Des réécritures de “L’Avare” de Molière
Elèves de quatrième, vous allez découvrir le 26 mars la mise en scène que Martine Fontanille a faite de L’Avare, d’après Molière. D’après Molière et non de Molière, car la compagnie Haute Tension a adapté la pièce. Adaptations et réécritures nourrissent la littérature. Molière n’a-t-il pas lui-même repris une pièce de l’auteur latin Plaute, La Marmite ou l’Aululaire – en latin Aulularia – pour écrire sa pièce ? Si son Harpagon s’est imposé comme figure de l’avarice sur scène, il s’agit dans ce billet de voir comment des auteurs contemporains se sont appropriés ce personnage et cette pièce du dix-septième siècle.
L’Avare de Molière, texte intégral, Toto Brothers Company, dessinateur Kawaï Studio, Editions Vent d’ouest, collection “Commedia”, 2009.
Le but de la collection est d’associer théâtre et bande dessinée. Vous y lirez les textes de Molière non pas mis en scène, mais mis en vignettes.
L’Avare de Molière, texte intégral, dessins et scénario de Jean-Pierre Lihou, Editions Dessain et Tolra, 1977.
Cette bande dessinée étant épuisée, Jean-Pierre Lihou l’a mise en ligne sur son site. En cliquant sur le lien ci-dessous, vous trouverez les planches pour chaque acte, la présentation de l’édition originale ainsi que des variantes suite aux relectures de l’auteur à partir de 2007.
L’Avare de Molière, bande dessinée de Lihou.
Jean EYOUM, Super cagnotte, Kirographaires, 2012 – réédition Les Penchants du roseau, 2014.
Jean Eyoum a réécrit L’Avare de Molière en employant le langage des jeunes du vingt et unième siècle, comme l’indique l’extrait ci-dessous :
L’Avare, acte I, scène 3 : Harpagon, persuadé que La Flèche lui a volé quelque chose, fouille dans les poches du valet.
Voici le dialogue de Molière :
LA FLÈCHE : La peste soit de l’avarice et des avaricieux !
HARPAGON : Comment ? que dis-tu ?
LA FLÈCHE : Ce que je dis ?
HARPAGON : Oui : qu’est-ce que tu dis d’avarice et d’avaricieux ?
LA FLÈCHE : Je dis que la peste soit de l’avarice et des avaricieux.
HARPAGON : De qui veux-tu parler ?
LA FLÈCHE : Des avaricieux.
HARPAGON : Et qui sont-ils ces avaricieux ?
LA FLÈCHE : Des vilains et des ladres.
HARPAGON : Mais qui est-ce que tu entends par là ?
LA FLÈCHE: De quoi vous mettez-vous en peine ?
HARPAGON : Je me mets en peine de ce qu’il faut.
LA FLÈCHE : Est-ce que vous croyez que je veux parler de vous ?
Molière, L’Avare, acte I, scène 3, 1668.
Et voici la réécriture de l’extrait par Jean Eyoum :
JOE BILLY : (à part) Au diable les radins.
SEBASTIEN : Hein ?
JOE BILLY : Deux on saute, à trois on recommence !
SEBASTIEN : Tu as parlé de radins.
JOE BILLY : Je dis que les radins doivent aller en enfer.
SEBASTIEN : Tu parles de qui là ?
JOE BILLY : Des radins.
SEBASTIEN : Quels radins ?
JOE BILLY : Des crevards.
SEBASTIEN : Ne joue pas avec mes nerfs. De qui tu parles ?
JOE BILLY : Vous croyez que je parle de vous c’est ça ?
Jean Eyoum, Super cagnotte, Kirographaire, 2012.
Vous voulez connaître un peu plus Jean Eyoum ? Consultez la présentation de sa pièce sur CULTUREBOX.FR.
Pour aller plus loin : à découvrir au lycée
Peter Licht, L’Avare : un portrait de famille en ce début de troisième millénaire d’après Molière. Création 2014 par la compagnie Epik Hôtel. Traduction de Katia Flouest-Sell, mise en scène de Catherine Umbdenstock.
L’auteur allemand Peter Licht réécrit la pièce de Molière en ne se concentrant que sur les jeunes gens. Harpagon n’est donc jamais présent. Ce qui intéresse le dramaturge, ce sont les réactions des jeunes face au manque d’argent au vingt et unième siècle. Cette pièce a été mise en scène en 2014 par Catherine Umbdenstock. Pour voir des extraits du spectacle de la compagnie Epik Hôtel, cliquez ici.
Fernand Crommelynck, Tripes d’or, Labor Editions, collection “Espace Nord”, 1989.
Hormidas est avare. Il est si avide d’or… qu’il finira par en manger !
Fred Duval et Florent Calvez, Sept personnages – Sept figures emblématiques de Molière enquêtent sur sa mort, Delcourt, 2011.
Après les funérailles de Jean-Baptiste Poquelin en 1673, Harpagon engage Agnès, Alceste, Argan et Scapin pour démasquer celui qui a empoisonné Molière. Après avoir ressuscité Dom Juan, tous partent à la recherche du septième personnage : lui seul leur permettra de découvrir toute la vérité.