Sans toit ni loi, est un film d’Agnès Varda, réalisé en 1985, un an avant la création des « Restos du Cœur. » Sandrine Bonnaire a reçu le César de la meilleure actrice en 1986 pour le rôle de Mona dans Sans toit ni loi et le film a reçu le Prix Méliès en 1985.
Ce film raconte l’histoire de Mona, une jeune stoppeuse, jouée par Sandrine Bonnaire. C’est à travers un vrai-faux documentaire que l’on découvre « les dernières semaines de son dernier hiver » avec les témoignages des personnes qu’elle a pu rencontrer lors de sa route. C’est un film tragique car on sait dès le début du film que Mona va mourir, il n’y a pas d’espoir et il y a toujours des obstacles représentés par Agnès Varda avec des petits détails comme une barrière, des avertissements,…Chaque détail a un sens.
J’ai bien aimé des éléments de ce film car Agnès Varda qui a décidé de tout le film, a réussi à utiliser le cinéma pour dénoncer certains problèmes de société, comme le racisme au début du film lorsque le policier s’adresse à un monsieur puis à son employé pour connaître les circonstances de la mort de Mona en utilisant deux langages différents : le vouvoiement pour s’adresser au monsieur et le tutoiement pour s’adresser à son employé. Elle cherche aussi, avec Mona, à monter ceux que l’on ne veut pas voir. On peut dire que c’est du cinéma social, elle veut rendre visible ce qui est invisible aux yeux de la société. C’est ce qui lui permet de faire atteinte aux autres et de peut-être réussir à changer les lois pour aider les plus faibles. Il y a deux personnages que j’ai trouvés particulièrement importants et qui m’ont marqués. Le premier est Assoun qui est le seul personnage qui a aimé Mona. Lorsqu’il est interrogé à propos de Mona, c’est le dernier témoin et il ne parle pas, il respire l’écharpe que Mona lui a laissée. C’est un personnage positif mais pathétique. Le deuxième personnage est Madame Landier qui est en fait le reflet d’Agnès Varda. Elle cherche à retrouver Mona, elle pense qu’elle n’aurait jamais dû la laisser reprendre la route. La cinéaste nous exprime ce regret avec une métaphore du cinéma lorsque Madame Landier s’électrocute, les lampes symbolisent les projecteurs. Même si Madame Landier ne peut pas aider Mona, Agnès Varda grâce au cinéma va pouvoir l’aider. Elle fait aussi référence à des œuvres d’art pour rendre le personnage de Mona plus important, avec la «Naissance de Vénus » ainsi que le surnom de Mona qui fait référence à Mona Lisa.
J’ai néanmoins été gênée par certains aspects de ce film car je trouve que le comportement de Mona envers les personnes qu’elle rencontre sur sa route est parfois abusif. Je pense que certaines personnes qui sont dans la même situation qu’elle ne s’expriment pas de cette façon, réagissent différemment envers les personnes qui les aident. Je trouve que le vocabulaire utilisé par la vagabonde est assez violent et que la musique jouée par les cordes qui accompagnent les 12 travellings de Mona étaient bien choisies par rapport à la situation, mais je n’ai pas aimé cette musique. Les émotions de Mona n’étaient que très peu exprimées ou uniquement dans les scènes importantes comme celle de la boue dans le village à la fin du film ou elle exprime bien sa peur, son incompréhension et son désespoir, j’aurais aimé connaître plus son ressenti et ses émotions lors de la route car c’est un personnage qui se dévoile peu.
Ce film peut être comparé à Boudu sauvé des eaux avec Michel Simon qui raconte l’histoire d’un clochard heureux mais opportuniste qui est contre la bourgeoisie mais qui est content d’être errant.
Je conseille ce film à des personnes qui ont un bon esprit critique, à des personnes qui sont capables de repérer les détails et de les interpréter car ce film est constitué d’une multitude de détails qui sont importants à repérer d‘une part pour comprendre le film mais aussi pour comprendre les références qu’utilise la cinéaste.