Ma vie est un enfer depuis ce jour. Je n’arrive plus à penser. Je ne suis plus personne, qu’un fantôme. Je ne vis plus, je suis comme morte spectatrice de ma pauvre vie. Cela fait bien longtemps que je ne suis pas sortie de chez moi, je dirais un peu plus d’un mois. Je ne sais pas, je ne sais plus… Tout est devenu si flou sans lui, sans Hugo. Je reste cloîtrée dans mon petit deux pièces parisien du XIIème arrondissement. Il est devenu si lugubre sans lui. Comment ne pas penser à autre chose qu’à ça? C’est de la torture. Je l’ai perdu pour jamais et à jamais. Une mort si violente, tout ce qu’il n’était pas. Tout ce qui m’entoure me rappelle Hugo, parfois je crois même entendre sa voix. La vie n’a plus aucun fout sans lui, il n’y a que le vide. Il était mon univers et il s’est effondré, en partant avec lui.
C’était le 13 novembre, Hugo avait décidé de m’inviter dans mon restaurant préféré “Le Petit Cambodge” afin de fêter, comme il se doit, nos neuf ans de relation. Je le soupçonnais secrètement de vouloir me faire une demande de mariage ce soir-là. Cela faisait si longtemps que je lui en parlais. Je ne fis que d’y penser, tout au long de la journée, j’étais si excitée. Nous nous sommes retrouvés Rue Alibert vers vingt heures, tout deux très heureux. Nous rentrons dans le restaurant, loin d’imaginer la soirée que nous allions passer… Nous nous sommes installés, prêts à dîner quand soudainement le cauchemar commença. Un brouhaha tonna puis des coups de feu, le bruit des vitres explosées, un vrai chaos… L’instinct de survie nous ordonne de sortir de là au plus vite ! Nous les voyons ces ombres noires armées s’approcher peu à peu de nous. Hugo me prit la main et m’ordonna de fuir avec un regard rassurant mais paniqué. Une multitude d’émotions te vienne, mais dans ce cas d’extrême urgence, tu n’as tout simplement pas le temps d’y penser, il faut juste réagir. Nous commençons alors à courir, aussi vite que nous le pouvons, à en cracher nos poumons. Les balles fusent, nous frôlent presque. Les corps tombent autour de nous. Tout d’un coup, je sentis la main de Hugo me lâcher. Il s’écroula a terre. Et brutalement je vis qu’il était touché gravement à l’épaule gauche. Son corps inanimé allongé, ce fut le choc de ma vie. J’ai crié de douleur, aussi fort que je pouvais, cela sortait de mes tripes, du cœur. Ces assassins était sortis du restaurant où plus rien ne bougeait, et ils tiraient n’importe où pourvu que ça touche quelque chose. Si je restais là avec Hugo, en plein champ de vision, j’allais mourir comme lui. Je réussie à courir sans qu’aucune balle ne me touche, jusqu’au coin de l’avenue Richerand. Je repris rapidement mes esprits malgré le choc, tout avait été si vite. J’étais assez loin du lieu de l’attaque pour être en sécurité. Je m’assis contre les vieux bois d’un porche, le numéro huit de l’avenue. Et me mis à pleurer à en perdre haleine. Je ne réalisais pas que j’avais assisté à une attaque terroriste et que Hugo était l’une des victimes de cet acte barbare. Il m’est impossible à cet instant de décrire la douleur qui me traverse.
Aujourd’hui, nous sommes le quatorze décembre et la douleur est toujours aussi intense. Les obsèques nationales ont eu lieu et l’enterrement de Hugo par la suite. Dans ces moments-là vous êtes entourés, mais au fond de vous-même vous êtes seul, terriblement seul. Je suis tombée dans un gouffre. Comment vivre après ce drame ? Quelle va être ma vie après ça? Je n’ai aucune réponse à mes questions car je ne pense pas survivre à cette épreuve.