Nom de code: père Noël
Nom de code : père Noël
Mission officielle : apporter des cadeaux
Sa véritable mission : faire exploser les codes de Noël !
La figure du père Noël que nous offrent Béatrice Tillier et Philippe Bonifay avec Mon voisin le père Noël, Sfar et Munuera dans Merlin contre le Père Noël ou encore Tronchet dans Houppeland (le tome 1), bouscule les habitudes prises avec les traditionnels et bien mièvres téléfilms de Noël.
Georges n’est pas un mauvais bougre, un cadre supérieur totalement banal, que sa rencontre avec son presque voisin de palier, bouleverse totalement. Georges n’est peut-être pas si lisse, en fin de compte…Ce premier père Noël est comme l’ange du destin qui révèle les fautes, les siennes, celles des autres, mais pas ses propres failles. Le plus fou des deux n’est peut-être pas celui que l’on croit – pas forcément le moins sage non plus.
Une tempête de folie agite les esprits de merlin, l’enfant Merlin, déjà en possession du pouvoir de faire une soupe incroyable mais peu recommandable, assaisonnée au croupion de cochon. Le père Noël en perd tant la raison qu’il devient un ogre… un ogre qui, comme tous les ogres, c’est évident, veut manger les enfants ! Voilà un prétexte drôlissime pour entrer dans la société des ogres, des « monstres [qui] valent mieux que ceux qui les nomment et le spectacle de ces ogres de tous les pays s’avère assez réjouissant ». On est terrifié de rire autant, on est rassuré quand les auteurs nous rappellent que Noël ne concerne pas tout le monde sur terre…
Mais dans la société que dessine Tronchet, tout le monde fête Noël. Tous les jours. C’est une obligation imposée par le président de Houppelande. Des joyeux drilles circulent pour vérifier, jusque dans les maisons à l’heure du réveillon, que les convives sont heureux et célèbrent Noël avec des cadeaux amusants et de bonnes blagues. René Poliveau est le grain de sable – par amour pour une femme qui a mauvaise réputation, chaque fois dénoncée par les braves gens que le pouvoir sollicite. De coups de théâtre en révolutions de palais, René Poliveau devient, sans en revêtir le costume, un père Noël de liberté.
On l’aura, j’espère, deviné : ces trois BD dénoncent à leur façon, avec humour et tendresse, l’obligation d’être servilement heureux dans une société de consommation dont le cadeau de Noël devient l’emblème, plus encore que le père Noël lui-même. On peut devenir pour soi-même son propre père Noël, et se libérer, si on s’accorde un peu de temps et de repos – joyeux Noël ! …