(Photo : Jérôme Ferrari. © Club Photo LJM)
Le vendredi 16 novembre, pendant le Festival Littératures européennes, se déroulait à la Salamandre une table ronde sur le thème des îles représentées comme des “Fragments d’Europe”. Les quatre auteurs invités, accompagnés par leurs traductrices, s’apprêtaient à débattre sur une question qui ne pouvait pas mieux inaugurer le festival : “Dans les îles, où en est le sentiment européen?” Après le discours d’inauguration du maire et de la présidente du festival, Hubert Artus, présent pour animer le débat, a immédiatement lancé les festivités, permettant à Jérôme Ferrari, Alessandro de Roma, Giosuè Calaciura et Adrian Grima d’exprimer leur ressenti par rapport au mystère qui entoure les îles européennes. Pour eux, l’important était d’écrire un livre dont l’action se passerait dans leur île, en Corse, en Sardaigne, à Malte ou en Sicile, et non pas d’écrire un livre à propos de celles-ci. Les uns comme les autres ne s’autorisaient pas à mentionner leur île dans leur récit, ou encore changeaient le nom des villages, afin d’échapper à la stigmatisation de ces derniers, et de s’éloigner des utopies qu’ils pouvaient incarner.
“Il n’y a pas d’unité de la Méditerranée”
La mer, thème du festival, constituait une barrière, “comme un mur entre l’Europe et eux” d’après Jérôme Ferrari, et la relation que les auteurs ont pu entretenir avec elle est décrite comme étroite ou insignifiante comme pour Alessandro de Roma qui précisait que les Sardes percevaient leur île davantage comme une île montagneuse, ce qui renforçait l’idée qu’ils étaient oubliés, qu’ils n’appartenaient pas à l’Europe. Malgré cela, Adrian Grima, qui lui aussi a soulevé les problèmes que pouvait avoir Malte avec le continent européen, a précisé que les îles aimaient beaucoup cette idée de l’imaginaire méditerranéen. Globalement, le sentiment dominant de cette table ronde fut que l’unité des îles méditerranéennes n’existe pas et qu’elles ont toutes une façon différente de fonctionner et d’agir face au continent européen, sans pour autant être totalement étrangères les unes aux autres, comme l’a poétiquement exprimé Giosuè Calaciura : “Il n’y a pas d’unité de la Méditerranée, mais c’est un espace dans lequel on se mélange et où l’on se nourrit les uns les autres avec nos différences, on parle, on échange, et on continue d’être inspiré par son voisin.” Une table ronde passionnante, ponctuée par les questions pertinentes et les interventions tintées d’humour d’Huber Artus.