Blaise CENDRARS. Shrapnells. 1919

« SHRAPNELLS »

1919

Blaise Cendrars

I.

 

Dans le brouillard la fusillade crépite et la voix du canon vient jusqu’à nous

Le bison d’Amérique n’est pas plus terrible

Ni plus beau

Affût

Pareil au cygne du Cameroun

 

II.

 

Je t’ai rogné les ailes, ô mon front explosible

Et tu ne veux pas du képi

Sur la route nationale 400 mille pieds battent des étincelles aux cliquetis des gamelles

Je pense

Je passe

Cynique et bête

Puant bélier

 

III .

 

Tous mes hommes sont couchés sous les acacias que les obus saccagent

Oh ciel bleu de la Marne

Femme

Avec le sourire d’un aéroplane

On nous oublie

Octobre 1914

Dire de mémoire 2 : La Maison Natale d’Yves Bonnefoy

Dans le cadre de la séquence 1 : L’enfance racontée… Comment et pourquoi raconter son enfance ?

A apprendre pour le Mardi 7 Octobre

en sachant situer l’auteur dans son temps et le présenter

rapidement (cf. Fiche de Compétence : dire de mémoire un texte du patrimoine littéraire)

Pour remplir la partie biographie, je vous conseille :

– une notice du DICTIONNAIRE ( NOMS PROPRES), ce seront des connaissances amplement suffisantes.

– le site du COLLEGE DE FRANCE où Yves BONNEFOY a tenu une chaire.

 

 

“Courage” de Paul Eluard (1942)

eluardParis a froid Paris a faim
Paris ne mange plus de marrons dans la rue
Paris a mis de vieux vêtements de vieilles
Paris dort tout debout sans air dans le métro
Plus de malheur encore est imposé aux pauvres
Et la sagesse et la folie
De Paris malheureux
C’est l’air pur c’est le feu
C’est la beauté c’est la bonté
De ses travailleurs affamés
Ne crie pas au secours Paris
Tu es vivant d’une vie sans égale
Et derrière la nudité
De ta pâleur de ta maigreur
Tout ce qui est humain se révèle en tes yeux
Paris ma belle ville
Fine comme une aiguille forte comme une épée
Ingénue et savante

Tu ne supportes pas l’injustice
Pour toi c’est le seul désordre
Tu vas te libérer Paris
Paris tremblant comme une étoile
Notre espoir survivant
Tu vas te libérer de la fatigue et de la boue
Frères ayons du courage
Nous qui ne sommes pas casqués
Ni bottés ni gantés ni bien élevés
Un rayon s’allume en nos veines
Notre lumière nous revient

Les meilleurs d’entre nous sont morts pour nous
Et voici que leur sang retrouve notre coeur
Et c’est de nouveau le matin un matin de Paris
La pointe de la délivrance
L’espace du printemps naissant
La force Idiote a le dessous
Ces esclaves nos ennemis
S’ils ont compris
S’ils sont capables de comprendre
Vont se lever.