Portraits

Antoine Joris,
le vétérinaire de Zoodyssée aux Iles Crozet









© A.Joris

Depuis l’adolescence, Antoine Joris a l’ornithologie de terrain pour passion. Et à travers celle-ci, l’envie de découvrir les richesses naturelles des contrées lointaines.
A l’heure du choix professionnel, il hésite longtemps entre biologie et médecine vétérinaire et opte pour cette seconde voie, qu’il poursuit sans cesser de cultiver son intérêt pour la nature.
Ainsi, si ses premières expériences professionnelles se font au contact de la faune domestique, il est très vite rattrapé par sa passion pour l’environnement et le vivant. Il aspire alors à de nouvelles aventures professionnelles qui lui permettraient d’allier ses connaissances vétérinaires à son bagage naturaliste.

Son projet ? Travailler sur les problématiques de conservation des espèces en voie d’extinction. C’est en 2006, que le centre touristique et pédagogique de Chizé (Zoodyssée), propriété du Conseil général des Deux-Sèvres, lui offre cette opportunité. Ce parc animalier atypique est une référence nationale en pédagogie et en développement durable. C’est également un parc qui présente uniquement de la faune européenne et qui a justement choisi de s’impliquer activement dans la conservation. L’autre atout de Zoodyssée repose sur son partenariat historique avec le CNRS, l’ONCFS et l’ONF, qui lui permettent notamment de développer de nombreux projets transversaux, à l’exemple de la Mission Crozet.
Antoine Joris participe ainsi régulièrement à différentes études menées par ces établissements publics, lorsqu’elles sollicitent un conseil vétérinaire.

Sa mission
Le Centre d’études Biologiques de Chizé, antenne locale du CNRS, a proposé à Antoine de participer à une mission vétérinaire de 3 mois sur l’archipel de Crozet. De janvier à avril 2011, il accompagnera ses collègues chercheurs dans leur mission d’étude. Celle-ci consistera à analyser l’impact des changements climatiques sur les comportements de l’importante colonie de manchots royaux présente sur place. Antoine veillera au bien-être des oiseaux lors de la pose de balises Argos, nécessaire à la conduite de cette étude.
Cette mission à Crozet sera la troisième expédition marine pour Antoine Joris. Les deux premières l’ont emmené en Antarctique en 2008 puis en mer du Groënland en 2009. Ces deux missions revêtaient davantage un caractère ornithologique que scientifique.

Une expérience motivée
La motivation est double. Professionnellement, elle lui permettra de mettre ses connaissances professionnelles au service d’une mission et d’une cause scientifique. Personnellement, et pour l’ornithologue passionné qu’il est, les îles subantarctiques représentent une sorte de terre promise. Ces îlets situés entre les 40èmes et 50èmes parallèles, hébergent sur de très petites surfaces, des dizaines de millions d’oiseaux de l’océan Austral. Par leur isolement géographique et le statut de haute protection dont elles bénéficient, elles représentent l’un des lieux les plus difficiles d’accès de la planète et l’un des endroits les plus mythiques pour la communauté des ornithologues de terrain.

Charles-André Bost,
le scientifique-coordinateur de la mission








© C.Bost

Après une formation universitaire en écologie générale, Charles-André ou Charly est recruté par le CNRS en 1993. Après un passage au Centre écologique et de Physiologies énergétiques de Strasbourg, c’est au Centre d’études Biologiques de Chizé, laboratoire du CNRS que Charly pose ses valises en 2003.
Chercheur en écologie animale, sa mission au sein du Laboratoire consiste à étudier l’évolution des comportements des prédateurs marins au regard, notamment, des changements climatiques.
Il est responsable d’un programme de recherche soutenu par l’Institut polaire français Paul-émile Victor (IPEV voir page 11). Ses recherches sont basées sur l’utilisation de différents systèmes d’acquisition de données télémétriques (GPS, balises Argos, systèmes d’acquisition de données électroniques miniaturisés). Les recherches sont principalement menées sur les prédateurs plongeurs des Terres Australes et Antarctiques Françaises (manchots, cormorans).
Son rôle est par conséquent de coordonner, voire de participer, aux différentes missions de terrain qui sont conduites partout dans le monde.
Pour ce qui concerne la Mission Crozet, Charles André Bost coordonnera, jour après jour, le programme depuis le laboratoire de Chizé :
il s’assurera du bon déroulement de l’expédition (au niveau technique et psychologique) ;
il se chargera des acquisitions des données Argos ;
il contrôlera pour l’équipe les conditions océanographiques.

Charles-André Bost a participé à la précédente Campagne « Crozet » en 2009. Il avait en charge plus particulièrement l’étude en mer des gorfous macaronis (espèce de manchots considérés comme les plus gloutons de la planète !). La colonie existante dans les Îles Crozet représente 12 millions de couples, la plus importante au monde !

Les autres membres de la mission
Yves Handrich
est chargé de recherches au laboratoire du DEPE (IPHC, Strasbourg). Recruté au CNRS en 1991, c’est un des spécialistes mondiaux de la physiologie de la plongée à grande profondeur des vertébrés à sang chaud (manchots). Il a hiverné à Crozet en 1985 et a participé de nombreuses expéditions australes depuis. Sur place, Yves coordonnera l’étude écophysiologique sur la plongée du manchot royal, menée avec Antoine Joris.
Kozue Shiomi est doctorante en écologie comportementale à l’Université de Tokyo. Elle mène sa thèse dans le laboratoire océanographique d’Otsuchi, sous la direction du professeur Katsufumi SATO, spécialiste du bio-logging et de la mesure des déplacements des animaux.
A Crozet, Kozue fera une étude (encore jamais réalisée) sur les déplacements, dans les trois dimensions de l’espace marin, des manchots royaux équipés de capteurs sophistiqués (station inertielle et 3 accéléromètres).
Astrid Willener est doctorante à l’Université de Roehampton (UK) où elle travaille sous la direction du Dr L.G. Halsey, spécialiste de l’écophysiologie de la plongée. à Crozet, elle étudie la marche chez les manchots et les gorfous afin d’évaluer la dépense énergétique totale au cours des différentes phases du cycle reproducteur, en complément des études sur l’énergétique de la plongée.