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En 2004, les haïtiens ont décidés de ne pas fêter le bicentenaire de leur indépendance. Le pays souffre de la pauvreté (80%de la population haïtienne vit en dessous du seuil de pauvreté) d’un climat horrible (cyclones, tsunamis, tremblements de terre, inondations).

Ce qui aurait dû être une grande fête, pour commémorer la seule révolte d’esclaves aboutie de l’Humanité, après la mise en déroute des troupes de Napoléon, se déroulera en demi-teinte dans ce bout d’île des Caraïbes qui n’en finit pas de courir après la démocratie et est confronté à un chaos économique et sanitaire.

Elle pourrait aussi virer au cauchemar pour son président Jean Bertrand Aristide (président contesté élu avec 93% des voix mais avec 5% de participation), contesté par une large coalition de la société civile, qui dénonce son despotisme et entend faire entendre sa voix jeudi encore.

Haïti se retrouve au ban des organisations de défense des droits de l’Homme, qui dénoncent la corruption, les assassinats politiques, les pressions sur la presse et les opposants, l’incapacité à mettre en place une police indépendante et un système judiciaire digne de ce nom.

La communauté internationale, Etats-Unis en tête, qui a gelé ses aides au gouvernement, presse l’Etat d’organiser des élections parlementaires. Ce qui n’a pu se faire, faute de conditions de sécurité adéquates et l’opposition exigeant en préalable la démission d’Aristide.

Car le président est confronté depuis plusieurs mois à une opposition de plus en plus forte, incarnée par les “184”, alliance de 184 organisations de chefs d’entreprises, médecins, féministes, syndicalistes paysans, intellectuels… qui a pris le relais d’une opposition politique en retrait.

Le groupe demande son départ, dans des manifestations à répétition, qui ont parfois dégénéré, avec morts et blessés, du fait de l’intervention de la police et de bandes armées liées au régime. Mardi encore, deux personnes ont été légèrement blessées par balles.

Jeudi, les 184 comptent de nouveau défiler et déposer une gerbe sur la place des Héros, explique André Apaid, leur coordonnateur.

Pour lui, Aristide a confisqué la fête : “Il a voulu en faire un tremplin, mais qu’il politise quelque chose comme ça dérange les gens… De toute façon, je crois qu’il a perdu l’enthousiasme du peuple, il a de gros problèmes”.