Dans cet article du journal le Monde, une question se pose : est-il possible que les pays émergents ou en voie de développement construisent un système de protection sociale lorsqu’au même moment, les institutions financières leur demandent de réduire le coût de leurs systèmes de sécurité sociale ?
C’est la question que se sont posés les quelque mille délégués conviés par l’Association internationale de la sécurité sociale (AISS) au Forum international qui s’est déroulé en Afrique du sud du 29 novembre au 4 décembre. Ils se sont ainsi fixés sur la volonté de créer “une sécurité sociale dynamique qui garantit de la stabilité sociale et du développement économique”.
Selon l’AISS et l’OIT (Organisation internationale du travail), seul un tiers des pays, représentant 28 % de la population mondiale, présente des systèmes de protection sociale couvrant l’ensemble des risques sociaux.
Par exemple, en Afrique subsaharienne, “en règle générale, 5 % à 10 % de la population active sont couverts par des régimes d’assurance sociale ou par des fonds de prévoyance obligatoire”. En Amérique latine, ce pourcentage monte à près d’un tiers. En Asie, la couverture sociale est loin de protéger l’ensemble de la population. Par exemple, “seuls 20 % de la population de la région – quelque 4,1 milliards de personnes – bénéficient d’une couverture suffisante en soins de santé”.
C’est pourquoi lorsque les pays du Nord parlent de la nécessité de construire un “socle de protection sociale dans le monde entier”, les Etats du Sud comprennent bien que c’est à eux que s’adresse ce lourd, et coûteux, objectif.
Au Brésil, au Mexique, en Jordanie…tous ont pour objectif d’instaurer un système d’assurance sociale (retraites, chômage, allocations…), surtout pour les personnes qui ne cotisent pas aux assurances santé et retraite et qui sont peu accessibles, comme les ruraux.
Seulement pour étendre une protection sociale efficace, il faut des moyens techniques performants qui manquent parfois, des agents bien formés, etc..
Ainsi, certains pays se tournent vers le Nord pour obtenir des aides, souvent financières. La Tanzanie et le Ghana ont bénéficié de l’aide des pays développés. Le Mexique a beaucoup appris de l’Espagne, le Cap-Vert s’inspire du Portugal. La Chine expédie régulièrement des missions en Europe.
Les gouvernements du monde entier sont donc mobilisés pour faire face à ce problème qui persiste pourtant depuis longtemps. Les obstacles sont nombreux et empêchent souvent les pays en voie de développement de développer une protection sociale efficace pour l’ensemble de leur population. Certains pays sont indignés comme le montre cette réflexion de Bheki Ntshalintshali, membre de la direction du puissant syndicat sud-africain Cosatu.