La newsletter de Réserv’Air Info (mai 2025)

Après celle de la Marine, voici la newsletter de la Réserv’Air Info du mois de mai. Bonne lecture aux élèves de la C-DEF!

 Réserv'Air Info (mai 2025)

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Du côté de la Marine…

 

Blason du COMAR de Nouvelle-Aquitaine situé à Bordeaux (source – COMAR Bordeaux)

Une newsletter reçue du Commandement Maritime (COMAR) de Nouvelle-Aquitaine permettra d’élargir l’actualité des classes défense en cette fin d’année. Si les centres de gravité de la Marine nationale se situent davantage en Bretagne (Brest) et en Provence (Toulon), la Nouvelle-Aquitaine n’est pas non plus coupée des préoccupations de La Royale comme en témoignent les nombreuses activités que nous rapporte le document aimablement transmis par le COMAR. On y trouvera notamment un intéressant bilan des activités des C-DEF à coloration Marine dans notre région.

Newsletter COMAR Bordeaux (mars 2025)

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Clôture de la deuxième promotion

Les représentants de la classe défense Antoine de Saint-Exupéry au monument aux morts de Cognac, le jeudi 8 mai 2025 (source – C-DEF)

Une dernière commémoration

Ce mois de mai a marqué la fin de la deuxième promotion de la classe défense Antoine de Saint-Exupéry, au terme d’une année scolaire riche en visites, en rencontres et en enseignements jusque dans ce dernier mois.

Ainsi, des lycéens de la C-DEF AP2D sont-ils venus commémorer le quatre-vingtième anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe le jeudi 8 mai 2025. Se tenant au pied du monument aux morts de Cognac, Bryan, Ares, Tiphane et Sven furent également les ambassadeurs du Lycée Jean Monnet devant les autorités civiles et militaires présentes à la cérémonie.

La signature de la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie à Reims mettait fin au conflit le plus meurtrier de l’Histoire. Elle fut reconduite le lendemain à Berlin-Karlhorst où STALINE exigeait qu’elle fut resignée en présence de représentants soviétiques dans le lieu où fut livrée par l’Armée rouge la dernière bataille. Conscients de la dimension particulièrement forte de cette commémoration en son quatre-vingtième anniversaire, les élèves de la classe défense Antoine de Saint-Exupéry écoutèrent avec attention la lecture de la lettre de Sébastien LECORNU dans laquelle le Ministre des Armées alertait sur les menaces contemporaines au coeur même de l’Europe.

Un dernier enseignement de défense

La semaine suivante, le mercredi 14, le L/C François vint à la rencontre des élèves pour une dernière séance d’enseignement de défense consacrée, cette fois, aux drones navals. Après avoir souligné l’importance géopolitique et stratégique des mers et des océans pour notre pays ainsi que les enjeux particulièrement sensibles qu’ils suscitent, l’officier s’est fait l’avocat d’une Marine forte, néanmoins en retard en matière de dronisation si on la compare à l’US Navy voire à la flotte de guerre de l’APL (1).

Le L/C François (source – C-DEF)

Distinguant les trois grandes familles de drones navals à savoir 1- ceux qui flottent ou USV (Unmanned Surface Vessel) 2- ceux qui opèrent en plongée ou UUV (Unmanned Underwater Vessel) et 3- les drones aériens en mer ou UAV (Unmanned Aerial Vehicle), il donna aux élèves des rudiments permettant la compréhension de la guerre des drones en mer.

Prenant l’exemple de la dissuasion nucléaire, il montra combien la guerre des mines était d’actualité du fait de l’Histoire (2) mais aussi des tensions actuelles avec la Russie. Nos SNLE sont ainsi particulièrement vulnérables aux approches de leur base qu’ils en partent ou qu’ils la regagnent. L’itinéraire emprunté entre l’Île Longue et la haute mer peut s’avérer dans le meilleur des cas compromis (détection du SNLE par un sous-marin ennemi ou des capteurs posés sur les fonds sous-marins); dans le pire des cas mortel (destruction par une attaque ou des mines). La surveillance et le nettoyage de cette partie du plateau continental qui mène jusqu’à l’océan profond est par conséquent une mission essentielle et permanente qui demande des hommes et des moyens.

C’est ici qu’intervient le programme Système de Lutte Anti-Mines Futur (SLAM-F) qui permettra, lorsqu’il sera arrivé à maturité (à la fin de cette année), de patrouiller 24.00 sur 24 de manière autonome avec un équipage réduit. Particulièrement performant en termes de persistance, de surveillance et d’identification, le SLAM-F emportera avec lui un UUV de nouvelle génération, et pourra mettre à la mer d’autres drones qui pourront aller détruire des mines à la place des plongeurs démineurs. En sécurisant plus efficacement les SNLE, le SLAM-F participera ainsi pleinement à la mission nucléaire en nécessitant moins de marins qu’avec un bâtiment de guerre des mines par exemple (3).

Après avoir expliqué un autre programme de drone dont l’objectif est, cette fois, de cartographier des fonds sous-marins encore mal connus (4), le L/C François a surtout décrit l’état des lieux de la dronisation militaire des mers à l’échelle internationale avec 1- une marine américaine dont la stratégie est d’augmenter sa masse dronisée avec le lancement de bâtiments drones de grandes tailles. 2- Une marine chinoise rivale qui se lance, elle aussi, dans une capacité de drones navals très ambitieuse 3- Des puissances navales montantes telle que la Turquie qui vient de transformer une coque d’origine espagnole en bâtiment porte-drones (ce type de bâtiment se développant partout dans le monde désormais) et 4- l’Ukraine qui, du fait de son conflit avec la Russie, a particulièrement innové en matière de drones navals de combat (Magura V5).

La remise des attestations aux élèves

Au terme de cet enseignement de défense particulièrement intéressant, le L/C François a remercié les lycéens, leur remettant individuellement une attestation prouvant leur engagement dans une classe défense au lycée. À cette occasion, il a aussi insisté sur leur devoir de défense quand bien même ne s’engageraient-ils pas dans les armées. La Défense est nationale et tout citoyen peut/doit y jouer un rôle à son niveau.

Profitant de cette dernière séance, le commandant de l’ED 2/33 Savoie fit également ses adieux aux élèves. Arrivé au terme de son commandement, l’officier est sur le départ d’ici cet été pour aller prendre un nouveau commandement au sein d’un état-major parisien.

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  1. Cf. L’APL ou Armée Populaire de Libération est le nom donné aux forces armées chinoises.
  2. Cf. Durant la Deuxième Guerre mondiale de très nombreuses mines ont été mouillées dans la Manche et dans l’Océan Atlantique, que l’on retrouve encore. De nos jours, la Marine nationale mène des campagnes régulières pour nettoyer les eaux littorales et sécuriser les rails de circulation maritime.
  3. Cf. Le SLAM-F est le premier système de dronisation de la guerre des mines de la Marine nationale, il devrait être capable d’opérer 8 modules de drones différents autour d’un noyau de 32 marins dont une équipe de plongeurs démineurs.
  4. Cf. La CHO-F ou Capacité Hydro-Océanique Future est un programme global qui devra à terme de développer plusieurs catégories de drones dont des USV et UUV.

(source – C-DEF)

 

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Le commandant Yannick analyse le film “Eye in the sky”

Le lieutenant Steve Watts (Aaron PAUL), pilote de Reaper de l’US Air Force dans le film. C’est le pilote du MQ-9 qui tire les munitions embarquées sur la plateforme (source – Variety.com)

D’abord pilote d’hélicoptère, le commandant Yannick a par la suite été formé, aux Etats-Unis en 2019, au pilotage des plateformes MQ-9 Reaper. C’est donc un pilote accompli, totalisant 3800 heures de vol dont 1200 en opération, qui accompagna les lycéens de la C-DEF AP2D pour le décryptage et l’analyse du film de Gavin HOOD, Eye in the sky, ce mercredi 9 avril.

Bien plus, l’officier est aussi un opérationnel expérimenté crédité de 120 missions de guerre dont 45 de sauvetage. Aujourd’hui, il partage ses activités entre Cognac et Paris en tant que responsable de cellule de crise au sein du Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes (CDAOA).

Accessible et clair, le commandant Yannick suscita de nombreuses questions de la part des élèves. Mettant concrètement en relation les scènes du film avec son expérience tactico-technique de terrain, il reconnut que Eye in the sky était un film que les pilotes de Reaper « n’aiment pas » ou plutôt « n’aimaient pas regarder jusqu’au bout ». Par ce propos, le militaire reconnaissait le réalisme du film avec tout ce qu’il pouvait faire remonter à la surface pour ceux qui avaient vécu cette guerre de RPA à distance. Des actions à la fois lointaines mais suffisamment proches – par capteurs interposés – pour infliger de véritables « blessures invisibles » (1), ce que montre justement le film de Gavin HOOD.

Cette analyse fut, donc, un échange particulièrement fort entre les lycéens et le militaire ; ce dernier confiant qu’il était lui-même sur le point de raccrocher son uniforme lorsque la guerre en Ukraine, et ce qu’elle fait désormais peser sur l’Europe de la Défense, l’obligèrent à différer sa décision de quitter l’Armée.

Personnalité riche et attachante, le commandant Yannick est également écrivain à ses heures perdues. Il vient ainsi de publier un premier roman (2), trouvant dans l’écriture une autre manière de conjurer ses démons.

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  1. Cf. L’expression désigne le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) qui, désormais, fait l’objet d’une reconnaissance officielle au sein des armées. De fait, le commandant Yannick est reconnu depuis 2021 « blessé de guerre ».
  2. Cf. MAZE (Yannick), L’Amour en Guerre, Épic Éditions, 294 p.

 

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RPA MQ-9 Reaper

Le mercredi 12 mars 2025, les lycéens de la classe défense Antoine de Saint-Exupéry étaient invités à venir visiter leur unité marraine : l’ED 2/33 Savoie.

Accueillis par le commandant de l’unité, le lieutenant-colonel François, ils assistèrent à un exposé particulièrement intéressant leur présentant les caractéristiques du MQ-9 Reaper ainsi que la doctrine d’emploi de cet avion au sein de l’Armée de l’Air et de l’Espace.

Après cet exposé pédagogique et étayé de nombreux RETEX d’opérations, le L/C François accompagna ses invités dans les bâtiments du 2/33, expliquant le fonctionnement quotidien de l’unité notamment le cycle des entraînements des pilotes et de leur navigateur-opérateur. La visite se poursuivit ensuite dans les hangars de l’escadron où les élèves purent observer de près deux Reaper – un Block 5 et un Block 1 – avant de pénétrer dans un GCS et dans un simulateur de navigation de ce système d’arme. Sous la responsabilité d’un équipage, chaque élève put ainsi s’entraîner au pilotage mais également à l’acquisition et à la neutralisation d’une cible : bâtiment, char de combat, véhicule anti-aérien et batterie missiles.

Les nombreuses questions illustrèrent l’intérêt que les lycéens portèrent au sujet, stimulés en cela par l’efficacité et la très grande clarté des explications du L/C François. Au terme de cette troisième et dernière visite de l’année, ils diposent désormais des notions élémentaires qui leur permettront d’aborder la prochaine séance de travail. Cette dernière sera consacrée à la représentation cinématographique des RPA et des drones, et les lycéens auront à confronter le réel et la fiction de la guerre des drones à partir de leurs nouvelles connaissances sur le sujet.

Un MQ-9 Reaper Block 5 reconnaissable à son hélice quadripale. L’engin appartient à l’Armée de l’Air américaine et se présente avec des racks missiles sous les ailes. Les Reaper français ne disposent pas encore d’AGM Hellfire certifiés et ne tirent actuellement que des GBU-12 (source – US Air Force).

Le RPA MQ-9 Reaper

Conçu par General Atomics, le MQ-9 Reaper est une machine de fabrication américaine. Contrairement à l’usage répandu, ce n’est pas un drone au sens strict. Engin de 20,1 m d’envergure pour 11 m de long et 3,8 m de haut, il est capable d’emporter 2 tonnes de kérozène et une tonne de bombes tout en volant « à la vitesse d’un TGV » selon la formule du L/C François. Le Reaper est, en fait, un avion qui nécessite un pilote et un navigateur qualifiés ce qui le distingue d’un drone stricto sensu. C’est un avion piloté à distance ou Remotly Piloted Aircraft (RPA) selon la terminologie américaine.

D’une masse maximale au décollage de 4,7 tonnes, le MQ-9 se compose de 3 parties : 1- une partie avant qui embarque les systèmes d’observation 2- une partie arrière qui correspond au moteur 3- et le reste de l’appareil (cellule et ailes) qui constituent en fait le réservoir de carburant. Le MQ-9 est l’un des rares avions à emporter son propre poids en kérozène car sa fonction est de placer le plus longtemps possible caméras et capteurs dans les airs (concepts d’endurance du vol et de persistance de l’observation). La conception de l’engin dessine d’ailleurs celle d’un planeur avec un rapport entre la largeur et la longueur de l’aile comparable à ce type d’avion. Planer permet d’économiser le carburant et de durer en vol. La version Block 5 ER (Extended Range) emporte désormais des réservoirs auxiliaires qui allongent sensiblement l’endurance de l’engin. Reconnaissable à une hélice quadripale, le MQ-9 Block 5 peut ainsi voler 36.00 d’affilée contre 32.00 pour le Block 1.

Le Reaper nécessite un minimum d’infrastructures pour être mis en œuvre. Sa masse et son envergure demandent une piste pour décoller et atterrir. Il est directement télécommandé de son cockpit déporté (Ground Control System ou GCS) jusqu’à une distance de 50 km qui correspond à la Line Of Sight (LOS). Au-delà c’est une antenne satellite qui prend le relais. Le pilotage se fait donc par liaison de données LOS/SAT.

D’un coût unitaire d’environ 56 millions de dollars, le vecteur n’a pas de grande valeur en soi : il est même plutôt low-cost selon le L/C François. En revanche, il permet d’embarquer une boule optronique ainsi que des capteurs qui font la valeur ajoutée réelle du système. Conçue par Raytheon et située sous le nez de l’appareil, la boule optronique concentre plusieurs capteurs :

  • DTV (Day Television)
  • IR (Infrared)
  • LRD (Laser Rangefinder and Designator)
  • LLTV (Low Light Television)
  • LTM (Laser Target Marker)

Ces différentes caméras permettent de calculer les distances, d’illuminer les cibles au laser, d’observer sur les spectres infrarouge et thermique, de zoomer en champ discret… Elles peuvent surtout fusionner leurs données entre elles, et les transmettre aussi à des troupes au sol situées dans l’environnement du RPA. Ce système optronique détecte à 20 km, voit à 12 km et identifie à 8. Des distances qui font que l’oreille humaine ne peut entendre l’avion. Ces caractéristiques sont d’autant plus essentielles que le MQ-9 dispose d’une endurance réelle qui lui donne une certaine persistance au-dessus d’une zone d’intérêt. Rester le plus longtemps possible au-dessus d’un objectif permet de cartographier les habitudes de l’ennemi, et on ne voit pas les mêmes choses en 2.00 d’observation qu’en 30.00 souligne le L/C François.

Particulièrement utile pour les missions de l’Armée de l’Air et de l’Espace, le MQ-9 Reaper présente cependant quelques faiblesses. N’ayant pas de système de dégivrage ni de déshumidificateur, c’est un avion de « beau temps » qui doit éviter de traverser les nuages et de s’exposer aux hydrométéores. À cette contrainte météo s’ajoutent deux autres prérequis pour pouvoir opérer : la supériorité cybernétique et la supériorité aérienne. Lent et taillé comme un planeur – donc peu maniable – le Reaper n’est pas fait pour évoluer dans un environnement air-air ni sol-air contesté.

La Guided Bomb Unit 12 (GBU-12) Paveway II est une munition standard à guidage laser de 250 kg. Tirée jusqu’à 12 km de distance, elle déploit des ailettes de stabilisation lorsqu’elle est en vol et est précise dans un rayon de 10 m.

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