Clôture de la première promotion

Le capitaine Jean-Philippe avec les lycéens de classe défense Antoine de Saint-Exupéry (source – C-DEF)

Pour la dernière séance d’enseignement de défense de l’année, le capitaine Jean-Philippe est intervenu ce mercredi 29 mai devant les lycéens de la classe Antoine de Saint-Exupéry.

Officier de la réserve opérationnelle, le capitaine Jean-Philippe n’est pas un inconnu pour le Lycée Jean Monnet. Faisant partie de l’encadrement du BIA aux côtés du commandant Igor, il est aussi – depuis deux années – le responsable de l’Escadrille Air Jeunesse (EAJ) de la BA 709.

Partant d’une présentation générale de la Défense nationale et du lien Armée-Nation, il prolongea son exposé sur la réserve opérationnelle de l’Armée de l’Air et de l’Espace, puis aborda l’intégration des futurs lycéens de Première dans l’EAJ à la rentrée 2024-2025.

La C-DEF AP2D joue donc un rôle de relais avec les classes défense des différents collèges de Cognac, mais aussi avec l’EAJ qui peut être un sas précédant un engagement dans l’active ou la réserve opérationnelle. Approfondissant l’enseignement de défense à travers visites et thèmes d’étude ; consolidant la culture de défense avec, notamment, la participation à deux grandes commémorations, la C-DEF AP2D a clôturé cette première année par la remise d’une attestation officielle à chaque élève.

Modèle d’attestation remise aux élèves de la C-DEF AP2D pour leur engagement et leur assiduité (source – C-DEF)

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Hooah!

L’équipe n° 5 en action sur le parcours du 515e RT (source – C-DEF)

Mercredi 15 mai, Matis, élève de la C-DEF AP2D participait au 14e rallye citoyen de Charente en tant que chef de l’équipe n° 5. Avec 7 autres camarades de 2nde, Matis a présenté et conduit une équipe qui, au même titre que la C-DEF, a joué le rôle d’ambassadeur du Lycée Jean Monnet.

Le rallye citoyen est une manifestation qui met en compétition les lycées publics et privés, généraux et professionnels, de Charente chaque année. Lancé à l’initiative du trinôme académique de Poitiers, il est organisé par le 1er RIMa, le 515e RT, la BA 709, le Groupement de Gendarmerie départementale de la Charente, la Police nationale, le SDIS 16 et d’autres organismes et associations.

De 9.00 à 17.00, les équipes des différents lycées (les établissements pouvant présenter plusieurs équipes) ont été évaluées dans différents ateliers où activités physiques et sportives alternaient avec des activités plus pédagogiques. Tout en se confrontant à l’effort physique, les lycéens apprirent la cohésion dans l’effort, le travail en équipe ainsi que le sens de l’engagement avec la découverte des métiers de la défense, de la sécurité et de la protection civile.

Au cri de guerre de l’US Army « Hooah ! » (1) et encadrés par le sergent Lise du… 2/33 Savoie (2), les lycéens de Jean Monnet ont remporté – pour la quatrième fois depuis 2019 – la première place face aux 8 autres équipes.

Félicitations, donc, à Agathe, Théo, Lise, Basile, Nolann, Marius et Mathéo qui ont si brillamment participé au rayonnement du Lycée Jean Monnet ce jour-là.

Félicitations, surtout, à Matis qui, par sa haute tenue, son niveau d’exigence et de motivation, a non seulement assuré l’indispensable cohésion qui a rendu possible cette très belle victoire mais a aussi représenté la classe défense Antoine de Saint-Exupéry et le 2/33 Savoie (avec le sergent Lise).

Le classement de la 14e édition du rallye citoyen

  1. Lycée Jean Monnet (Cognac)
  2. Lycée Saint-Paul (Angoulême)
  3. Lycée Élie Vinet (Barbezieux)
  4. Lycée Jean Rostand (Angoulême)
  5. Lycée Jean-Albert Grégoire (Soyaux)
  6. Lycée Émile Roux (Confolens)
  7. Lycée Charles-Augustin Coulomb (Angoulême)
  8. Lycée Élie Vinet (Barbezieux)
  9. Lycée Charles-Augustin Coulomb (Angoulême)
  10. Lycée Pierre-André Chabanne (Chasseneuil-sur-Bonnieure)
  11. LISA (Angoulême)

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  1. Cf. En référence au 80e anniversaire de la Libération.
  2. Cf. Ce fut une coïncidence.

 

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La commémoration du 8 mai 2024

Pour la commémoration du 79e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe, Antoine, Nathan, Mathéo, Alexandre, Matis, Philippe, et Maxime étaient présents ce matin sur la place du monument aux morts de Cognac. Ils représentaient le Lycée Jean Monnet ainsi que sa classe défense: la C-DEF AP2D Antoine de Saint-Exupéry.

L’année 2024 est aussi celle du 80e anniversaire de la disparition d’Antoine de Saint-Exupéry, célèbre écrivain mais également pilote ayant appartenu au 2/33 Savoie. C’est donc en hommage à son plus célèbre aviateur que la BA 709 expose, à l’occasion de cette comémoration, un Socata TB-30 Epsilon peint aux couleurs du Petit Prince. L’avion a été installé le mardi 7 mai sur la Place François Ier, et devrait y rester jusqu’au mois de juillet.

Comme le 2/33 Savoie est aussi l’unité marraine de la C-DEF AP2D, cette commémoration du 8 mai fut aussi une occasion pour la classe défense de rendre un hommage à celui dont elle porte le nom. Alexandre, lycéen de 2nde et élève de la C-DEF AP2D, prononça ainsi une allocution où – après avoir retracé le parcours d’Antoine de Saint-Exupéry -, il affirma au nom de ses camarades la fierté d’appartenir à la première promotion de la classe défense du Lycée Jean Monnet.

À la suite de ce discours dont nous reproduisons le texte ci-dessous, les élèves de la classe défense du collège Élisée Mousnier firent la lecture du manifeste de l’Union Française des Anciens Combattants (UFAC) et du célèbre poème de Paul ÉLUARD (1895-1952): Liberté (1942). Le dépôt de gerbes fut également précédé d’un discours de M. Morgan BERGER, Maire de Cognac, ainsi que de la lecture d’une lettre de M. Sébastien LECORNU, Ministre des Armées. À l’issue de ce moment solennel, les élèves des deux classes défense, ceux de l’Escadrille Air Jeunesse de la BA 709 également présents, ainsi que leurs parents, furent conviés à un vin d’honneur à l’Hôtel de Ville.

 

Les élèves de la C-DEF AP2D à l’Hôtel de Ville de Cognac le mercredi 8 mai 2024 (source – C-DEF)

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COMMÉMORATION DU 80e ANNIVERSAIRE DE LA DISPARITION D’ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY

Le 31 juillet 1944 disparaissait en Mer Méditerranée, non loin de l’île de Riou, le commandant Antoine de Saint-Exupéry.

Décollant de l’aérodrome de Poretta, en Corse, l’aviateur s’apprêtait à réaliser une mission de reconnaissance de 6 heures dans le cadre de la préparation du débarquement allié en Provence. Il volait à bord d’un P-38 Lightning, un chasseur-bombardier à long rayon d’action de fabrication américaine.

L’avion de Saint-Exupéry était cependant une version de reconnaissance non armée qui n’emportait que des appareils photographiques. Si le lieu de sa disparition a été localisé en 1998, et son P-38 F-5B formellement identifié en 2003, les circonstances de sa mort en opération demeurent encore de nos jours inconnues.

Dans cette guerre dont nous commémorons, aujourd’hui, la fin en Europe il y a 79 ans ; cette guerre qui fut la plus meurtrière de l’histoire de l’Humanité, Antoine de Saint-Exupéry n’était pas un militaire comme un autre.

Né à Lyon le 29 juin 1900, il fut un grand voyageur et un pionnier de l’aviation. Son horizon était à la fois le ciel et le monde mais au-delà de sa passion du pilotage, il fut aussi journaliste, romancier, poète et suffisamment rêveur pour devenir l’un des grands noms de la littérature contemporaine française.

De Courrier Sud au Petit Prince en passant par Vol de nuit, Terre des hommes, Pilote de guerre et d’autres livres et lettres publiés après sa mort, l’œuvre de Saint-Exupéry témoigne de méditations et d’émotions fortes. Elle reste traversée d’expériences profondément humaines dans lesquelles sont affirmées l’idée du devoir, de la responsabilité vis-à-vis d’autrui, celle aussi du sacrifice.

Guidé par un humanisme chrétien, Antoine de Saint-Exupéry fut un homme d’action et de plume, témoin à la fois engagé et pessimiste de son époque.

Tôt passionné par le pilotage et l’aviation, il fit son service militaire en 1921 dans ce qui deviendra bientôt l’Armée de l’Air à partir de 1934. Travaillant par la suite dans l’Aéropostale, il est rattrapé par la guerre. En 1939, il intègre l’Armée de l’Air avec le grade de capitaine et est affecté dans le Groupe aérien de reconnaissance 2/33.

La défaite de 1940 ouvre une période d’incertitude pour Saint-Exupéry. Après un exil temporaire aux Etats-Unis, son goût de l’action lui fait réintégrer l’Armée de l’Air de la France libre. Il y retrouve son unité d’origine – le 2/33 devenu Savoie – en Afrique du Nord à partir du printemps 1943, et y sert jusqu’à sa mort en mission en juillet 1944.

De nos jours, les P-38 Lightning ont été remplacés par des avions pilotés à distance MQ-9 Reaper toujours de fabrication américaine. Les hommes ont changé, les guerres et les temps aussi mais le 2/33 Savoie est resté cette grande unité de reconnaissance de l’Armée de l’Air et maintenant de l’Espace.

Elle est notre unité marraine, celle de la première classe défense du Lycée Jean Monnet à laquelle nous avons voulu attacher le nom de son plus illustre aviateur. En montrant que l’on peut être à la fois pilote et écrivain, militaire et humaniste, homme d’action et philosophe, Antoine de Saint-Exupéry demeure un vivant exemple pour nous.

En ce 80e anniversaire de sa disparition, nous en sommes plus que jamais fiers car si l’actuelle Armée de l’Air et de l’Espace n’a plus rien à voir avec l’Armée de l’Air de l’auteur du Petit Prince, les méditations de ce dernier sur la nature humaine n’ont pas changé.

« On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux » écrivait-il ainsi dans ce livre, qui connut d’emblée le succès que l’on sait. Et c’est dans cet esprit que nous avons travaillé l’Esprit de défense durant cette première année scolaire.

Qu’est-ce que la Défense de notre pays et que voulons-nous vraiment défendre au-delà des temps et des technologies qui changent et passent ? Il y a des choses immuables, peut-être plus éternelles qu’on ne le pense, que nous rappelle encore de nos jours Antoine de Saint-Exupéry.

Cognac, mercredi 8 mai 2024

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Être soldat au XXIe siècle

(source – MINARM)

L’avant-dernière séance de l’année a élargi l’enseignement de défense de la C-DEF au thème du soldat. Être soldat au XXIe siècle était ainsi le nouveau sujet d’étude abordé par les lycéens ce mercredi 3 avril 2024.

Officier de carrière ayant servi dans l’arme du Train, ancien DMD adjoint de Charente, le lieutenant-colonel (R) Marcel est encore, aujourd’hui, en service au 515e Régiment du Train de La Braconne où il sert comme réserviste opérationnel. Il exerce parallèlement des responsabilités au sein de la police municipale d’Angoulême, et est aussi correspondant défense de sa commune. C’est donc en tant que militaire de carrière, soldat dans l’âme et acteur engagé dans la sécurité de son pays que le L/C Marcel est venu apporter son témoignage aux lycéens de la classe défense Antoine de Saint-Exupéry. Ce témoignage s’est organisé autour de trois parties : 1- La présentation du soldat 2- Le soldat en opération 3- Les valeurs du soldat.

Qu’il soit aviateur, marin, sapeur, gendarme… Le militaire est avant tout un soldat. Le L/C Marcel a voulu rappeler cette réalité à travers une première présentation historique autour du mot « soldat », de ses usages et expressions dérivées. Faisant porter à un élève son képi ainsi que son haut d’uniforme, l’officier a expliqué les codes à travers lesquels tous les soldats se reconnaissent : du salut aux grades en passant par les insignes distinctifs des unités d’appartenance ainsi que les décorations. Pour les non avertis ce qui ressemblerait à un simple apparat dit, en fait, 1- un niveau de compétence et  de responsabilité (le grade) 2- des états de service (les décorations) 3- une appartenance à une tradition historique (les insignes d’unité).

L’exposé a été illustré par la vidéo du centenaire du début de la Première Guerre mondiale (1914-2014) où aux images de soldats français de 1914 répondaient en miroir des images de soldats français d’aujourd’hui (source – ECPAD)

Tout en faisant circuler une ration de combat, le L/C Marcel expliqua les différentes armes et services de l’Armée de Terre, la nécessité de l’entraînement (le drill), la vie sur le terrain, l’hygiène en tant qu’acte élémentaire pour tout soldat afin d’éviter la transmission des maladies et l’affaiblissement du potentiel des combattants. Avec le thème du soldat en opération, il mit en avant l’arme du Train dans laquelle il a servi et continue encore de servir ainsi que les deux OPEX accomplies en avril-octobre 2010 et janvier-mai 2012. Afgantsy, le L/C Marcel est un vétéran de l’engagement français en Afghanistan (2001-2012).

À partir de plusieurs photographies, il fit revivre aux élèves ses missions et sa vie quotidienne au milieu de ses soldats mais aussi des soldats afghans. Armée multiethnique dont les unités sont toujours flanquées d’un officier religieux et d’un interprète, l’Armée Nationale Afghane (ANA) était une entité particulièrement difficile à former tant le fossé culturel et technique avec les Occidentaux était grand. Commandant une Operational Mentoring Liaison Team (OMLT), le L/C Marcel (commandant à l’époque) avait en charge cette formation ainsi que l’encadrement tactique des convois à organiser dans un pays largement inconnu, hostile et dangereux pour les soldats français au-delà des limites de leur Forward Operation Base (FOB). La mission de l’arme du Train est de convoyer le plus rapidement et le plus régulièrement le matériel et le ravitaillement aux unités afin que ces dernières puissent rester opérationnelles; afin qu’elles ne pèsent pas non plus sur les populations loacales. Pour cela, il faut rouler vite sans s’arrêter (conduite opérationnelle): tout ralentissement pouvant être une opportunité pour une embuscade. Tout était donc suspect du vélo pouvant être piégé à la « femme » pouvant dissimuler sous sa burqa une ceinture d’explosif. La crainte des roadside bombs (1) était, elle aussi, permanente.

Le L/C Marcel a consacré une partie importante de son exposé sur le moral du soldat. La question se décline sous plusieurs aspects que l’officier a particulièrement bien expliqués et illustrés. Il y a d’abord les aspects du « confort » quotidien : la qualité de la nourriture, les repas cohésion pour que personne ne se sente isolé, le sport, les barbecues, les parties de « babyfoot vivants » (2)… La question des communications avec la famille est essentielle même s’il était difficile d’étendre les moyens de communication modernes dans certains secteurs du pays. D’un point de vue personnel, le L/C Marcel désirait par ailleurs rester concentré sur sa mission et ne pas se laisser perturber par de lointains problèmes fort différents. Pour l’officier, la notion de “problème” par exemple c’était d’abord une attaque, des blessés ou des morts et non une fuite d’eau dans sa cave en France…

Le L/C Marcel instruisant les lycéens de la C-DEF Antoine de Saint-Exupéry (source – C-DEF)

Attirant l’attention sur le fait que les transports modernes mettent désormais à quelques heures seulement la Kapisa de son domicile, le L/C Marcel a aussi expliqué l’heureuse initiative mise en place par le commandement de l’Armée de Terre autour de la notion de sas de décompression. Le retour en France ne doit pas être trop rapide pour un soldat qui, en quelques heures, bascule d’un environnement de stress et de combat de plusieurs mois à un environnement de paix qui pourra lui sembler incompréhensible. C’est avec la guerre en Afghanistan que la question du stress post-traumatique a été véritablement prise en compte au sein des Armées et qu’un séjour de transition a été mis en place durant des années à Paphos (Chypre) pour les troupes de retour d’Afghanistan. Durant une semaine, les Afgantsy sont mis au repos dans un hôtel où soins et détente leur permettent de se réhabituer à une vie normale. Cela n’empêche pas les « mauvaises surprises » comme ce feu d’artifice qui, un soir, déclencha la panique parmi les soldats du L/C Marcel. Ces derniers se jetant à terre dans leur chambre d’hôtel, éteignant les lumières et cherchant leurs armes…

Le retour parmi les siens est aussi porteur d’épreuves. Le jeune papa qui n’a pu voir son enfant naître est dans un premier temps perçu comme un étranger et repoussé par le nourrisson… Dans les phraties nombreuses, il y en aura toujours un ou une qui fuira la présence de ce père qui réapparaît brutalement. Les adolescents poseront des questions directes : « papa as-tu tué ? » ou « par ta faute beaucoup d’innocents sont morts »…

Le L/C Marcel n’a pas cherché à cacher les aspects les plus rudes et les plus sensibles d’un métier qu’il a exercé par vocation et avec passion. Ce qui fait tenir tout ceci c’est la foi en certaines valeurs que les Armées et, notamment l’Armée de Terre, érigent en valeurs cardinales : le mérite, l’altruisme, la fraternité, l’exigence, le dépassement, l’équité. L’officier décrivit chacune de ces valeurs aux lycéens présents, leur apprenant également à plier le drapeau national.

C’est donc avec beaucoup de pédagogie et d’anecdotes, dans un langage simple, que le L/C Marcel est venu clôturer le dernier enseignement de défense de la C-DEF Antoine de Saint-Exupéry. Nul doute que son témoignage fera réfléchir certains élèves présents qui se destinent d’ores et déjà à l’engagement militaire. Si d’aucuns ont déjà choisi l’Armée de l’Air et de l’Espace, ils auront d’emblée compris qu’être Aviateur c’est d’abord et avant tout être un Soldat au service de la France.

Soldats français en Afghanistan (source – Le Dauphiné Libéré)

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  1. Cf. Également appelés de manière générique Improvised Explosive Device (IED) – Engin Explosif improvisé ou de Circonstance (EEC) en français -, les IED sont des charges explosives fabriquées de manière artisanale à partir de munitions classiques opportunément disponibles (obus, bombes, roquettes, grenades…) ou de stock d’engrais comme ce fut fréquemment le cas en Afghanistan. Les IED sont plus ou moins complexes selon les compétences de l’artificier. Certains sont déclenchés par du cordeau détonant classique quand d’autres le sont par des téléphones portables. Laissés à l’imagination des artificiers, souvent enfouis sur le bord des routes (roadside bombs), les IED se sont d’abord généralisés en Irak à partir de 2003. Certains sont suffisamment puissants pour éventrer une route au passage d’un convoi militaire ou détruire un char de combat M1 Abrams. La plupart des soldats occidentaux tués ou mutilés en Irak, en Afghanistan ou au Mali l’ont été par des IED.
  2. Cf. Il s’agit d’un babyfoot grandeur nature où les joueurs sont des personnes. Le périmètre est traversé par des cordages qui jouent le rôle des barres de jeu d’un babyfoot et auxquels sont attachés les joueurs.
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Enseignement de défense: les drones

Qu’est-ce qu’un drone ? C’est à cette question simple en apparence que l’enseignement de défense du mercredi 13 mars 2024 s’est attaché, cherchant à clarifier un certain nombre de notions auprès des élèves de la C-DEF AP2D Antoine de Saint-Exupéry.

Le terme « drone » est un anglicisme qui signifie dans sa langue d’origine l’insecte appelé « bourdon » et, par extension, un « vrombissement » ou un « ronronnement ». Le mot a fini par désigner des engins de taille diverse, sans équipages et opérés de manière déportée.

Le 7 octobre 2023, le Hamas attaque des soldats israéliens avec un drone (source – DroneSec)

Du modélisme aux drones de nouvelle génération

L’histoire des drones remonte à la Première Guerre mondiale lorsque des ingénieurs français ont tenté de mettre au point un premier engin chenillé opéré à distance par des câbles. Durant la Deuxième Guerre mondiale – et s’inspirant d’un autre prototype français -, l’armée allemande conçoit le premier blindé filoguidé capable de porter une charge explosive jusqu’à un obstacle. Le Sd.Kfz 303 Goliath fut utilisé pour la première fois en juillet 1943 pour ouvrir un champ de mines durant la bataille de Koursk.

Les drones ont donc d’abord désigné des engins télécommandés ou radiocommandés – bien connus des modélistes – avant de devenir les machines que nous connaissons actuellement. Se caractérisant par les progrès des matériaux, de l’électronique, de la miniaturisation des appareils et des systèmes, des sources d’énergie également, la nouvelle génération de drones connaît, de nos jours, un très large champ d’usages multi-milieux. Trois types d’usage des drones sont ainsi à distinguer : l’usage à des fins de loisir (vol, observation, photographie…), l’usage à des fins professionnelles (production industrielle, épandage agricole, inspection d’infrastructures, cinéma…), l’usage militaire (renseignement, bombardement, tir, déminage…). C’est bien évidemment l’usage militaire qui nous intéresse ici, que l’on mettra aussi en relation avec l’usage des drones dans les domaines de la sûreté intérieure et de la sécurité civile. Police et Gendarmerie nationale les utilisent ainsi dans le cadre du maintien de l’ordre (surveillance des foules) mais aussi pour inspecter des objectifs d’intérêt (reconnaissance de sites, de bâtiments…). Les lycéens ont par ailleurs fait la connaissance du drone Colossus utilisé par les pompiers.

Alors que nous avons tendance à focaliser sur une conception essentiellement aérienne des drones, ces derniers sont aussi multi-milieux et investissent aujourd’hui aussi bien les milieux terrestres, maritimes que sous-marins. On comprendra dès lors que ce que l’on appelle « drone » désigne une très large famille d’appareils plus ou moins sophistiqués, et pouvant être de conceptions fort différentes selon les domaines d’emplois et les environnements dans lesquels ils sont déployés. Ce qui caractérise de plus en plus ces engins est cependant la robotisation. Cette dernière transforme le drone classique télécommandé en y intégrant la notion d’autonomie des systèmes.

Qu’est-ce qu’un robot ?

Alors que dans les années 2000, un bras robotisé ne parvenait pas à déplacer en temps réel une charge supérieure au 10e de son poids, la robotique appartenait encore davantage au monde de la science-fiction qu’à la réalité quotidienne. De nos jours, les robots sont largement répandus dans l’industrie mais aussi dans notre quotidien sous la forme de tondeuses et autres appareils ménagers par exemple. Programmés pour accomplir automatiquement certaines tâches, ils sont de plus en plus capables d’élargir leurs fonctions, d’analyser et de prendre des initiatives notamment avec l’intelligence artificielle (machine learning).

C’est surtout la rapidité des progrès de la science robotique qui frappe. En 2013, la firme Boston Dynamics met au point Atlas, un robot humanoïde de 1,90 m et 80 kg capable désormais de traiter les informations en temps réel. Deux ans plus tard, Atlas est capable de conduire un véhicule, de se déplacer au milieu d’obstacles et d’utiliser des outils. En 2017, il réalise un salto arrière et, en 2020, exécute une chorégraphie impressionnante sur la chanson Do you love me ? du groupe The contours.

Les robots actuels ont beaucoup gagné en force et en équilibre. Ils sont désormais capables d’action synchronisées permettant une progression dans des escaliers, l’ouverture et la fermeture de portes, le déplacement d’objets encombrants… Ils bénéficient des progrès réalisés en matière de capteurs et d’intelligence artificielle, ce qui leur permet d’analyser plus finement leur environnement et d’interagir avec les êtres humains. En 2021, l’Armée de Terre a créé la section Vulcain dont l’objectif est de tester de véritables robots aéroterrestres destinés, dans un premier temps, à assurer des missions logistiques mais aussi d’observation et de déminage. Dans ce dernier domaine, l’arme du Génie est particulièrement en avance avec la guerre des IED qu’elle a menée durant des années en Afghanistan.

Si tous les drones ne sont pas des robots, beaucoup de drones sont désormais robotisés dans le cadre de missions où ils remplacent les acteurs humains avec une certaine marge d’autonomie. Certains robots sont déjà capables de mener des missions de combat tel le robot sentinelle SGR-A1 de Samsung, conçu pour monter la garde entre les deux Corée le long du 38e parallèle. Ce sont les SALA ou Systèmes d’Armes Létaux Autonomes qui posent la question morale de déléguer à une machine la décision de tuer.

En matière de doctrine et d’éléments de langage, les armées françaises affirment et réaffirment le contrôle humain sur les machines. Celui-ci est, jusqu’à preuve du contraire, effectif notamment sur les MQ-9 Reaper de la 33e ESRA. Il faut, en effet, un pilote et un navigateur pour faire décoller, faire voler et faire atterrir ce type de machine pesant plus d’une tonne. Il faut également lui dire ce qu’il faut observer d’où la présence dans un deuxième shelter d’un équipage d’observation. L’usage de l’armement ne peut se faire que sur décision humaine, et si l’on y ajoute la nécessité de pistes d’envol, d’antennes et de hangars pour la maintenance, le MQ-9 est davantage un avion piloté à distance (Remotly Piloted Aircraft ou RPA) qu’un drone au sens strict comme aiment à le rappeler les militaires. Ces derniers sont, cependant, les premiers à entretenir la confusion sur la distinction de ces engins du fait de l’appellation même des unités les mettant en œuvre (Escadron de Drones ou ED).

Les drones au combat

La deuxième partie de la séance était consacrée à l’utilisation des drones aériens sur le champ de bataille. Une typologie générale montra aux lycéens l’extrême diversité des matériels des microdrones de type Black Hornet aux minidrones et drones intermédiaires de type IAI Harop, Lancet, Switchblade… Certains tels les Shahed iraniens ou le Bayraktar TB2 turc constituent une transition avec les RPA. Certains drones volent comme des avions alors que d’autres volent tels des hélicoptères. Ce fut l’occasion pour Maxime et Alexandre – diplômés du BIA – d’expliquer à leurs camarades les notions de portance, de traînée et de sustentation.

Les guerres en Syrie, dans le Haut-Karabakh et, surtout, en Ukraine et sur la bande de Gaza ont montré l’importance prise par les drones sur les champs de bataille contemporains notamment dans leur dimension aéroterrestre. Plusieurs photographies ont ainsi pu illustrer les utilisations tactiques des drones de l’observation au bombardement. Une première catégorie de drones concerne ceux que les combattants adaptent de manière à pouvoir larguer à la verticale d’une cible une munition explosive (grenade, obus de mortier…). Complètement improvisé à partir de l’existant, c’est le système le moins coûteux en moyens. Il peut néanmoins produire des effets redoutables sur les personnels à découvert, les véhicules légers voire des blindés si l’explosif parvenait à être largué dans une tourelle laissée ouverte.

L’architecture des chars russes emmagasine les munitions en fond de tourelle dans la configuration d’un carrousel permettant le chargement automatique du canon. Lorsque l’engin blindé est mortellement touché, les munitions ainsi entreposées explosent éjectant la tourelle du châssis en ne laissant aucune chance de survie à l’équipage. C’est l’effet jack-in-the-box que les chars occidentaux évitent en emmagasinant les obus à l’arrière de la tourelle. Ce sont souvent les coups au but de missiles antichars qui provoquent le jack-in-the-box, mais un drone parvenant à loger une charge explosive en fond de tourelle par une écoutille laissée ouverte peut aussi obtenir cet effet dévastateur (sources – Montage C-DEF).

La deuxième catégorie de drones concerne des machines plus sophistiquées conçues comme des munitions rôdeuses (loitering munition), plus improprement appelées munitions ou drones « kamikazes » (1). L’exemple du Switchblade américain a ainsi été présenté aux élèves. Développé par la firme AeroVironment, le Switchblade se présente sous deux versions : le 300 Block 20 et le 600. Le 300 ne pèse que 5,5 kg et peut-être transporté dans un sac à dos. Il est mis en œuvre à partir d’un petit mortier et emporte sur 10 km une charge équivalente à celle d’une grenade antipersonnelle de 40 mm (2). Le 600 pèse 24 kg et emporte sur 80 km une charge creuse en tandem (3) qui en fait une arme aussi redoutable que le missile antichar FGM-148 Javelin. Utilisé par l’armée ukrainienne, le Switchblade peut aussi être configuré en « munitions abandonnées » sous la forme d’un conteneur de 6 engins déposé sur le champ de bataille et pouvant être déclenché à distance au passage de l’ennemi ou sur un objectif se révélant. D’autres drones pouvant jouer se rôle de munitions rôdeuses se présentent sous la forme de petits avions ou d’ailes volantes comme le Shahed 136 iranien par exemple. Silencieux et relativement rapides, tous ces drones laissent peu de chances à un ennemi surpris et à découvert.

Comment lutter contre la menace des drones sur le champ de bataille ? L’armement anti-aérien est mis à contribution (canons, mitrailleuses, missiles…) lorsque le ou les drones sont repérés suffisamment à temps. Il reste cependant fortement consommateur en munitions eu égard à la taille des drones, si ce n’est onéreux lorsqu’il s’agit d’un missile dont le coût est beaucoup plus élevé que le drone quel qu’il soit. La tendance est au développement des armes à effet dirigé (laser), notamment au sein des marines américaines et britanniques. En France, les forces armées commencent à s’équiper du NEROD F5-5. Conçu par la firme MC2 technologies, le NEROD est un brouilleur portatif directionnel dont la batterie se situe dans la crosse de l’arme. Se manipulant comme un fusil, il permet de couper le signal entre l’opérateur du drone et le drone, immobilisant ce dernier ou l’obligeant à atterrir. Ce brouilleur, qui ne manquera pas d’être déployé à l’occasion des prochains jeux olympiques de Paris, ne fonctionne cependant qu’à courte distance et n’agit que sur les petits drones. La pertinence de son utilisation sur un champ de bataille de haute intensité reste aussi à démontrer.

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  1. Cf. Les kamikazes désignaient avant tout des pilotes japonais dont la mission était de s’écraser sur des navires américains durant la Deuxième Guerre mondiale. Par extension, le mot a désigné des combattants privilégiant le mode du suicide pour tuer ou détruire l’ennemi. Une munition, elle, n’est pas un combattant mais un objet destiné par définition à aller percuter un objectif afin de produire un effet. Une munition relève de la physique et non du sacrifice.
  2. Cf. Essentiellement fabriquées par la firme américaine AMTEC, les grenades de 40 x 53 mm constituent les munitions des lanceurs Mk 19 et Mk 47 Stryker. Il en existe plusieurs modèles selon les effets recherchés. Le modèle M430A1 HEDP (High Explosive Dual Purpose) peut pénétrer un blindage de 76 mm.
  3. Cf. Se dit d’une munition à charge creuse configurée en deux charges explosant successivement. La première neutralise une première couche de blindage (le blindage dit “réactif”) pour que la seconde – qui détone juste après –  puisse percer le blindage principal.
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