
Les représentants de la classe défense Antoine de Saint-Exupéry au monument aux morts de Cognac, le jeudi 8 mai 2025 (source – C-DEF)
Une dernière commémoration
Ce mois de mai a marqué la fin de la deuxième promotion de la classe défense Antoine de Saint-Exupéry, au terme d’une année scolaire riche en visites, en rencontres et en enseignements jusque dans ce dernier mois.
Ainsi, des lycéens de la C-DEF AP2D sont-ils venus commémorer le quatre-vingtième anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe le jeudi 8 mai 2025. Se tenant au pied du monument aux morts de Cognac, Bryan, Ares, Tiphane et Sven furent également les ambassadeurs du Lycée Jean Monnet devant les autorités civiles et militaires présentes à la cérémonie.
La signature de la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie à Reims mettait fin au conflit le plus meurtrier de l’Histoire. Elle fut reconduite le lendemain à Berlin-Karlhorst où STALINE exigeait qu’elle fut resignée en présence de représentants soviétiques dans le lieu où fut livrée par l’Armée rouge la dernière bataille. Conscients de la dimension particulièrement forte de cette commémoration en son quatre-vingtième anniversaire, les élèves de la classe défense Antoine de Saint-Exupéry écoutèrent avec attention la lecture de la lettre de Sébastien LECORNU dans laquelle le Ministre des Armées alertait sur les menaces contemporaines au coeur même de l’Europe.
Un dernier enseignement de défense
La semaine suivante, le mercredi 14, le L/C François vint à la rencontre des élèves pour une dernière séance d’enseignement de défense consacrée, cette fois, aux drones navals. Après avoir souligné l’importance géopolitique et stratégique des mers et des océans pour notre pays ainsi que les enjeux particulièrement sensibles qu’ils suscitent, l’officier s’est fait l’avocat d’une Marine forte, néanmoins en retard en matière de dronisation si on la compare à l’US Navy voire à la flotte de guerre de l’APL (1).

Le L/C François (source – C-DEF)
Distinguant les trois grandes familles de drones navals à savoir 1- ceux qui flottent ou USV (Unmanned Surface Vessel) 2- ceux qui opèrent en plongée ou UUV (Unmanned Underwater Vessel) et 3- les drones aériens en mer ou UAV (Unmanned Aerial Vehicle), il donna aux élèves des rudiments permettant la compréhension de la guerre des drones en mer.
Prenant l’exemple de la dissuasion nucléaire, il montra combien la guerre des mines était d’actualité du fait de l’Histoire (2) mais aussi des tensions actuelles avec la Russie. Nos SNLE sont ainsi particulièrement vulnérables aux approches de leur base qu’ils en partent ou qu’ils la regagnent. L’itinéraire emprunté entre l’Île Longue et la haute mer peut s’avérer dans le meilleur des cas compromis (détection du SNLE par un sous-marin ennemi ou des capteurs posés sur les fonds sous-marins); dans le pire des cas mortel (destruction par une attaque ou des mines). La surveillance et le nettoyage de cette partie du plateau continental qui mène jusqu’à l’océan profond est par conséquent une mission essentielle et permanente qui demande des hommes et des moyens.
C’est ici qu’intervient le programme Système de Lutte Anti-Mines Futur (SLAM-F) qui permettra, lorsqu’il sera arrivé à maturité (à la fin de cette année), de patrouiller 24.00 sur 24 de manière autonome avec un équipage réduit. Particulièrement performant en termes de persistance, de surveillance et d’identification, le SLAM-F emportera avec lui un UUV de nouvelle génération, et pourra mettre à la mer d’autres drones qui pourront aller détruire des mines à la place des plongeurs démineurs. En sécurisant plus efficacement les SNLE, le SLAM-F participera ainsi pleinement à la mission nucléaire en nécessitant moins de marins qu’avec un bâtiment de guerre des mines par exemple (3).
Après avoir expliqué un autre programme de drone dont l’objectif est, cette fois, de cartographier des fonds sous-marins encore mal connus (4), le L/C François a surtout décrit l’état des lieux de la dronisation militaire des mers à l’échelle internationale avec 1- une marine américaine dont la stratégie est d’augmenter sa masse dronisée avec le lancement de bâtiments drones de grandes tailles. 2- Une marine chinoise rivale qui se lance, elle aussi, dans une capacité de drones navals très ambitieuse 3- Des puissances navales montantes telle que la Turquie qui vient de transformer une coque d’origine espagnole en bâtiment porte-drones (ce type de bâtiment se développant partout dans le monde désormais) et 4- l’Ukraine qui, du fait de son conflit avec la Russie, a particulièrement innové en matière de drones navals de combat (Magura V5).
La remise des attestations aux élèves
Au terme de cet enseignement de défense particulièrement intéressant, le L/C François a remercié les lycéens, leur remettant individuellement une attestation prouvant leur engagement dans une classe défense au lycée. À cette occasion, il a aussi insisté sur leur devoir de défense quand bien même ne s’engageraient-ils pas dans les armées. La Défense est nationale et tout citoyen peut/doit y jouer un rôle à son niveau.
Profitant de cette dernière séance, le commandant de l’ED 2/33 Savoie fit également ses adieux aux élèves. Arrivé au terme de son commandement, l’officier est sur le départ d’ici cet été pour aller prendre un nouveau commandement au sein d’un état-major parisien.
_______________
- Cf. L’APL ou Armée Populaire de Libération est le nom donné aux forces armées chinoises.
- Cf. Durant la Deuxième Guerre mondiale de très nombreuses mines ont été mouillées dans la Manche et dans l’Océan Atlantique, que l’on retrouve encore. De nos jours, la Marine nationale mène des campagnes régulières pour nettoyer les eaux littorales et sécuriser les rails de circulation maritime.
- Cf. Le SLAM-F est le premier système de dronisation de la guerre des mines de la Marine nationale, il devrait être capable d’opérer 8 modules de drones différents autour d’un noyau de 32 marins dont une équipe de plongeurs démineurs.
- Cf. La CHO-F ou Capacité Hydro-Océanique Future est un programme global qui devra à terme de développer plusieurs catégories de drones dont des USV et UUV.

(source – C-DEF)