PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU PROJET LABELLISÉ CENTENAIRE 14-18
En lien avec sa précédente action labellisée 14-18, « Ferdinand Clovis Pin, un poilu du Poitou et sa famille, dans la Grande Guerre », le collège Camille Guérin / Ferdinand Clovis Pin (depuis mai 2018) de Poitiers entreprend un nouveau et vaste projet pluridisciplinaire, avec le label Centenaire, sur la Première Guerre mondiale.
En 2017-2018, quatre classes de 4e du collège sont impliquées dans ce projet, soit environ 110 élèves. En 2018-2019, ces ex-élèves de 4e, alors en 3e, continueront leur action. Au cours de ces deux années scolaires, ils sont encadrés par une équipe pluridisciplinaire d’une douzaine d’enseignants.
Le premier temps fort du projet s’est déroulé du 13 au 15 juin 2017 avec le déplacement à Vauxaillon d’une délégation de 6 élèves de 5e, accompagnés de Fares Cheniguer, leur principal et de Christophe Touron, professeur d’Histoire-Géographie, pour photographier les sépultures des 2 078 corps (dont 611 dans deux ossuaires) qui reposent dans la nécropole nationale de cette commune de l’Aisne, département particulièrement meurtri par les combats de la Grande Guerre, afin de constituer le point de départ des recherches menées à la rentrée suivante.
De septembre à décembre 2017, suivant une grille d’analyse et un memento pratique préparés par leurs professeurs d’Histoire-Géographie, Bénédicte Chassagne et Christophe Touron, les élèves de 4e ont recueilli les informations inscrites sur chacune des 1 480 sépultures individuelles photographiées. En partant des noms patronymiques, des prénoms relevés et des dates de décès indiquées, les élèves ont pu approfondir leurs recherches grâce aux fiches des soldats « Morts pour la France » en 1914-1918, numérisées par la Direction des patrimoines de la mémoire et des archives du ministère des Armées et consultables sur son site Internet. Ce travail a permis la réalisation d’un registre numérique de la nécropole nationale de Vauxaillon en cours de finalisation.
Fin novembre 2017, les collégiens se sont déplacés aux Archives départementales de la Vienne pour un atelier de présentation et d’analyse sur les archives de la Grande Guerre, notamment les registres matricules des poilus recrutés dans le département, identifiés les semaines précédentes. Cet atelier a constitué un préambule à la seconde phase du projet en Histoire programmée à partir du mois de janvier 2018.
Une fois le registre constitué, les élèves ont consacré leurs deux dernières séances en décembre au choix du soldat dont ils ont souhaité honorer plus particulièrement la mémoire. Choix qu’ils ont justifié en rédigeant un petit paragraphe.
Au terme d’un important travail de recension, Fares Cheniguer a entrepris de contacter les mairies des communes natales des poilus identifiés par les élèves, ainsi que les ambassades des pays dont certains étaient originaires, afin de leur demander un peu de terre : une partie de cette terre est destinée à être mélangée par ces mêmes collégiens au collège le 12 juin 2018, une autre à être déposée symboliquement au pied de chacune des tombes de la nécropole de Vauxaillon les 14 et 17 septembre 2018. Au cours de cette action, surnommée « Terres du souvenir », plus de 1 000 mairies ont été sollicitées de même que 21 ambassades des pays étrangers d’où étaient originaires quelques dizaines de soldats de 14-18 et 39-45 enterrés dans la nécropole, parmi lesquels 23 Malgaches, 15 Algériens, 7 Espagnols, 7 Russes, 6 Béninois, 4 Suisses, 2 Grecs, 2 Vietnamiens. Au final, 328 communes et 3 ambassades y ont répondu pour un total de 437 poilus.
Avec le mois de janvier 2018, a débuté le deuxième temps fort du projet en Histoire avec la réalisation de l’exposition « Une nécropole à hauteur d’homme », composée de 13 panneaux (format 2 m x 0,85 m) consacrés à la nécropole nationale de Vauxaillon, aux poilus recrutés dans la Vienne qui y sont enterrés et aux soldats des colonies. Grâce au travail des élèves, mené au cours des précédents mois, 24 poilus recrutés à Poitiers ou Châtellerault ont pu être identifiés ! A partir des registres matricules de ces derniers et des journaux des marches et opérations de leurs régiments, les collégiens se sont employés à rédiger leurs notices biographiques et à les illustrer avec des documents d’époque en recherchant leurs éventuels descendants (cf. un exemple de document de travail distribué à l’un des 24 groupes d’élèves). Une recherche malheureusement très souvent vaine mais qui a permis des échanges intéressants avec les mairies. Ce travail mené jusque début avril 2018 a impliqué toujours les quatre classes de 4e encadrées par Martine Iskra, documentaliste, Bénédicte Chassagne et Christophe Touron. Un travail que ces deux professeurs d’Histoire-Géographie ont corrigé, mis en perspective sur le plan historique et complété, notamment grâce à des recherches dans les registres d’état-civil jusque fin avril 2018.
Parallèlement, les autres enseignants des disciplines impliquées dans le projet ont proposé à leurs élèves une action spécifique : en Lettres avec Laurence Thimonier et en EPS avec Mélanie Massé, la création d’une chorégraphie sur l’expérience combattante de 14-18 ponctuée d’extraits de lettres du poilu Ferdinand Clovis Pin ; en Arts Plastiques avec Eric Herpin, la réalisation d’une animation vidéo à partir de cartes postales d’époque de la Grande Guerre ; en Éducation musicale avec Valérie Berteau, des répétitions en vue d’une participation au spectacle de chorale dans la cathédrale de Laon lors d’un concert donné le 16 septembre 2018 par le Brass Band de l’armée de l’Air et le Jazz Band du lycée Martin Luther King de Chicago ; en Anglais Langue vivante avec Nathalie Lauret et Marie-Hélène Vieillefault, un travail sur l’action humanitaire et sociale en France d’Anne Morgan, fondatrice du « Comité américain pour les régions dévastées » et les soldats noirs américains en 14-18, qui feront l’objet d’un hommage appuyé à Vauxaillon en septembre 2018 ; en SVT avec Cécile Mulliez et Nicole Vernet, un travail sur le corps humain et la santé à partir des souffrances physiques endurées dans les tranchées et des blessures de guerre. Enfin, la création et l’animation d’un blog pédagogique avec le concours primordial de Jérôme Souesme, professeur de Sciences Physiques et webmaster du site.
Le mardi 15 mai 2018, des élèves des classes de 4e B et C ont partagé leurs recherches avec les deux classes de CM1 de l’école élémentaire Saint-Exupéry, encadrées par Patrice Pouden et Louis-Marie Sabourin, professeurs des écoles, dans le cadre d’une action s’inscrivant dans la liaison école-collège axée sur le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Au sein du collège Camille Guérin / Ferdinand Clovis Pin, des objets de la Grande Guerre appartenant au collectionneur René Bissière ont été exposés pour l’occasion, tandis que les élèves de 4e ont expliqué aux élèves de CM1 leurs recherches et leur ont raconté la vie et la mort des poilus recrutés dans la Vienne qu’ils ont sorti de l’oubli ou de l’anonymat grâce à leur travail. Ce premier temps d’échanges a amorcé un travail de création littéraire de la part des élèves de CM1 qui sera présenté aux collégiens l’année prochaine…
Le mardi 12 juin 2018, au sein de l’établissement, a été organisée la cérémonie « Terres du souvenir » : en présence de 13 porte-drapeaux, de personnalités civiles et militaires représentant notamment le Conseil départemental et les Archives départementales de la Vienne, le RICM, l’ONAC et le Souvenir Français, plus de 430 élèves, représentant l’ensemble des classes du collège, rendent hommage à autant de poilus enterrés dans la nécropole nationale de Vauxaillon en mélangeant un échantillon de leur terre natale tout en égrenant leurs noms.
Du 13 au 17 septembre 2018, les ex-élèves de 4e, alors en 3e, participeront aux commémorations du centenaire des combats de Vauxaillon, à la fois comme acteurs et spectateurs dans le cadre d’une programmation très riche : dépôt du registre de la nécropole nationale de Vauxaillon à la mairie de la commune ; mise en place de l’exposition « Une nécropole à hauteur d’homme » ; visionnage des réalisations en Arts Plastiques ; représentation par les élèves de leur chorégraphie sur l’expérience combattante en 14-18 ; participation des élèves à la chorale du centenaire de Vauxaillon parmi des dizaines d’autres élèves provenant d’établissements de l’Aisne ; tournage d’un film sur le centenaire de Vauxaillon (1918-2018) ; visites d’expositions, circuits, visionnages de films et auditions de conférences historiques sur divers thèmes (ex. les soldats noirs américains en 14-18, l’engagement des combattants marocains dans la Grande Guerre, les graffitis laissés par les combattants dans les carrières de la région) ; participation des élèves à l’inauguration d’un monument en hommage aux soldats noirs du 370e RIUS ainsi qu’à une cérémonie dans le cimetière militaire américain OISE-AISNE à Seringes-et-Nesles. Parallèlement, les 14 et 17 septembre, participation à deux cérémonies patriotiques dans la nécropole nationale de Vauxaillon : opération « Terres du souvenir » avec le dépôt d’une fleur et d’un échantillon de terre natale sur 437 tombes puis hommage au poilu Ferdinand Clovis Pin pour le centenaire de sa mort, en présence de ses descendants et de porte-drapeaux.
Durant l’année 2018-2019, cette action connaîtra des prolongements au collège Ferdinand Clovis Pin avec son exploitation en classe afin d’approfondir le programme de 3e en Histoire-Géographie (civils et militaires dans la Première Guerre mondiale), en Lettres (formes du récit au XXe siècle) et en SVT (Le corps humain et la santé) ; le montage du film sur les commémorations du centenaire des combats du Mont des Singes à Vauxaillon ; la communication du projet sur le blog pédagogique créé à cet effet. Une action, qui reste à définir, sera aussi organisée autour des commémorations du centenaire de l’Armistice le 11 novembre 2018.
Ce projet est donc mené au croisement de l’histoire, de la mémoire et du civisme, pour et par des collégiens, dont les réalisations viseront un large public, en alternant la recherche historique, la création artistique et l’engagement citoyen, avec le souci de rester dans une approche de la Première Guerre mondiale à hauteur d’homme.