L’Irlande est, avec la Grèce, le pays le plus durement touché par la crise économique. Après une baisse de 3,5 % en 2008, son PIB a a nouveau diminué de plus de 7 % en 2009, entraînant le pays dans l’une des plus graves récessions de son histoire.
Pourtant, l’Irlande était encore il y a peu le champion d’Europe de la croissance économique, ce qui lui avait valu le surnom de “tigre celtique” et la place de numéro 2 européen en matière de richesse par habitant, juste derrière le Luxembourg. Une croissance qui a reposé en partie sur une politique de dumping fiscal, consistant à pratiquer de faibles taux d’imposition sur les sociétés, de façon à attirer les firmes transnationales (notamment américaines). Entre 1995 et 2004, le taux d’imposition est passé de 40 % à 12,5 %, ce qui place l’Irlande dans une situation très attractive au regard des taux pratiqués dans les pays voisins, comme le montre le graphique suivant :
Source : Eurostat, 2010
Mais la crise a violemment mis un terme à ces années de croissance et la situation actuelle peut être qualifiée, sans trop exagérer, de “désastre” : le taux de chômage avoisine les 15 % de la population active, le déficit public devrait atteindre 32 % du PIB cette année (contre moins de 8 % pour la France, ce qui est déjà très élevé), et les banques ne survivent que grâce aux aides publiques et au soutien financier de la Banque centrale européenne. Pas vraiment de quoi ouvrir le champagne…
Si bien que le gouvernement irlandais vient de demander officiellement une aide financière. Un plan de soutien d’un montant de l’ordre de 80 à90 milliards d’euros est sur le point de voir le jour, associant le FMI et l’Union européenne. Toutefois, il est probable que ces aides seront soumises à conditions, comme il en a été pour la Grèce il y a quelques mois. Le gouvernement irlandais pourrait être forcé de durcir encore son plan de rigueur, qui prévoit pourtant déjà de diminuer le budget de l’Etat de quelques 10 milliards d’euros sur 4 ans (soit 10 % du PIB).
Par ailleurs, de nombreuses voix s’élèvent en Europe pour réclamer la fin du dumping fiscal irlandais. Mais plusieurs entreprises américaines, comme HP, Microsoft ou encore Google, ont prévenu qu’elles n’hésiteraient pas à délocaliser leurs sites hors de l’Irlande en cas de remontée des taux d’imposition. Le gouvernement irlandais s’est empressé d’annoncer qu’il n’en était pas question.
Le Premier ministre devrait lui-même faire les frais de cette nouvelle crise puisqu’il a été contraint, sous la pression populaire, d’annoncer une dissolution du parlement pour le début de l’année 2011. De nouvelles élections anticipées auront donc lieu prochainement.
Quelques liens pour en savoir plus :
– L’Irlande demande l’aide internationale, l’UE donne son accord (lemonde.fr)
– Dumping fiscal : HP, Google et Microsoft s’opposent à une hausse d’impôt en Irlande (ZDnet.fr)
– Le gouvernement irlandais à l’agonie (lemonde.fr)
– Télézapping sur l’Irlande (lemonde.fr)