La COP 21 : une réussite ?

Le 12 décembre 2015 les 195 Etats présents à Paris pour participer à la COP 21- 21ème conférence des parties –  ont adopté un accord global. Ce dernier n’entrera pas en vigueur avant 2017, date à laquelle les 55 pays représentant 55% des émissions de gaz à effet de serre auront normalement ratifié le texte. L’efficacité de la conférence et de l’accord final est analysée par Antoine de Ravignan dans l’Alternatives Economiques n°353 de janvier 2016. S’il estime d’abord que cette conférence aura contribué à entretenir et stimuler la dynamique de réduction de gaz à effets de serre (CO2) enclenchée depuis quelques années, il explique ensuite que les efforts des Etats devront être revus à la hausse pour s’assurer d’une avancée significative dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Certes, l’accord sur le climat à Paris n’est pas juridiquement contraignant. Il n’y a pas d’obligation pour les Etats de respecter leurs engagements et aucune sanction n’est prévue dans ce cas. Pour autant, pour la première fois, les gouvernements du monde entier ont adopté un accord conforme aux rapports scientifiques du Groupe international d’experts sur le climat (Giec), mandaté par l’ONU. L’accord prévoit la neutralité des émissions de CO2 d’ici à 2100. La planète devrait alors émettre autant de gaz à effets de serre qu’elle n’en absorbera. Ainsi, l’objectif de ramener à 2° Celsius le réchauffement climatique par rapport aux niveaux préindustriels serait respecté. L’accord prévoit une reconduction des efforts avec comme objectif non pas 2°C mais 1,5°C de réchauffement. Cette volonté de « décarbonisation » semble être soutenue par le contexte mondial économique. Au lendemain de la conférence, l’action de Peabody Energy, plus gros producteur de charbon américain, perdait 13% de sa valeur en bourse. A l’inverse, le constructeur de modules photovoltaïques SunPower gagnait 8,7 %. Le marché des économies renouvelables est lui aussi en train d’évoluer positivement. Dans un nombre croissant de régions, elles sont désormais à parité de coût avec les énergies fossiles. En outre, des acteurs citoyens comme 350.org se mobilisent pour inciter les institutions financières au désinvestissement dans les activités liées aux énergies fossiles. Enfin, des villes, des régions, des entreprises poussent au changement, pesant sur les Etats. Pas moins de 5 400 d’entre elles ont présenté près de 11 00 engagements en faveur de la lutte contre le changement climatique lors de la conférence.

                Toutefois, pour Alix Mazounie, du Réseau Action Climat-France, cette dynamique positive est à minimiser. Il rappelle que les accords actuels « nous entraînent vers un réchauffement d’environ 3°C ». Si l’objectif des 2° est espéré grâce à la révision à la hausse des engagements, ces dites révisions sont prévues pour 2025 dans l’accord de Paris, bien trop tard. L’accord est basé sur la somme des réductions volontaires d’émissions (INDCs) que les Etats se sont engagés à respecter. En cela, les accords de Paris rendent plus optimistes que ceux de Kyoto qui prévoyaient un « budget carbone » global, commun à ne pas dépasser. Les Etats-Unis et la Chine, qui représentent à eux seuls 1/3 des émissions mondiales de CO2, avaient refusé de s’y soumettre rendant illusoires toutes avancées. Le 15 décembre dernier 160 Etats couvrant la quasi-totalité des émissions globales, ont accepté de soumettre un INDC. Toutefois, l’aspect non-contraignant de ces engagements risque de limiter la portée de ces derniers. Même s’il est régulièrement réalisé des enquêtes sur les avancées faites et à faire, des pays réticents comme l’Inde pourraient ne pas revoir leurs diminutions d’émissions. La France fait, elle, figure de bonne élève puisqu’elle a d’ores et déjà annoncé un renforcement de ses engagements en 2020. Ce sont donc bien les Etats qui auront les moyens d’accélérer ou non la transition énergétique. C’est sur ce point que l’auteur conclut l’article en rappelant la nécessité de taxer le carbone pour faire augmenter son coût surtout en période de chute du cours des prix du pétrole.

                Cet article pose les réussites de la COP 21. Si l’accord ambitieux semble nous mener sur la bonne voie, Antoine de Ravignan n’oublie pas de rappeler qu’aucune baisse du réchauffement climatique ne sera possible sans la coopération de chacun et en particulier des Etats.