“Gueules de loups”, Pierre Desvigne, La Compagnie du Caillou

A deux reprises – en 2012/2013 et en 2015/2016 -, les élèves de troisième du collège ont assisté à Gueules de loups de Pierre Desvigne, spectacle dont voici le teaser :

Bande annonce de Sébastien Vallée / GUEULES DE LOUPS from Le Caillou on Vimeo.

Si vous souhaitez plus d’informations sur ce spectacle, n’hésitez pas à consulter le site de Pierre Desvigne. Les impressions des élèves, quant à elles, ont été rassemblées sur cette page.

Année scolaire 2015-2016

Le génocide des Juifs

Le moment du spectacle qui nous a particulièrement marqués est la scène où apparaît une marionnette dans un camp de concentration, durant la Seconde Guerre mondiale.

Dans ce passage, le décor est presque vide, seul un socle noir contenant des masques en argile, figure à droite de la scène. L’éclairage est plutôt sombre et donne une atmosphère sinistre à la scène. S’ajoute une fumée au sol qui pourrait représenter le brouillard, le froid en hiver, l’arrivée du train au camp de concentration ou la fumée des corps brûlés. La musique rappelle par son rythme le bruit du train, ce qui fait monter la tension.

"Gueules de loups" de et avec Pierre Desvigne. Photographie J.J Saubi.

“Gueules de loups” de et avec Pierre Desvigne. Photographie J.J Saubi.

Le comédien manipule sans parler une marionnette qui porte le costume rayé que les prisonniers avaient dans les camps. Son visage est très creusé par la fatigue et la faim, il est chauve et ses yeux sont exorbités. On pourrait penser qu’il va fondre en larmes. Quant à son teint, il est gris, ce qui fait penser à la mort. Ce personnage n’émet aucun son, comme s’il était muet. Au niveau de la gestuelle, le comédien effectue des gestes très lents lorsqu’il transporte des corps représentés par des masques. Il pourrait s’agir d’un “Sonderkommando” chargé de ramasser les corps des Juifs pour les mettre dans des fosses ou des fours crématoires. Il se dirige vers la gauche de la scène, va chercher un masque pour le déposer auprès des autres masques. Puis il les recouvre d’un drap noir comme pour les enterrer.

  • Ce passage nous a marquées car il représente un événement historique qui a réellement eu lieu. On se rend compte de l’atrocité de la vie de certains prisonniers qui étaient obligés de ramasser les corps de leurs anciens camarades et de travailler jusqu’à ce qu’ils meurent à leur tour. Nous avons trouvé que ce moment était triste et effrayant, l’atmosphère était lourde. (Flore et Salomé)
  • Si j’ai choisi ce moment, c’est parce qu’il rappelle les atrocités de la Seconde Guerre mondiale, mais en silence, ce qui pourrait comme la fumée, évoquer la mort et le silence des camps d’extermination. J’ai ressenti de la pitié pour les Juifs innocents tués. (Nathan)

    "Gueules de loups" de Pierre Desvigne, photographie J.J Saubi.

    “Gueules de loups” de Pierre Desvigne, photographie J.J Saubi.

  • Ce moment m’a frappé par sa solennité; on a l’impression que le Juif se recueille et j’ai ressenti de la pitié pour cet homme qui perd ses camarades. Il y a aussi les masques qui m’ont choqué car la plupart n’avaient pas d’yeux et certains avaient la bouche ouverte comme s’ils hurlaient dans un cri de terreur. (Antoine)
  • Ce moment m’a touchée car je ne m’attendais pas à voir une scène aussi calme et pleine de message. Pierre Desvigne est passé d’un coup de l’humour à quelque chose de sombre et triste, c’était très frappant. (Manon)
  • A ce moment-là, j’ai éprouvé de la pitié envers les Juifs et de la haine pour les antisémites. Ce passage est intéressant car il permet de montrer les choses immondes que font les hommes à d’autres hommes! (Tom)

    "Gueules de loups" de et avec Pierre Desvigne, photographie J.J Saubi.

    “Gueules de loups” de et avec Pierre Desvigne, photographie J.J Saubi.

  • Ce moment m’a touchée car il nous donne une idée de ce que pouvaient ressentir les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Nous voyons toujours des photos, des films, nous étudions ce qui s’est passé mais à aucun moment les sentiments des Juifs ne nous ont été exposés comme ça. Cette scène dénonce clairement l’horreur de la guerre. Je ne pouvais ressentir que de la tristesse, de la compassion  pour cet homme car même s’il est encore vivant, son âme est éteinte, morte. Cela m’a également dérangée car je me sentais impuissante face à une telle horreur. (Laura)

La prise de la Bastille

Le moment que nous retenons est “la prise de la Bastille”. Il se situe dans la première partie du spectacle. La scène se déroule chez Mère-Grand, en Bretagne. Elle raconte un jeu joué par Pierre Desvigne enfant, ses cousins ainsi que par les paysans du coin. Ils reproduisent la Révolution française avec deux clans. Mais la bataille se finit mal et le frère de Pierre manque de se noyer.

Le comédien était éclairé par trois projecteurs qui projetaient son ombre en grand sur le mur du fond. La lumière était jaune, semblable à celle du soleil. Pierre représentait plusieurs personnes à la fois et il avait une gestuelle très expressive, rapide. Il mimait le combat à coups de fourches et d’épées recouvertes de mousse et les réactions de peur des garçons en slip dans le château de la Mère Grand: l’un baissait son pantalon tandis que les autres se cachaient dans leur duvet.

Ce moment était très drôle et très bien joué car on comprenait la scène, le ton et la gestuelle nous ont fait rire. Ce jeu nous a  rappelé notre enfance et nos vacances avec nos cousins. Et on peut aussi en tirer une leçon, c’est que dans tout jeu, il ne faut pas dépasser les limites et savoir s’arrêter. (Cassandre, Elisa, Elise, Jordan)

Le jeu du foulard

Le passage qui nous a le plus marqués est celui de Maxime, un adolescent qui est mis à part par ses camarades de classe. Il souffre de discrimination en raison de son handicap et est victime de moqueries. Ses camarades ont décidé de lui lancer le défi de jouer au jeu du foulard. Seul et désespéré, Maxime rentre chez lui pour réaliser ce défi qui consiste à serrer un foulard autour de son cou le plus longtemps possible. Sa respiration ralentit puis se bloque; il a beau essayer d’appeler à l’aide, aucun mot ne sort de sa bouche. Personne ne l’entend. Il meurt.

Dans cette scène, une lumière froide éclaire le comédien, le reste de la scène est plongé dans le noir.  Maxime étouffe et sa voix est de moins en moins audible. Il n’y a aucune bande-son, un simple silence entrecoupé par le souffle et les cris de Maxime. Pierre Desvigne mime avec des gestes le foulard qui lui coupe le souffle.

  • Ce moment m’a particulièrement frappée car il est basé sur de vraies histoires. J’ai connu des personnes qui ont vécu ça et je sais que le harcèlement est très dur pour la personne qui se trouve au milieu de tous ces loups. Pour moi, ce passage était touchant et il montre qu’il ne faut pas laisser faire ça, il faut aider la personne qui souffre car beaucoup de ces histoires tournent mal. (Shana)
  • Ce que je retiens, c’est que des paroles blessent plus que les coups et elles peuvent rabaisser un adolescent. Une parole cruelle peut entraîner des jeunes à faire des bêtises. Donc ce moment nous montre que, quelles que soient nos différences de peau, de taille, de mentalité, d’habits, nous sommes des humains et nous avons le droit de vivre librement sans être critiqués et insultés par d’autres. (Louane)
  • J’ai été touchée par ce moment car l’enfant en vient au suicide, involontaire à cause d’une bande de jeunes. A moins qu’il ne désirait quitter ce monde car il souffrait trop. (Axelle)
  • J’ai aimé ce passage à la fois émouvant et dramatique. Il dénonce l’influence néfaste que peuvent avoir des jeunes sur une personne fragile. Ce passage montre aussi la stupeur et l’incompréhension des parents qui n’ont rien vu et rappelle que la vie peut basculer du jour au lendemain. A ce moment du spectacle, j’étais peinée mais aussi révoltée contre la bêtise de certains jeunes et leur sentiment de supériorité. (Léna)

Maxime, bouc-émissaire

"Gueules de loups" de et avec Pierre Desvigne, photographie J.J Saubi

“Gueules de loups” de et avec Pierre Desvigne, photographie J.J Saubi.

Nous pensons que le meilleur moment de la pièce est celui où Maxime, un nouvel élève dans un collège, se fait maltraiter par une bande et devient leur bouc-émissaire. Les autres élèves le martyrisent physiquement et verbalement, l’obligeant à faire des choses humiliantes.

Au niveau de la mise en scène, l’acteur portait un masque en cuir qui s’arrêtait au niveau du nez et un bonnet noir. Il représentait la bande, toutes les personnes qui humiliaient Maxime. Ce masque faisait peur, on aurait dit un diable. Pierre Desvigne prend une voix très aiguë, ridicule car il joue la meute de loups, d’enfants méchants. Ainsi, il voulait sûrement se moquer du bourreau. L’éclairage de face était centré sur le comédien, ce qui mettait en valeur ses grands gestes. Sa gestuelle était expressive car à cause du masque, on ne pouvait pas voir les expressions du visage.

  • Ce moment m’a marquée car c’est une réalité qu’on peut voir au collège qui engendre de la souffrance physique et morale. (Cassandre)
  • La façon dont le comédien riait et parlait avec sa voix aiguë était vraiment frappante; je ressentais une sorte de malaise car cela peut concerner et toucher chacun d’entre nous. (Edith)
  • Pierre Desvigne a voulu nous faire sentir l’humiliation vécue par Maxime et sa peur. J’ai ressenti de la peine envers lui et je me suis mise à la place du personnage. (Léa)
  • Ce moment m’a marqué car il était triste; Maxime vit une tragédie à cause de ses difficultés et des autres qui se servent de lui comme d’un bouc-émissaire.. Le message de Pierre Desvigne était lourd et je me demandais avec un pincement au coeur si j’aurais pu faire partie des moutons qui suivent où si je me serais démarqué. (Antoine)
  • J’ai apprécié le moment car on avait l’impression que le public était gêné, le comédien se cachait derrière un masque car il n’y avait plus de limites à ses moqueries. (Maodan)
  • Ce moment m’a marquée car je trouve que la scène représentait la réalité du collège. Ce qui m’a plu, c’est quand Pierre Desvigne a parlé du silence des élèves, de ceux qui ne vont rien dire par peur. Ceci représente la vérité. (Marine)
  • Ce moment m’a fait réfléchir: en entrant dans la peau du bourreau, on se rend compte à quel point des paroles peuvent faire mal. J’ai ressenti beaucoup de tristesse et de colère. Tristesse car Maxime en vient à faire le jeu du foulard; colère car le maque de maturité et d’intelligence peuvent faire mal à quelqu’un qui n’a rien demandé. Beaucoup d’élèves ne se rendent pas compte de ce qu’ils font et ceux qui le voient ne disent rien car ils ont peur que ce soit eux qui deviennent les boucs-émissaires. Et le problème, c’est que c’est souvent trop tard quand les élèves regrettent. (Emilie)
  • Ce passage m’a interpellé car il est réaliste, l’acteur ne lésine pas sur les moyens, que ce soit dans le langage ou la gestuelle. C’est aussi un sujet que je trouve important d’évoquer. (Julien)

Année scolaire 2012-2013

"Gueules de loups" de et avec Pierre Desvigne, photographie J.J Saubi.

“Gueules de loups” de et avec Pierre Desvigne, photographie J.J Saubi.

Le passage de la pièce qui m’a le plus plu est le moment où Pierre Desvigne raconte un souvenir d’enfance dans le château : le dîner.
J’ai beaucoup apprécié ce passage car cela m’a rappelé certains dîners en famille pendant lesquels, comme l’a si bien expliqué le conteur, on s’ennuie à mourir. On ne rêve que de sortir de table pour aller jouer au chevalier. Lorsque nous sommes invités chez nos grands-parents, par exemple, pour Noël ou à d’autres occasions, bien que le repas soit délicieux, on s’ennuie. On n’a rien à se dire et comme souvent, les parents parlent de sujets qu’eux-seuls peuvent comprendre. Nous, les enfants, on rêverait de quitter la table pour aller jouer entre cousins dans le grand jardin.
Le monstre sous la table dont rêvait le conteur m’a rappelé le chat dodu de mes grands-parents qui, à chaque repas, se faufile entre nos jambes et miaule jusqu’à ce que quelqu’un lui donne à manger. C’est aussi pour cela que j’ai choisi ce passage précisément : j’ai trouvé cela amusant et très parlant.
B.
Durant le spectacle Gueules de loups, le passage qui m’a le plus marqué est celui où Pierre Desvigne raconte Le petit chaperon rouge.
J’ai effectué ce choix car la façon dont il transforme l’histoire lui donne un côté moins enfantin. Le langage change et devient actuel : “Il lui saute dessus et le bouffe.” Comme Pierre nous l’avait expliqué, les contes ne finissent jamais bien et c’est ce qui se passe à la fin où la grand-mère, le serviteur et le petit chaperon rouge meurent sous les crocs du loup.
Dans cette histoire, on retrouve vraiment la férocité de l’animal et ce loup est commandé par l’homme ce qui montre qu’on est semblable à la bête. C’est l’effet que recherche le conteur. Le loup est vraiment cruel mais l’humain aussi : “Il prend les parties les plus dodues et les cuisine.”
Ce qui m’a aussi vraiment plu à ce moment est la manière dont il nous conte l’histoire. Il devient complètement fou, ce qui est d’abord surprenant et nous laisse perplexe mais ensuite chacun doit imaginer pourquoi il fait ça.
N.

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