Une amitié, un chef d’oeuvre. Océane T.

Les élèves du collège Anne Frank vous livrent ici quelques histoires en lien avec le roman de F.Place, Le vieux fou de dessin, qu’ils ont imaginées. 

Une amitié, un chef-d’œuvre. Océane T

Une tempête de neige s’était levée pendant la nuit. Le lendemain matin, tout Paris était couvert d’un mètre de poudreuse. Petit à petit, au fur et à mesure que le soleil pointait ses premiers rayons, toute la capitale s’éveilla. Comme tous les jours, le jeune vendeur de croissants du 16ème arrondissement, Daniel, se levait à 6h30 pour commencer sa tournée du matin, mais aujourd’hui, Daniel était en retard. Quant il se leva enfin, le jeune garçon se dit: « Oh, là, là, non seulement je vais me faire gronder par mon patron mais aussi par Maîtresse Zelda! » Daniel sortit de sa chambre et partit en cuisine avaler tout juste une tartine beurrée. Le jeune et frêle garçon tenta de sortir sans être vu, mais une énorme voix stridente l’interrompit : « Daaanieeeel!!!!! » Il se retourna et répondit d’une petite voix fluette: « Oui Maîtresse ? Qui a t-il? » « Je te ferai remarquer que tu es en retard Danieeeel ! » lui répondit-elle. « Par ta faute, je vais encore me faire réprimander par M. Bronchot pour ton retard ! Je suis sûre que tu as lu ces stupides livres que le club de charité vous a offert à toi et à tes camarades ! Maintenant, file, et la prochaine fois que tu désobéis aux règles et que tu es en retard, tu seras privé de bouillon de légumes ! Allez!!! » Daniel partit sans même prendre le temps d’enfiler sa veste.

Quand le petit garçon arriva, complètement gelé, à la boutique de M. Bronchot, il se fit une deuxième fois réprimander: « Écoute-moi, sale petit orphelin du diable, la prochaine fois que tu as plus de dix minutes de retard, tu es viré, tu m’entends ?! Alors, dégage ! Et emporte ton panier de croissants ! » Daniel partit faire sa tournée, la mine triste, comme tous les jours.

Le jeune vendeur de croissants vendait ses délicieuses pâtisseries au beurre aux passants, au marchand de légumes, au marchand de poissons, à la bibliothécaire, au boucher, bref, à tous les habitants qui occupaient son arrondissement. Chaque jour, Daniel attendait impatiemment d’arriver au quartier Mont martre. Car dans ce quartier se trouvaient l’atelier et la maison d’un sympathique et adorable peintre, Pablo Ruiz Picasso. Le jeune garçon l’adorait. Chaque matin, vers huit heures, le peintre l’accueillait avec un large sourire aux lèvres sur la terrasse de son atelier. Le peintre lui demanda : « Alors, mon cher Daniel, comment vas… Euh, attends-moi quelques secondes, je reviens. » A peine vingt secondes après, Picasso revint avec une veste très chaude. « Tiens, lui dit-il, c’est pour toi. Et entre donc, sinon tu vas attraper un rhume. »

L’atelier débordait d’étagères et de tables remplies de cadres, de toiles, de tubes de gouaches, de pinceaux de toutes sortes, de chiffons, de peintures à l’eau, de peintures à l’huile, et parmi tout ce fouilli, se trouvait une table basse où attendaient d’être bus deux grands bols de chocolat bien chaud et bien fumant, accompagnés de tartines de confitures que le peintre avait installées lui-même.

Picasso invita son jeune ami à s’asseoir. Daniel demanda: « Mais pourquoi m’offrir cette veste ? Vous savez que j’en possède déjà une. » Picasso soupira: « Ah bon ? Tu avais une veste sur toi quand je t’ai vu arriver ? A moins que ma vue ne devienne déficiente, je crois que non. Toute la capitale est couverte de neige, et toi, tu n’es vêtu que d’une simple chemise ! » « Désolé, répondit Daniel, mais je me suis couché tard la nuit dernière, et ce matin, j’étais en retard, je n’ai même pas eu le temps d’enfiler ma veste. » « Aaahhh, je comprends… » répondit-il. Tu t’es encore fais réprimander n’est-ce pas ? Et pourquoi donc? » Daniel répondit : « C’est exact. Comme je vous l’ai déjà dit, j’étais en retard ce matin car hier soir, j’ai lu la totalité des livres que le club de charité nous a offert. Je sais maintenant que je n’aurais pas dû car une partie de l’argent que je réussis à récolter revient directement à mon orphelinat. » « Tu vois, mon jeune garçon, lui dit le peintre, cela soulage de se confesser. Maintenant, mange ou sinon tes os deviendront aussi maigres que mon manche à balai ! »

Après leur copieux et succulent petit-déjeuner, Picasso demanda à Daniel: « Puis-je te poser une question assez personnelle ? » « Oui », répondit le garçon. Le peintre prit une grande bouffée d’air, et déclara: « Cette question me turlupine les méninges depuis un bon bout de temps. Depuis quelques jours, ton sourire joyeux a disparu. Éclaire-moi ! Pourquoi? » « Jeudi dernier, répondit Daniel, j’ai essayé de me faire des copains. Ça n’a pas marché. J’ai tout essayé, mais en vain. Je me suis montré sympathique, généreux, rien. Rien n’a marché… » Le vieux peintre dit à l’orphelin: « Moi, étant jeune, je n’ai jamais eu beaucoup d’amis. Et un beau jour, j’ai fait la connaissance d’artistes du cirque Medrano, dirigé par l’ancien clown Boum-Boum en personne. Et toi, maintenant, tu es l’ami d’un vieux peintre se prénommant Pablo Ruiz Picasso. » L’orphelin éclata de joie: « C’est vrai?? Vous êtes mon ami?? » « Bien sûr » répondit calmement le peintre. Ne tenant plus en place, Daniel sauta au cou du peintre: « Génial ! Je suis trop content ! Euh, je vous demande pardon. » Picasso lui dit, tout joyeux lui aussi : « Ne t’inquiète pas, je vais bien. Et j’aime bien voir cet enthousiasme chez mes nouveaux apprentis. Si tu acceptes, bien sûr. » Fou de bonheur, le nouvel apprenti du peintre répondit: « Si j’accepte ? Mais bien sûr, que j’accepte ! Oh, évidemment, je viendrais quand j’aurai fini de vendre mes croissants et quand les cours de Maîtresse Zelda seront finis, mais oui, vous pouvez me croire, je viendrai ! » Tous deux en chœur, les deux nouveaux amis se dirent au revoir. Picasso revint à ses chef-d’œuvres, et Daniel à sa vente de croissants.

Le lendemain matin, le garçon arriva chez le peintre à l’heure où il aurait du être en train de vendre ses pâtisseries: « Je suis là, Maître ! » Le vieil homme fut étonné :

« Mais qu’est-ce que tu fais là ? A ce moment de la matinée, tu te promènes dans les rues pour vendre tes croissants! Qu’est-ce qu’il t’arrive? » Tout penaud, le jeune garçon se confessa : « Je sais. Ce matin, je suis pourtant arrivé à l’heure à la boutique de M. Bronchot, mais il m’a dit qu’il avait recruté un meilleur employé que moi et par sa faute je me suis fait gronder par Maîtresse Zelda! » Picasso éclata de rire: « Ha, ha, ha, ce n’est pas grave, comme ça, tu auras plus de temps pour m’aider ! Ha, ha, ha… » L’apprenti et son Maître entrèrent dans l’atelier, et Picasso lui dit qu’il voulait peindre une toile représentant la guerre qui s’était déroulée à Guernica, en Espagne, son pays natal. Le peintre commença sa toile en utilisant le cubisme, forme de peinture géométrique qu’il avait lui-même révolutionné avec son ami Georges Braque en 1907. Le fidèle apprenti, Daniel, passait au vieil homme tout ce qu’il exigeait de lui, pinceaux, peintures noires, grises et blanches, chiffons, etc… Au bout de quelques semaines, la toile fut finie, après plusieurs essais ratés. « Tu sais, j’ai voulu peindre ce tableau pour dénoncer le massacre des guerres modernes, et… à chaque fois que je finis une toile, je suis de bonne humeur. A ton avis, mon cher Daniel, comment pourrait-on appeler cette merveille? » L’apprenti réfléchit longuement, et répondit: « J’ai trouvé! On l’appellera tout simplement « Guernica ». Vous aimez? » « Mais oui, c’est super! Simple, mais accrocheur! » répondit Picasso avec beaucoup d’enthousiasme.

Il était quatre heures de l’après-midi, et le peintre prépara un petit goûter à Daniel. Quand le jeune orphelin eut fini ses cookies et son verre de jus de raisin, il demanda au peintre: « Maître, cela fait très longtemps que nous nous connaissons tous les deux, que nous sommes amis et que je suis votre apprenti, n’est-ce pas? » « Oui. Mais que se passe t-il? » « Et bien, vous savez, il n’y a qu’à vous que je fais confiance, et il n’y a qu’à vous que je me confie, et j’aimerais en savoir un peu plus sur vous, si vous ne trouvez pas cette question un peu impersonnelle… » « Mais bien sûr que non, je trouve ça tout à fait normal de la part de mon fidèle apprenti qui se trouve être aussi mon meilleur ami », répondit calmement le vieux Picasso. « Je commence. Je suis né le 25 octobre 1881, ce qui signifie que j’ai 56 ans aujourd’hui. Mon pays natal est l’Espagne, mais j’ai vécu ici, dans notre jolie capitale, et aussi sur la Côte d’Azur. C’est un bel endroit. J’espère qu’un jour, tu auras la chance d’aller le visiter. Mon premier tableau connu fut « Le Picador », que j’ai peint en l’an 1889, à l’âge de huit ans. Et oui, la première toile que j’ai peinte, c’était quand j’avais le même âge que toi à présent. J’ai rencontré ma femme, Olga Kokhlova, au cirque Medrano, dont je t’ai déjà parlé. Elle faisait des acrobaties sur sa jument préférée, Cannelle. Elle m’a quitté car elle avait un amant allemand, Hanz. Je n’ai jamais su son nom. Ma fille, Maya, se trouve chez sa mère en ce moment-même, en Allemagne. Mon fils, Paulo, lui, se trouve en Amérique du Sud, au côté d’une belle indienne se prénommant Fleur du Courage. J’ai eu un grand ami, Georges Braque, lui-même peintre avec lequel j’ai fait découvrir le cubisme au monde entier en 1907. Il est mort d’une crise cardiaque. En 1895, j’ai habité à Barcelone. J’y suis entré à l’école des Beaux-Arts. J’y ai découvert le monde du cirque, un monde extrêmement fascinant, où j’y ai ren… » « Mais de quel cirque s’agit-il? » « Du cirque Medrano, bien sûr!! Ne m’interromps plus jamais, s’il te plaît !!! Comme j’allais dire avant que tu ne m’interromps brutalement, c’est là-bas que j’y ai rencontré ma future épouse. Je m’y suis fait également de sympathiques amis… Euh, j’ai oublié de te signaler que j’ai également été fasciné par le cirque T »ivoli Circo ecuestre », et que c’est dans ce cirque-là que j’y ai rencontré mon ex-femme. Les amis avec lesquels j’ai crée de fort liens se prénommaient Ilès, Antonio, Alex, Rico, et Grock. Ils étaient tous clowns, et Grock venait de Suisse. Je les retrouvais souvent à une petite et adorable buvette qui portait comme nom « La Bella ». Grâce à eux, j’ai arrêté de ne peindre que la vie misérable des gens, j’ai retrouvé ma joie de vivre. Et puis, quant on a dû se séparer, j’étais un peu triste, mais il me restait ma femme et mes enfants pour mener une vie paisible. J’ai beaucoup représenté ma famille sur des toiles, et j’ai fait beaucoup d’autres peintures moins tristes, comme « Les Demoiselles d’Avignon », peint en 1907, « Les Saltimbanques », peint en 1905, ou encore « Dora Maar », peint en 1937, et oui, cette année, au mois de juillet, et j’ai fait plein d’autres peintures au cours de ma vie. Cela te satisfais-tu comme biographie ? » Daniel lui répondit, encore tout éberlué par cette histoire: « Oh oui, j’ai trouvé ça, … oohhh, je ne saurais quoi dire, mais vous m’avez donné beaucoup plus de renseignements que je n’aurai pu le souhaiter! » « Merci beaucoup, le remercia Picasso. Tu sais, Daniel; comme mes méninges font souvent travailler mon cerveau, n’est-ce pas ? Et bien, une question ainsi qu’une idée de génie viennent de naître dans mon esprit. Tout d’abord, la question. Quel jour est ton anniversaire? » Étonné, le garçon répondit: « Demain, pourquoi? » Un sourire malicieux apparut au coin des lèvres du peintre: « Et bien, demain, je vais te faire un cadeau que tu ne pourras regretter. Dès la première heure, j’irai déposer une demande dans ton orphelinat pour pouvoir t’adopter, puis je t’emmènerai visiter la Tour Eiffel, et dans les semaines qui suivront, nous irons voguer sur la Seine où je t’apprendrai tout l’art de mon métier. Alors, qu’en dis-tu ? » Daniel put à peine émettre un son tellement il était bouche bée : « C’est, … C’est… C’est vrai? Ce serait le, ou plutôt devrais-je dire, les plus beaux cadeaux qu’on puisse m’offrir!! Vous ne me mentez pas, j’espère? » Très, très étonné de cette question, le vieux peintre lui répondit : « T’ai-je déjà menti auparavant?! » « Mais non, alors… GEEENIAAAAAL!!!!! Je vous adore, Maître! » Encore une fois, Daniel sauta au cou de Picasso, et tous deux se dirent en chœur: « Je t’aime. »

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