L’avenir du vidéoprojecteur et des tablettes tactiles dans notre enseignement au LP2I

Dans notre lycee, le LP2I, nous avons le projet d’utiliser des tablettes tactiles dans notre enseignement. Cela pose beaucoup de questions, dont celle-ci : quelle sera la place du videoprojecteur au côté des tablettes tactiles ?

Impact sur l’environnement et consommation électrique
L’impact sur l’environnement d’une tablette ou d’un vidéoprojecteur dépend notamment de leur consommation énergétique lors de leur usage. D’autres aspects ont un très fort impact sur l’environnement tels que la production de ces appareils, mais aussi les déchets qu’ils représentent en fin de vie (avec une assez faible durée de vie).

Consommation électrique pour produire de la lumière
En ce qui concerne la consommation énergétique de ces appareils, l’essentiel de l’énergie consommée est lié à la production de lumière pour obtenir une image lumineuse : lampe pour un vidéoprojecteur et LEDs (diodes électroluminescentes) pour le rétroéclairage de l’écran LCD des tablettes actuelles.

Vidéoprojecteur NEC VT590 utilisé au LP2I : il consomme 255 W (Source : doyoo.de)

Lampe d'un vidéoprojecteur (source : LDLC.com)

Principe d'un vidéoprojecteur : un écran LCD est utilisé comme une diapositive (Source : homecinema-fr.com)

Rétroéclairage à LED d'un écran LCD, ici par le côté avec un guide de lumière (source : shop.panasonic.com)

L’énergie nécessaire est directement liée à la surface de l’image.
Un écran de projection a une surface environ 100 fois plus grande que celle d’une tablette 10 pouces.

Une tablette tactile (sur le bureau) reliée à un vidéoprojecteur au plafond (Source : ralentirtravaux.com, le blog d'un professeur de Français)

Une tablette tactille sur un bureau (Source : www.ralentirtravaux.com/le_blog/)

Le rendement lumineux d’un vidéoprojecteur (et de l’écran) est beaucoup moins bon que celui d’une tablette. L’écart de rendement va s’accroitre à l’avenir avec l’arrivée prochaine des écrans OLED (pas de rétroéclairage car chaque pixel produit sa lumière, en fonction de l’image, qui plus est avec un bon rendement). Il faudrait comparer aussi le rendement de l’alimentation des tablettes avec celui d’un vidéoprojecteur, mais les écarts doivent être assez faible malgré l’utilisation d’une batterie pour une tablette.

Tablette 10 pouces de Toshiba à écran OLED = Organic Light Electroluminescent Diode (Source ubergizmo.com)

Consommation électrique totale
Si on considère la consommation électrique totale, pas seulement la production de lumière, elle est de l’ordre de 200 W à 300 W pour un vidéoprojecteur et de l’ordre de 10 W pour une tablette. Mais en fait la consommation d’une tablette n’est pas la même si on regarde un film (le processeur doit décompresser la vidéo, il faut de la puissance sonore, …) ou si on se contente de consulter un document fixe et de taper quelques lignes de texte. La puissance consommée par le processeur diminue fortement dans ce dernier cas et c’est à nouveau le rétroéclairage qui consomme presque toute l’énergie de la tablette. Je n’ai pas de chiffres précis mais dans ce cas la consommation totale doit tomber aux alentours de 2 à 3 W pour une tablette 10 pouces. On arrive à nouveau à un écart de l’ordre de 100 avec le vidéoprojecteur.

Utilisation d'une tableete tactile en TP de SVT (Source : www.tablette-tactile.net, lien vers l'article de Sébastien Verbert, professeur de SVT)

Bilan sur la consommation électrique d’un vidéoprojecteur comparée à une tablette
Un vidéoprojecteur consomme de l’ordre de 100 fois plus d’électricité qu’une tablette 10 pouces lorsqu’on la sollicite peu (cas général pour un usage pédagogique en terme de temps d’utilisation). Ceci restera vrai à l’avenir même si on parvient à produire des systèmes plus efficaces avec des rendements énergétiques proches de 100 %.

Une tablette ça consomme peu, mais une classe équipée de tablettes nettement plus. Et tout un lycée équipé ... (Source : compas.risc.cnrs.fr)

Incidence sur l’utilisation du vidéoprojecteur en classe
Dans une démarche de développement durable (qui s’imposera tôt au tard à nous tous), il me semblerait raisonnable de limiter l’usage du vidéoprojecteur au profit de solutions moins énergivores comme des tablettes tactiles.
Il ne s’agit pas de nous priver d’un outil intéressant sur le plan pédagogique mais de faire évoluer nos pratiques en recherchant le meilleur compromis. L’avenir nous montrera peut-être qu’on peut avoir une meilleure efficacité pédagogique en utilisant plus les tablettes et beaucoup moins le vidéoprojecteur. Les interactions pédagogiques avec une image projetée restent assez limitées par rapport à ce qu’on pourrait faire sur une tablette.
Pour compenser l’absence du document vidéoprojeté, on peut réfléchir à d’autres solutions utilisant les tablettes :
. utiliser des onglets comme sur les navigateurs Internet,
. scinder l’écran en deux (en mode portrait de préférence, comme sur la DS de Nintendo, pour garder visible le document commun à la classe qu’on voulait projeter,
. utiliser une tablette sur deux pour le document qu’on voulait projeter, dans le cas d’un travail en binôme,