Jan 08

Dossier: grande région

>>> POLITIQUE ET COLLECTIVITÉS

NOUVELLE RÉGION : POUR QUI ? POURQUOI ? COMMENT ?

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le redécoupage des régions est bien entré en application, depuis le 1er janvier 2016. Ex-Picto-charentais, désormais, nous sommes habitants d’une région sans nom, l’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Quel poids pour la région en France et en Europe ? Quelle place pour la Vienne ?

La Vienne pourra sans doute compter sur ses atouts touristiques au sein de la grande région. / Photo Pixabay

Lorsque nous posons la question à des personnes pas vraiment intéressées, la région Aquitaine-Limousin Poitou-Charentes n’existe pas encore, et ce, malgré l’élection régionale de 2015. Et pourtant, ce redécoupage des régions a bien été mis en application au 1er janvier 2016, sous le nom de « Loi NOTRe » (comme Nouvelle Organisation Territoriale de la République).

Ce redécoupage implique de grandes modifications pour nous, anciens picto-charentais. Nous passons d’une région de quatre départements (La Charente, la Charente-Maritime, les Deux-Sèvres et la Vienne) à une super-région de douze départements, dont trois de l’ex-Limousin (la Corrèze, la Creuse et la Haute-Vienne) et cinq de l’ex-Aquitaine (la Gironde, la Dordogne, le Lot-et-Garonne, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques).

Cette super-région est la quatrième en terme de population : 5,8 millions d’habitants, soit 8,9 % de la population totale française, derrière l’Île-de-France (18,3%), l’Auvergne-Rhône-Alpes (11,8%) et le Nord-Pas-de-Calais-Picardie (9,2%) (chiffres de l’INSEE). Et pourtant, dans l’ancienne carte des régions, l’Aquitaine était cinquième, le Poitou-Charentes, treizième (à égalité avec la Picardie) et le Limousin dix-huitième.

A l’échelle européenne également, la région possède plus de poids : pour pur exemple, la superficie de la région est supérieure à celle de l’Autriche (84100km² pour l’ALPC, contre 83880km² pour l’Autriche).

Quant à l’échelle nationale, l’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes a une part non négligeable dans le PIB : 7,5 % (soit la troisième région, derrière l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes) contre respectivement 4,4 %, 1,1 % et 2,7 % pour l’Aquitaine, le Limousin puis le Poitou-Charentes.

Le tourisme occupe toujours une place centrale dans la région : 85 000 emplois touristiques et 27 millions de touristes (chiffres : laregion-alpc.fr). La Vienne aussi peut surfer sur le tourisme avec le parc du Futuroscope, premier site de la région, avec 1,65 millions de visiteurs par an. Suivent ensuite la ville de Sarlat (1,5 millions), la dune du Pilat (1,4 millions), la cité de Saint-Emilion (1 million), l’Aquarium de la Rochelle (800 000) et le zoo de la Palmyre (700 000).

Quant à la jeunesse et à l’éducation, l’ALPC, c’est 296 lycées privés et publics (en 2014), près de 200 000 lycéens (en 2014), 115 centres de formation d’apprentis, 18 écoles supérieures et 181 000 étudiants. (chiffres : laregion-alpc.fr). Néanmoins, la grande région est aussi l’avant dernière en terme de part de jeunes de moins de 25 ans : 27,4 %. La réussite au BAC en 2013 est assez élevée : cinquième région au niveau national, avec 88,4 % de réussite.

L’agriculture est l’un des piliers de la nouvelle Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes : 1ère région agricole de France, 1ère région en terme de surfaces boisées, 1ère région avec 85 000 exploitations agricoles.

Bien que l’ancien Poitou-Charentes puisse encore compter sur son empreinte en terme de tourisme (Futuroscope, Marais Poitevin, Aquarium de la Rochelle, villes de Poitiers, Cognac, Angoulême, Rochefort…) et en terme de gastronomie et produits du terroir (le Broyé du Poitou, le beurre, le cognac, le Chabichou, les macarons, le Tourteau, le melon, les vins et bières…), du côté administratif, la Vienne perd un peu. Ancienne capitale régionale, la nouvelle préfecture de région sera à Bordeaux. Néanmoins, des services annexes devraient être accueillis sur Poitiers, notamment dans les anciens locaux du conseil régional. Mauvais coup, à l’heure ou on parle souvent de décentralisation.

L’affaire profite tout de même à tous, surtout pour le Limousin, qui passe d’avant dernière région en terme de population (et un budget en conséquence) à une plus grande région, donc à d’éventuelle hausse du budget.

Affaire à suivre… 

Raphaël Rembeault

Jan 08

Dossier: grande région >>> l’interview

>>> POLITIQUE ET COLLECTIVITÉS

L’ iNTERVIEW : Cyril Cibert

Conseiller régional (PS) de la région ALPC

Cyril Cibert est conseiller régional depuis 2010, mais aussi ancien conseiller municipal de Châtellerault et candidat aux dernières départementales.

RR : En tant que conseiller régional de l’ex région Poitou-Charentes depuis 2010, vous étiez favorable à la réforme des régions ?

C.CIBERT : Oui, car cette fusion nous donne plus de moyen. Les budgets des trois anciennes régions sont réunis pour une seule région. De plus, nous aurons plus de poids à l’échelle européenne.

RR : Selon vous, pourquoi les citoyens sont plutôt défavorables à cette fusion ?

CC : Cette fusion peut faire peur. Il y a eu quelques mauvaises nouvelles, comme l’arrêt des Nuits Romanes par exemple.

RR : Quelle est et quelle sera la place de la Vienne dans cette nouvelle grande région ? Est-ce que Poitiers conservera une place prépondérante ou est ce que tout sera écrasé par Bordeaux ?

CC : Tout ne sera pas envoyé à Bordeaux. Poitiers et Limoges seront également des villes qui comptent. L’objectif est d’être au plus près des citoyens. Par exemple, il y aura bientôt la mise en place d’élus de proximité, au nombre de trois par département, qui seront les portes paroles de la région.

RR : L’ancienne région était une région qui fesait que les lycéens avaient le droit à des chèques livres, sport ou culture, d’aide au soutien scolaire, au permis de conduire alors est-ce que ces opérations seront maintenues au sein de la région ALPC, est-ce que la jeunesse occupera une place aussi importante que dans l’ex région Poitou-Charentes ?

CC : La place de la jeunesse sera harmonisée, tout comme la politique culturelle. Dans chaque lycée siège un conseiller régional au conseil d’administration. Le soutien scolaire existe lui aussi, désormais par téléphone. Les différentes aides sont visibles sur le site de la région : laregion-alpc.fr

RR : Toujours pour la jeunesse des, conseils régionaux jeunes existaient en Aquitaine et en Limousin, est-ce que c’est encore une structure que l’on peut envisager ?

CC : L’Aquitaine et le Limousin n’ont plus d’existence légale, donc les conseils de jeunes n’ont plus vraiment de cadre administratif. C’est une idée intéressante à creuser.

RR : Alain Rousset, président de la grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes a annoncé la fin des Nuits Romanes, ce festival natif de l’ex-région Poitou-Charentes, pour des raisons financières. En effet Nathalie Lanzi, vice-présidente à la culture a avancée le chiffre de 3,5 millions d’euros pour le seul festival des Nuits Romanes, alors selon vous, est-ce que l’arrêt de ce festival est une erreur de parcours, sachant que l’idée donnée par la même adjointe à la culture c’est de faire de notre grande région la première région culturelle ?

CC : La fin des Nuits Romanes s’est décidée la mort dans l’âme, et nous avons forcément des regrets. Mais, c’était financièrement impossible en 2016, notamment à cause des retards d’impayés. L’année 2016 est une année de transition et nous n’avons aucune marge de manœuvre sur le budget culture.

RR : Avez-vous un avis particulier sur la question du nom ?

CC : Non. Je n’ai pas d’avis particulier pour le nom. Je pense seulement qu’il faut que le nom colle à l’histoire de la grande région. Une consultation est actuellement en cours. [Elle a été récemment clôturée, NDLR] Le nom sera choisi en juin. J’écoute les avis divergents pour me donner une opinion.

RR : Récemment, vous avez fait la une de l’actualité locale suite aux dettes de l’ex région Poitou-Charentes, vous aviez alors dit que vous seriez prêt à porter plainte pour abus de confiance, alors est-ce que vous maintenez encore cela ? Est ce que vous pourriez aller aussi loin ?

CC : Il y a en effet 132 millions d’euros d’impayés. Je n’ai nommé personne, et je ne donne pas de noms. La chambre régionale des comptes donnera son avis. De nombreuses factures n’étaient plus payées depuis juillet, contrairement à ce que certains ont déclarés.

RR : Dans la question qui va suivre, je vois derrière le mot intimidation, la rumeur de menace de procédure de la part de l’avocat de Ségolène Royal, mais aussi les intimidations plutôt personnelles comme en témoigne les tweets des 7 et 8 avril avec je cite « Un clin d’œil pour ceux qui m’ont insultés, menacés et déranger en appel anonyme #têtehaute » mais aussi « Ni influencé, ni retiré mes propos, recherche de la vérité tout simplement », ce second tweet faisant miroir à une citation de Ségolène Royal sur un tweet de France 3 Poitou-Charentes à savoir « Cyril Cibert a retiré ses propos car il a été influencé » alors Est-ce qu’il est vrai que vous avez été victime d’intimidations et influencé ?

CC : Je n’ai pas été influencé, je ne retire pas non plus mes propos. Mais, j’ai en effet été victime de menaces, d’appels anonymes et d’insultes.

RR : Nous allons passer aux questions posées en marge du sondage réalisé par nos soins sur internet avec 3 questions :

A quels moments, et comment, les citoyens seront consultés et impliqués dans les prises de décision qui incombe à cette immense région ?

CC : Alain Rousset a réuni 700 maires, et il y a également les élus de proximité, dont j’ai déjà parler précédemment.

RR : Seconde question issue du sondage : pourquoi avoir supprimer le Poitou-Charentes ? Et une question identique, pourquoi cette nouvelle région ? C’est-à-dire pourquoi avoir supprimer des aides régionales dans le Poitou-Charentes à cause de cette nouvelle région ?

CC : Il n’y a pas que le Poitou-Charentes qui a été modifié. C’est une modification effectuée partout. Quant aux aides régionales, seule une a été supprimée à ma connaissance, celle sur l’isolation des toitures. Les impayés n’y sont pas pour rien.

RR : Dernière question, concrètement, on nous disait que c’était pour l’argent, mais que va changer la fusion ?

CC : La grande région nous donne plus de poids économique, mais aussi plus de poids au niveau européen. Et les anciens budgets de chacune des régions sont additionnée pour une seule région.

>> ET POUR LE NOM ?
Le nom actuel est constitué de la superposition, par ordre alphabétique, des trois anciennes régions, soit « Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes ». Là où plusieurs régions ont déjà choisis (Grand Est pour l’Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, Hauts de France pour le Nord-Pas-de-Calais Picardie), le nom pour notre nouvelle région est actuellement en préparation, avec Anne-Marie Coccula, historienne. Une consultation publique a eue lieue par internet, et s’est récemment arrêtée. Le choix sera fait par le conseil régional le 20 juin, et le conseil d’État devra valider le nom avant le 1er novembre.

> SONDAGE

Sondage réalisé par internet, sur un échantillon de 27 individus dont 25 de plus de 16 ans.

>>> Approuvez-vous le choix de la fusion des régions Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes ?

Non, pas du tout : 13

Plutôt non : 10

Plutôt oui : 2

Oui, totalement : 2

>>> Quel nom choisiriez-vous pour notre grande région ?

Sud Ouest et dérivés (Sud Ouest Atlantique, Grand Sud Ouest…) : 10

Autre : 6

Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes : 4

NSPP : 4

Aliénor : 2

Grande Aquitaine et dérivés (Nouvelle Aquitaine, Aquitaine…) : 1

>>> D’après vous, comment a été la communication autour des points d’actions de cette région ? (Connaissez-vous les compétences de cette région ?)

Communication moyenne : 13

Plutôt mauvaise communication : 8

Communication inexistante : 3

Ne se prononce pas : 3

Raphaël Rembeault