Depuis septembre 2015, le vieux port de La Rochelle est devenu un port piétonnier. Le maire Jean-François Fountaine et sa municipalité (centre-gauche et écologiste) poursuivent la tradition d’exclusion de la voiture du centre-ville et s’inscrivent dans la logique du développement durable (tous les ans depuis la journée sans voiture du 9 septembre 1997) : un pas de plus vers la politique anti-voiture et pro-environnementale.
Cette décision du port piétonnier a suscité de nombreuses réactions, mettant en avant différents points de vue. La mesure ravit les touristes. Quoi de mieux que flâner sous le soleil, longeant le port, sans être importuné par les bruits des véhicules ? Un couple de vacanciers confirme, non sans sourire : ” C’est bien entendu très agréable, tant qu’il fait beau, on préfère être à pied. On est plus tranquille sans les voitures.” Les commerçants dont les locaux longent le vieux port y trouvent aussi leur compte, ainsi que les cafetiers et les terrasses : leur clientèle augmente grâce à l’affluence des piétons. Ils ne sont pas les seuls à voir des avantages dans le port piétonnier : ” quand les touristes arrivent sur le vieux port, ils découvrent un décor de carte postale, avec des terrasses ensoleillées, les tours et une vue dégagée sans voiture.” Malgré l’enthousiasme des touristes et des commerçants du port, une majorité des Rochelais ne voient que l’envers de la carte postale.
Si les avantagés reconnaissent les aspects négatifs évoquant la circulation compliquée de La Rochelle et les bouchons fréquents dans la périphérie (boulevards extérieurs et rocades), les riverains, eux, ne se soucient pas que du côté pratique de l’axe que le vieux port apportait. Ainsi certains riverains comme les vendeurs du magasin de “Mobilboard” sont souvent sollicités pour indiquer des parkings aux touristes. Ils pensent également que le vieux port devrait être ouvert aux voitures au moins la semaine. En fermant le vieux port, la municipalité oblige toutes les personnes à faire le tour de La Rochelle entraînant ainsi d’importants embouteillages. Nous avons interviewé une Rochelaise particulièrement mécontente et agacée, à fleur de peau au vu de la situation. Gégène, dont nous avons retranscrit les propos virulents : cette décision de rendre le port piétonnier était une “grossière erreur, de la part du maire, ça lui sera fatal pour les prochaines élections : il ne sera pas réélu, c’est sur”. Elle ajoute aussitôt : “en semaine, je veux bien que le port soit fermé aux voitures, mais le week-end ça n’a aucun intérêt”. Plus tard, nous avons rencontré Grand Fred à la terrasse d’un café du vieux port parmi les touristes. Ce dernier, contrairement à Gégène, est plutôt mitigé sur le sujet : “Je ne pense pas qu’ouvrir le port en semaine seulement soit vraiment utile. Par contre, il serait intéressant de laisser le port aux touristes pendant la haute saison et de l’ouvrir à la circulation le reste de l’année”. Grand Fred soulève aussi une question importante : “La municipalité fait tout ici pour rendre difficile la circulation en voiture et promouvoir l’éco-mobilité [Yélo, entreprise gérante ndlr]”.
En effet, l’omniprésence des vélos, des bus, et des voitures électriques interpelle les promeneurs dans les rues de La Rochelle. Il rajoute : “les gens sont-ils prêts à prendre les transports en commun ?”. Il y a un véritable conflit d’usage à la Rochelle entre tourisme, commerce local et enjeux de la politique locale : l’éco-mobilité et le développement durable.
Le changement de situation au vieux port, entrainant des embouteillages en périphérie, génère des effets contraires aux volontés d’écologie de la municipalité. La pollution se déplace vers les quartiers périphériques, principalement utilisés par les riverains. Finalement, toutes les ruelles mènent au port.
Matthieu D., Juliette R., Fabien M., Justine C., Lea P.
avec l’aide appuyée de M. Leturcq et de Mme Mérinis