Le colonel KESSLER-RACHEL explique aux élèves les traditions militaires

À partir de l’exemple d’une prise d’armes qui eut lieu à l’École militaire de Paris, le colonel Thierry KESSLER-RACHEL explique aux élèves le sens et l’importance des traditions militaires, plus particulièrement celles de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Le colonel KESSLER-RACHEL commande la base aérienne de Cognac-Châteaubernard.

Le macaronage du 24 novembre 2023 (source – Armée de l’Air et de l’Espace)

REVISITONS LE RÉCENT MACARONAGE À PARIS POUR COMPRENDRE LES TRADITIONS

Le 24 novembre 2023, 14 aspirants se sont vus remettre leur brevet de pilote de chasse, de navigateur de combat ou de pilote à distance. Depuis plusieurs années, les pilotes à distance et les pilotes de chasse et navigateurs de combat sont rassemblés au cours des mêmes cérémonies pour entrer fièrement dans la famille du personnel navigant breveté, et donc apte au combat. Ces cérémonies appelées macaronnage revêtent plusieurs symboliques qu’il convient d’expliciter pour en mesurer le sens.

La remise du brevet, également appelé le « macaron »

Le personnel navigant de l’armée de l’air et de l’espace, pilote, navigateur ou pilote à distance reçoit un insigne comportant 2 ailes, une étoile et des lauriers. La symbolique de ces objets rappellent que pour tout pilote « l’étoile te guide, les ailes te portent et la couronne t’attend.» Il est possible d’en trouver des variantes. Mais il est certain qu’il est fait mention à travers cette symbolique à la machine, l’avion, au ciel et à l’orientation puis à la victoire ou à la mort. Le propre du combat du pilote est ainsi exalté dans cette devise qui rappelle que voler permet la victoire mais revient également à prendre des risques. Au cours de la cérémonie, les récipiendaires sont appelés un par un et leur parrain, ancien pilote ou pilote encore en service, remet avec énergie (en tapant légèrement) le brevet au nouveau pilote. Jusqu’à présent les élèves pilotes portaient un insigne équivalent mais avec une seule aile, nommée la « demi-aile ». La tradition veut également que l’instructeur torde l’aile droite, la fiancée ou l’épouse l’aile gauche et la mère une branche de l’étoile.

La remise du poignard d’officier

Les officiers de chaque armée se voient remettre une arme blanche, symbole du commandement et de la légitimité, sur ordre, à ordonner l’ouverture du feu au combat. Si l’armée de terre et la marine disposent d’armes longues (sabre), les officiers de l’armée de l’Air et de l’Espace ont reçu une arme plus courte. Pour rentrer dans le cockpit diront certains. Pour se démarquer diront d’autres. En tous cas la différence est là et trouve son origine entre les années 23 et 34 où il fut question de disposer d’une épée assez courte inspiré du bric d’infanterie de l’an IX. De modèles en modèles, c’est le général Denain, de retour de sa mission militaire en Pologne, qui proposa de créer un poignard. Celui-ci fut adopté officiellement avec la création de l’armée de l’Air et de l’Espace et par circulaire le 20 juillet 1934. Les sous-officiers supérieurs reçoivent également un poignard avec une dragonne cependant bleu marine tandis que celle des officiers est d’or.

La lecture d’un ordre du jour

Il s’agit de lire à voix haute un texte daté, signé et numéroté. Il vise à marquer les esprits et à encourager la troupe dans son imaginaire. C’est ainsi que les 80 ans de l’École de l’Aviation de Chasse ont fait l’objet de la lecture d’un ordre du jour par l’autorité qui a présidé la cérémonie du 24 novembre.

La présence du drapeau

Le drapeau et sa garde sont présents dans la plupart des cérémonies militaires. La présence du drapeau rappelle aux troupes qu’elles sont l’émanation de la Nation toute entière et qu’elles respectent la Constitution. L’esprit de sacrifice et l’histoire de la France sont également symbolisés par cette présence. Les déplacements du drapeau obéissent à des règles. Tout d’abord, le drapeau ne s’incline que devant le Président de la République, élu au suffrage universel et garant de l’indépendance de la Nation. Ainsi, le 14 juillet à Paris, les drapeaux s’abaissent successivement devant le passage du président. La garde abaisse le drapeau en arrivant devant la tribune présidentielle. Lors d’une cérémonie, lorsque le drapeau se déplace, personne d’autre ne se déplace. La drapeau est salué par les troupes en début et fin de cérémonie, sous l’hymne français. Lorsque les autorités arrivent, elles commencent par saluer le drapeau qu’elles saluent en partant. Le drapeau se déplace pour certaines étapes particulières des cérémonies comme les remises de commandement ou la remise de médailles.

La présence des familles

La plupart des cérémonies militaires sont ouvertes, dans la limite des règles d’accès aux sites militaires. Les familles et le public sont des citoyens et sont liés à leur armée. L’armée protège les citoyens et les citoyens encouragent leur armée, votent les crédits voire ont servi le drapeau. C’est à ce titre que les drapeaux d’anciens combattants assistent aux cérémonies militaires, afin de rendre hommage à tous ceux qui ont un jour servi. Le lien armées-nation, indispensable à la cohésion nationale, est ainsi affiché et préservé.

Colonel Thierry KESSLER-RACHEL (décembre 2023)

L’insigne de pilote/navigateur familièrement appelé “macaron”. Il est également délivré aux pilotes de MQ-9 Reaper (source – Armée de l’Air et de l’Espace)

A propos Nghia NGUYEN

Professeur agrégé d'Histoire
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