuée, des médailles sont remises.Les soldats du RICM, la cinquantaine de jeunes poitevins, les familles des marsouins d’hier et d’aujourd’hui entrent ensuite dans le fort pour le visiter. Le moment le plus marquant pour les collégiens est quand ils voient l’inscription « Den toten Kameraden » au fond d’une galerie. Cette galerie a été murée, et derrière le mur où sont marqués ses mots sont ensevelis 700 soldats allemands !Arrive le jour du retour. Avant de partir, les élèves se rendent à la dernière étape de leur voyage, la cérémonie officielle au fort de Douaumont, en hommage aux troupes coloniales qui ont combattu pour la France pendant la Grande Guerre. Cette cérémonie est organisée par le ministère de la Défense. Le discours du ministre de la Défense, la Marseillaise, des lectures de lettres de combattants allemand et français de 14-18, le dépôt de gerbe et la sonnerie aux morts se succèdent.Enfin, les Poitevins montent dans le car, et, dans la bonne humeur, mais changés par leur voyage qu’ils n’oublieront jamais, ils arrivent à Poitiers, vers 23h30.

Par Isabel Bichet Delgado, Mohamed Fofana, Benjamin Huguet et Corentin Péan-Baron, élèves de 3e du collège Camille Guérin de Poitiers