« EquianoExeterpainting » par Inconnu — Royal Albert Museum, Exeter. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons.
“Je m’appelle Olaudah Equiano. Je suis né vers 1745 dans l’actuel Nigeria. J’ai environ 30 ans. Je vivais paisiblement avec ma famille dans une modeste habitation façonnée de mes mains, jusqu’au jour où ils m’ont enlevé ainsi que ma famille et tous les habitants du village. Ils nous ont capturés, eux noirs de peau tout comme nous, de la même race, du même sang ; comment a-t-on-pu en arriver la ?!
Ils nous ont traités tels des animaux, sans savoir pourquoi ni ou nous allions, ils nous ont attaché aux poignets des bracelets de fer qui nous faisait souffrir et nous ont emmenés, liés par l’acier de ces horribles chaines attachés à notre cou, qui reliaient chaque prisonnier à celui qui le précède. Après quoi, ils nous ont séparés, les hommes, les femmes et les enfants. Ce fut un moment terrible ; tout le monde hurlait, et les enfants apeurés criaient, telles des bêtes qu’on égorge. Nous aurions tant voulu nous défendre, mais ce serait en vain car les soldats nous surveillaient. Les traitres, ils étaient armés ! Tout les captifs se rendirent ensuite à une bâtisse sur l’île de Gorée, qui ressemblait à une habitation, puis emmené à l’intérieur je fus entassé misérablement avec d’autres hommes du village.
Au centre de ce bâtiment se trouvait un étage surélevé par un escalier en colimaçon ; c’est ici que logent ceux qui nous ont capturés. Puis au rez-de-chaussée, il y avait à droite les hommes, là ou je me trouvais, et à gauche, les femmes. Puis il y avait également un mystérieux couloir ouvert sur la mer, je ne savais encore point que c’était la porte d’un voyage sans retour…
Mais pourquoi nous ? Qu’allions nous devenir, moi et ma famille ? Pourquoi nos frères noirs nous ont-il envoyés ici ?
La vie dans cette misérable bâtisse était épouvantable, la pièce ou je me trouvais sentait la sueur et l’urine, sans parler de la chaleur humaine qui se dégageait de tout ces corps entassées. Nous manquions d’eau pour nous laver, mais ils nous donnaient tout de même a manger, surtout des légumes qui nous aidaient a tenir le coup, mais quand nous en redemandions ils nous battaient…
Puis après une attente d’environ un mois qui fût interminable, je pus enfin sortir de cet abri restreint et on me dirigea, toujours menotté, vers cette porte face à la mer. En file indienne, nous montâmes dans une barque conduite par des hommes armés vigilants. Je vis que la petite barque se dirigeait vers un grand navire, cela me fit peur ; où nous emmenaient-ils ? Quelques instants plus tard, j’étais à bord de ce navire et les hommes qui se trouvaient à bord nous appelaient « nègre », un nom jusque là inconnu.
La suite fût horrible; ils nous mirent tous dans la cale du bateau, nous étions allongés (car le plafond était bas), collés à nos camarades prisonniers; nous n’avions pas le droit de bouger et il fallait demander l’autorisation pour aller faire nos besoins dans un grand seau se trouvant au milieu de la cale, si nous n’avions point cette permission nous restions couchés et nous nous faisions dessus…
La traversée de l’océan fut longue et dura plusieurs semaines ou quelques mois, je ne sais pas tellement la vie fut dure dans ce navire négrier. Je réussis à survivre malgré la mauvaise qualité de l’alimentation et les conditions de vie déplorables. Certains de mes amis sont tombés malades et je faisais tout mon possible pour ne pas l’être, car, atteints du scorbut, des hommes furent jetés à la mer.
Nous arrivâmes en l’an 1776 à la Barbade en mer des Caraïbes. Nous fumes descendus du bateau et je pus enfin prendre l’air ; on me donna également à boire et je fus soigné des quelques blessures de la traversée.
Le lendemain, nous fûmes emmenés à un grand marché, toujours attachés de ces maudites chaînes, je fus placé sur une estrade et un homme annonça « Je déclare ouverte la vente aux nègres ». « Combien pour ce nègre? ». Ils nous traitaient comme du bétail. Des hommes approchèrent, je les fusillais du regard mais cela leur était égal, ils m’examinèrent de partout, ils regardèrent même mes dents avec un air satisfait. Je fus acheté par un homme qui m’employa dans une plantation de canne à sucre à La Barbade.
A la plantation, je dus désherber et désempierrer. Je logeais dans une case non loin des champs et la demeure du maître se trouvait surélevée sur un rocher.
Il y avait d’autres esclaves dans la plantation et certains avaient l’air mal en point et étaient maltraités et battus si ils faisaient mal leur travail ; j’essayais donc d’être efficace et de ne pas me faire remarquer.
Un jour, j’en ai eu assez : je ne suis pas un animal, je suis un homme libre ! Pendant la nuit, je m’échappais dans les bois alentours. Malheureusement ma course fût courte car je fus rattrapé par des hommes. Ils m’enchainèrent en me traitant de « marron » sans que je sache ce que cela voulait dire ; j’essayais en vain de me débattre. On me frappa à coup de poing, on me coupa même une oreille.
Après quelques années, comme mon maitre m’avait appris a lire et écrire pour l’aider dans ses comptes, j’ai écris mes mémoires, Moi Oloudah Equiano esclave noir. Mais peut-être libre un jour, à nouveau…
Lucas, élève de 4e1 / Année 2015-2016