Adolescents, médias sociaux et enseignants

Les adolescents fréquentent, parfois assidûment, les réseaux sociaux1 tels que Facebook et Twitter, et les communautés de partage de contenus telles que Youtube.
L’Éducation Nationale, après s’être focalisée sur les risques encourus, tâche maintenant de s’intéresser à ces pratiques et de les accompagner.
Pendant les “Rencontres autour du numérique” Bernard Usé2 a donné quelques éclairages sur ces usages, et animé un partage de témoignages.

• Que font les adolescents sur les réseaux sociaux ?

La dernière enquête du CRÉDOC (n°11, décembre 2013) indique que “trois adolescents sur quatre (76 %) font partie d’une communauté sur internet” (voir page 30 du dossier de presse, pdf de 1,1 Mo).

Un réseau social offre à minima des fonctionnalités qui permettent de :

  • se définir au sein d’un système un profil public ou semi-public, dans lequel on fournit plus ou moins d’informations sur soi-même.
  • gérer une liste de contacts avec lesquels on partage un lien (les “amis” sur Facebook, “followings”3 et “followers”4 sur Twitter, “cercles” sur Google +), et communiquer avec ces personnes…
  • naviguer sur la liste de liens de ces contacts, voir les documents et commentaires qu’ils partagent, ainsi que les relations qu’ils entretiennent entre eux et avec d’autres abonnés du système.

Les adolescents s’en servent pour se créer des relations (par exemple avec des personnes ayant des centres d’intérêts ou des problèmes communs), mais surtout pour étendre les relations avec ceux qu’ils fréquentent déjà dans les différents cercles auxquels ils participent (école, sports, etc.).

Ils transmettent des images drôles et des informations, discutent par messagerie instantanée, expriment des humeurs, des coups de cœur (musicaux notamment), des opinions. Facebook leur fournit aussi des jeux en ligne.

Les réseaux sociaux aident les plus dynamiques d’entre eux à organiser des évènements et des projets.

Ce qu’on exprime et partage sur un réseau social est valorisé par les réactions des autres. Il est fréquent de voir des demandes de commentaires entre des jeunes avec les phrases du type : « un com donné, 5 com rendus ».

Les adolescents n’apprécient pas que les adultes les “surveillent” sur ces espaces où ils “traînent” entre pairs.

Comme le reste de la société ils ont gagné en maturité s’agissant de leur vie numérique, au fur et à mesure que l’usage de ces outils s’est répandu. Beaucoup sont conscients de la nécessité de garder le contrôle de leur vie sociale, explique l’enseignante chercheuse Danah Boyd5. Certains éducateurs et enseignants tentent de les y aider.

Que leur apportent ces pratiques ?

- Une vie sociale : des études1 montrent que les échanges à distance complètent les autres interactions sociales. L’internet ne permet pas d’enrayer une certaine “culture de la chambre” potentiellement désocialisante chez les adolescents, mais contribue à remédier à un certain isolement et procure le sentiment d’appartenance communautaire.

- Des miroirs : les réseaux contribuent à la construction identitaire au cours d’une période où le « je » existe essentiellement par le regard des autres2.

- Du bien-être. L’humour et l’ambiance chaleureuse font partie des traditions de ces espaces d’échange. Les “j’aime” (like) et les commentaires positifs sont bons pour le moral.

- De l’autonomie : l’IFE3 a constaté que ces expériences stimulent l’auto-apprentissage et gomment les traditionnelles barrières liées au statut et à l’autorité ; elles favorisent une démarche exploratoire autonome.

- Des compétences relationnelles. Écrire publiquement des « billets » sur les blogs ou sur les murs de Facebook, savoir qui ajouter, qui refuser, comment agrandir son groupe d’amis (son capital social) exige un savoir-faire et un savoir-être, utiles pour évoluer dans une société où se développent le co-voiturage, la co-location, le wwoofing, le réseautage professionnel…

Ce sont donc des lieux potentiels d’apprentissages utiles, mais ce qu’on y apprend a peu de rapport avec ce que l’école enseigne4.

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