Voyages au coeur du livre

Seuls quelques élèves de la classe avaient déjà eu la chance de rencontrer un écrivain. Nous étions tous très impatients et excités de rencontrer Thierry Maricourt, auteur de « Frérot frangin » !

Il était très gentil et intéressant. C’était bien car il nous faisait rire. On lui posait une question et il nous répondait en plaisantant, en racontant n’importe quoi. Après, il répondait plus sérieusement. C’est bien de lire un livre et de rencontrer après la personne qui l’a écrit, de voir sa tête, de voir un peu son caractère.

Il nous a tout expliqué sur sa vie, son enfance. Il est allé en classe de neige, il avait un frère de 13 ans de plus que lui (qui aime les belles voitures mais ne le vole pas !). En fait, il est plus proche de Frérot que de Frangin.

Certains d’entre nous ont été un peu déçus de réaliser que les lettres étaient des fausses lettres. Thierry Maricourt connaît bien la prison car il travaille avec des prisonniers. Il les aide à écrire des histoires. Il paraît que la suite du livre est déjà prête. Son problème est que Tardi ne peut pas illustrer tout de suite son livre car il a trop de travail. Nous, en classe, on lui avait préparé une suite en imitant son style. Une lettre de Frérot et une de Frangin :

Frangin,

Nous avons quitté l’hôtel Zinzin. J’ai pas décroché de médaille. On a retrouvé la pluie et la grisaille. Sans les rayons du soleil, pas moyen de te tricoter une écharpe. Ca me gave d’être là ! C’est comme si ma bonne humeur était restée là-bas, dans les blanches avalanches du Niagara… Mais chut ! Ce matin, en sortant de chez nous, au lieu de marcher sur la neige croustillante, je me suis viandé dans une flaque de boue. Sais-tu quand tu reviendras ? Seras-tu triste toi aussi de quitter ton hôtel et tes colocataires ?

Moi aussi je t’aime.

Frérot,

Tu rigoles ! J’aurai pas une larme quand je me casserai d’ici ! A moins que ce ne soit une larme de joie. J’ai enfin une bonne nouvelle : mon procès aura lieu dans deux semaines. Pourvu que les juges soient cools ! As-tu gardé mon mouton bien crade que je t’ai envoyé dans une boîte ? Ici, on en a de plus en plus, on va finir par en manger en gigots (des moutons, pas des boîtes). Bon, tant pis pour la poussière.

Ce qui sera sacrément bête, c’est qu’on s’écrira peut-être plus quand je serai libre. Je me souviendrai toujours du bonheur que j’éprouve quand j’entends les pas du vaguemestre qui m’apporte ton courrier.

Zoran est passé à l’extérieur. Nous a laissé ses cartes. Au moins, y a plus d’engueulades quand on joue !

Mon araignée fait toujours la navette. Mon pote Pollux et moi on a décidé de l’appeler Marie. L’autre jour, on a emprunté à la bibliothèque un livre qui nous a bien fait rigoler. L’auteur s’appelle Thierry Maricourt. Je te le conseille. Bin depuis, avec Pollux, à chaque fois qu’on voit notre araignée, on s’écrit : « Regarde ! Marie court ! »

Ecris-moi vite.

Ton frangin

Quand on lui a lu nos textes, il nous a dit que c’était bien, qu’on avait fait le travail à sa place !

Il nous expliqué qu’il se dispute parfois avec les éditeurs. Il ne peut pas rester plus de deux jours sans écrire. Il habite une maison isolée avec un grand jardin. Il écrit ses livres sur un vieil ordinateur. Il écrit un peu, va jardiner, se remet à écrire, joue avec sa fille, et puis retourne travailler. Dans ses yeux, on voyait bien qu’il tient beaucoup à ce métier. Pour lui, c’est un métier magique : on crée des personnages un peu comme un Dieu.

A la fin, on a tous eu notre dédicace.

Certains élèves de la classe ont quand même trouvé ça long de rester deux heures assis sur une chaise… Parfois, Thierry Maricourt mettait beaucoup de temps pour répondre à une seule question.

C’est trop bien ces voyages au cœur du livre !

Merci !

Les élèves de 6^ème B du collège de Brioux-sur-Boutonne.